L’Allemagne entre les États-Unis et l’Union soviétique
Les rapports de la République Fédérale d’Allemagne avec les États-Unis et l’Union Soviétique, tout en se plaçant sur des terrains entièrement différents, constituent actuellement, plus que jamais, la clé de la politique étrangère allemande. Ils déterminent très nettement, par leurs effets directs ou indirects, le comportement du gouvernement de Bonn et de son opinion publique envers la France et l’Europe. Il y a d’ailleurs entre ces rapports capitaux une étroite interdépendance, la permanence de la menace soviétique comme celle de la division de l’Allemagne rapprochant la République Fédérale pour des raisons évidentes de sécurité des États-Unis, tandis que les efforts entrepris à Washington et à Moscou en vue d’une détente internationale, éventuellement mise en œuvre dans un tête-à-tête des deux grandes puissances, risquent d’influencer l’attitude allemande envers les États-Unis.
Pour cette raison et aussi à cause du conflit sino-soviétique avec toutes ses conséquences immédiates ou lointaines en Europe orientale, la politique étrangère allemande se trouve probablement à un tournant, qui pourrait fort bien rapprocher Bonn de Paris et préparer de façon efficace et concrète les fondements d’une Europe politique.
Dans l’immédiat, la notion de sécurité reste dominante dans les relations germano-américaines. Tous les milieux politiques d’outre-Rhin sont, en effet, convaincus que l’Allemagne ne pourra être protégée contre une menace soviétique ou communiste que par les États-Unis, dont les troupes doivent à tout prix être retenues en Europe et dont le potentiel atomique continue à être considéré comme un élément essentiel de la stabilité mondiale. Non seulement pour les milieux politiques, mais aussi pour l’Allemand moyen, le départ des soldats américains de l’Europe équivaudrait dans les circonstances actuelles à une véritable catastrophe. Théoriquement, l’Allemagne est sans doute d’accord pour remplacer la protection américaine par des forces et des efforts européens, mais elle ne croit pas à la réalisation prochaine d’un tel dessein.
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