Prospective nucléaire : la prolifération des armes
La prétention d’apporter du nouveau sur les problèmes stratégico-politiques que pose la guerre nucléaire est assurément vaine. Le « si vis pacem, para bellum » de Végèce paraît aujourd’hui un peu court. « Une seule bombe « thermonucléaire possède une force explosive supérieure… au « total de celles qu’ont utilisées les hommes au cours de toute l’Histoire, écrit Raymond Aron en présentant son dernier livre (1). Jamais il n’est apparu aussi évident que le changement quantitatif entraîne une révolution qualitative. »
Il reste heureusement, pour renouveler les discussions stratégico-politiques qui ont atteint un degré de confusion où il n’est pas sûr que les spécialistes eux-mêmes se comprennent, à les porter sur le plan technique. Par trois fois, en 1945, en 1950, en 1955, la bombe atomique, la bombe thermonucléaire, l’engin balistique ont renversé entièrement les conceptions précédentes de la puissance militaire. À une époque où la capacité de bouleversement indéfini n’a jamais atteint pareil degré, les pays qui ne sont pas satisfaits des conditions actuelles de la course aux armements ne sont certainement pas condamnés à suivre celle qu’on prétend leur imposer.
La doctrine americaine
En octobre 1949, questionné sur l’opportunité d’étudier une bombe H au lendemain de la première explosion atomique soviétique, le comité consultatif scientifique de l’Atomic Energy Commission rejetait à l’unanimité cette arme. Il la jugeait non seulement trop coûteuse, mais encore immorale, inutilement dévastatrice, de réalisation douteuse et non susceptible d’utilisation pacifique. L’expérience a ramené ces objections à leur juste valeur.
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