Cet article en trois parties que M. Edgard Pisani, en tant que ministre de l'Agriculture, a bien voulu nous confier en décembre dernier résume la politique agricole qu'il a menée pendant près de quatre ans et demi. L'article a été écrit en équipe avec MM. Wallon, Inspecteur général de l'Agriculture, Blnizot, Directeur de l'Équipement rural, Didon, sous-directeur, chargé des Études et Synthèses, Contenay, Secrétaire des Affaires étrangères.
L’agriculture à l’ère de l’organisation (I) L'évolution des structures agricoles
Rien ne fut plus équilibré que l’agriculture traditionnelle comme le rappelle l’un de nos agronomes évoquant « l’ordre éternel des champs ». Une longue expérience, fruit de multiples observations et de patientes améliorations, avait permis de déterminer des méthodes de culture assurant un équilibre stable entre les éléments de la production (sols, climats, main-d’œuvre, matériel, variétés végétales et animales) et les besoins de la consommation pour une population locale à l’importance et aux exigences à peu près constantes.
La régularité de cette machine était si grande que même les accidents s’y produisaient à rythme fixe ; ces accidents étaient les conséquences d’anomalies climatiques provoquant des disettes dont on nous dit qu’il y en eut, en France, 11 au XVIIe siècle, 16 au XVIIIe siècle, 10 au XIXe siècle.
L’opportunité, la possibilité d’apporter à cet équilibre la moindre amélioration substantielle parurent si longtemps chimériques que l’on ne ressentit qu’en 1881 la nécessité de créer un Ministère de l’Agriculture.
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