Militaire - La guerre au Vietnam - La doctrine de défense de l'Allemagne fédérale - Mouvements d'unités britanniques - La journée des blindés soviétiques
La guerre au Vietnam
Depuis la décision du Président Johnson, fin juillet 1965, de procéder au renforcement du corps expéditionnaire américain au Vietnam, diverses mesures sont intervenues :
– augmentation des effectifs au Nord-Vietnam qui peuvent être évalués à 145 000 hommes (89 000 soldats, 6 000 marins, 18 000 aviateurs, 37 000 fusiliers-marins). Les forces d’intervention de manœuvre s’élèvent à 33 bataillons dont 8 aéroportés. Cet effort doit se poursuivre et les chiffres de 200 000 h pour fin 1965 et 250 000 h pour le milieu de 1966 ont été avances ;
– amélioration de l’infrastructure, notamment par la création : à An-Khê d’un héliport géant de 7 km sur 5 au profit de la 1re Division aéromobile ; et à Cam-Ranh d’un ensemble portuaire pour le déchargement de cargos et de pétroliers, le stockage des marchandises, y compris des divers produits pétroliers ;
– activité accrue des troupes américaines qui, après avoir nettoyé les environs de leurs bases, prennent l’offensive et recherchent les contacts avec le Vietcong.
L’aviation de bombardement continue son action : au Sud-Vietnam, à la moyenne de 400 sorties par jour ; au Nord-Vietnam, de 50 sorties environ par jour, essentiellement sur les dépôts, les radars et les voies de communication.
Les Américains ont publié le bilan de leurs pertes au 4 octobre 1965 : 748 tués, 4 038 blessés, 70 prisonniers et disparus.
Malgré les manifestations organisées par les « Comités pour la paix au Vietnam », Washington ne cache pas sa détermination de poursuivre les opérations jusqu’à ce qu’une solution soit trouvée qui garantisse l’indépendance du Sud-Vietnam. En prévision d’une guerre de longue durée, le département de la Défense a pris, en juillet, les mesures suivantes :
– recrutement, en 1960, de 60 500 personnels civils pour libérer 6 000 officiers et 69 000 sous-officiers et hommes de troupe d’active. Cette mesure permettrait de combler le déficit en cadres consécutif à l’augmentation des appelés : 45 000 jeunes recrues envisagées en décembre 1965 contre 15 000 par mois en moyenne jusqu’en avril, 27 000 en septembre et 33 000 en octobre 1965. (Notons qu’une certaine réaction se manifeste aux États-Unis contre ce service sélectif car « le fardeau n’est pas partagé avec équité entre tous ») ;
– instruction intensive d’unités de réserve de l’Army pour les rendre opérationnelles et susceptibles de renforcer les unités d’active. Aussi M. McNamara a annoncé, en septembre 1965, la création d’une « Force de réserve spéciale » de 3 divisions, 6 brigades indépendantes et 822 compagnies ou détachements divers de la Garde nationale et 160 unités de réserve : au total 150 000 h dont 119 000 de l’Army National Guard et 31 000 de l’Army Reserve. Par contre, les 6 divisions de réserve et 750 unités diverses de réserve seraient dissoutes.
À ces mesures, s’ajoute la décision de confier à la Société Lockheed la fabrication de l’avion de transport géant C-5A Galaxy, qui sera capable de transporter, à une vitesse de 850 km/h, 115 tonnes ou 600 h armés sur 5 000 km (650 km/h et 72 t pour l’avion soviétique Antonov 22). À titre d’exemple, la manœuvre Big Lift qui, en 1963, comportait le transport d’une division des États-Unis en Allemagne et qui avait nécessité 204 avions et 234 vols en 63 heures, ne demanderait plus que 42 vols de C-5A en 13 heures seulement.
La doctrine de défense de l’Allemagne fédérale
À la suite des élections législatives du 19 septembre 1965, deux thèses apparaissent nettement, concernant la politique à suivre en matière de défense ; les tenants de ces deux thèses poursuivent d’ailleurs les mêmes objectifs politiques : sécurité et réunification.
La première est défendue par le Chancelier Erhard, le ministre de la Défense, M. von Hassel, le Président du parti libéral, M. Mende et le ministre des Affaires étrangères, M. Schrœder. Ils confient le destin de l’Allemagne fédérale aux États-Unis, quant à sa réunification et à sa défense contre une agression soviétique. Ils envisagent une coopération toujours plus étroite avec Washington et espèrent obtenir une participation active dans la force multilatérale atlantique dont ils encouragent la création ; enfin ils sont convaincus que, seuls, les Américains pourront obtenir des Soviétiques la consultation des peuples des deux Allemagnes pour la réunification.
La deuxième thèse, soutenue par l’ex-chancelier Adenauer, l’ex-ministre de la Défense, M. Strauss, le président de la République, M. Lübke, et le président du Bundestag, M. Gerstenmaier, repose sur la création d’une Europe Fédérale et sur les accords franco-allemands tels que les avait conçus l’ex-chancelier Adenauer. Cette Europe fédérale, non séparée des États-Unis pour sa défense et qui aurait pour centre le couple France-Allemagne, pourrait prendre en charge le destin de l’Allemagne. Elle aurait plus de chance de faire aboutir à Moscou le problème essentiel de tout gouvernement allemand : la réunification. M. Strauss affirme que le gouvernement fédéral issu des dernières élections détruit l’amitié franco-allemande sans apporter en contrepartie autre chose que le maintien de la situation actuelle. Il propose la fusion de l’Allemagne dans un grand ensemble européen qui dissiperait les appréhensions de Moscou et créerait ainsi les conditions favorables à la solution du problème n° 1 : la réunification. Cette affaire pourrait, en effet, être prise en charge par une Europe unifiée tandis que l’Allemagne bénéficierait d’une double protection : américaine et européenne.
Quant à la stratégie allemande, elle repose sur les principes suivants : l’intégration des forces, l’égalité des droits, la stratégie de l’avant et la participation aux décisions atomiques.
– L’intégration permettrait à l’Allemagne de défendre ses intérêts nationaux.
– L’égalité des droits apparaît comme la conséquence naturelle : 1) de la création de la Bundeswehr en 1955, 2) du respect des engagements pris quant à la mise sur pied de ce corps de bataille, 3) de la position avancée du territoire allemand dans le cadre du monde libre.
– La stratégie de l’avant est conforme aux intérêts de l’Allemagne et de l’Europe occidentale puisqu’elle correspond à l’emploi global des armes atomiques dès le début d’une agression soviétique ;
La participation allemande aux décisions nucléaires dans le cadre de l’Otan est un premier temps vers l’intégration dans le domaine atomique.
En tout état de cause, le problème n° 1 pour toute l’Allemagne fédérale est celui de la réunification. On peut en juger par les réflexions allemandes suivantes : seule une Allemagne réunifiée pourra renoncer définitivement aux armements nucléaires ; la division de l’Allemagne constitue un foyer de troubles tandis que l’Allemagne réunifiée amènerait la stabilité en Europe.
Mouvements d’unités britanniques
L’armée britannique ne comporte pas d’unités spécialisées pour les missions outre-mer. Toutes les unités participent au jeu normal de la relève. C’est ainsi que deux bataillons de la 7e Brigade d’infanterie stationnée en Allemagne rejoignent l’un Aden pour remplacer un bataillon qui regagne Malte, l’autre Chypre pour relever un bataillon qui retourne en Allemagne. Un tel système permet d’entraîner l’ensemble des unités aux missions particulières de défense des pays du Commonwealth, qu’ils soient ou non couverts par l’Otan.
Les effectifs de l’Armée britannique du Rhin (BAOR) restent cependant à peu près constants : 51 000 h environ, au lieu des 55 000 prévus. Il n’est donc pas question d’un allégement du dispositif britannique outre-Rhin, ainsi que certaines informations avaient pu le laisser prévoir à la suite des difficultés germano-britanniques relatives aux achats de matériels anglais par la RFA en compensation des frais d’entretien de la BAOR.
La journée des blindés soviétiques
La journée des blindés s’est déroulée le 12 septembre 1965 (chaque année le deuxième dimanche de septembre). Elle a été l’occasion pour le ministre de la Défense, le maréchal Malinovski, de rappeler, dans un ordre du jour, la nécessité d’une préparation minutieuse de toutes les unités soviétiques pour, éventuellement, faire face aux actions agressives des Américains. Quant au maréchal des blindés, il a souligné que les armes nucléaires n’avaient ni modifié, ni diminué le rôle des chars dans le combat : les blindés demeurent l’élément essentiel d’exploitation des effets des armes nucléaires ; ils colmatent les brèches, peuvent agir dans les zones contaminées mieux que n’importe quelle autre arme. ♦