Puissance nucléaire et dissuasion – Alliance et neutralité
Être neutre c’est, dans le langage courant, ne pas prendre parti, ne pas s’engager dans un conflit. Dans la pratique internationale traditionnelle, le conflit ainsi ignoré était nécessairement une guerre ; mais à présent, guerre et paix s’interpénètrent ; la neutralité peut donc aussi être le non engagement dans un conflit déclaré sans avoir pris la forme d’une guerre ouverte. Ainsi, la neutralité est une notion relative à un conflit donné, d’où il résulte que, logiquement, il devrait y avoir au moins autant de neutralités qu’il y a de conflits ; mais chaque neutre a encore sa manière d’interpréter la neutralité et si les spécialistes de droit international public ont pu dégager une notion juridique de la neutralité, ils ne sont pas arrivés à persuader les différents gouvernements de se conformer à cette « notion parfaite » ; en sorte qu’il peut finalement y avoir autant de neutralités qu’il y a de conflits, multipliés par le nombre des neutres ; la neutralité est donc bien une notion extrêmement souple par nature.
On a pensé, après chaque grande guerre mondiale du siècle, supprimer la notion même de neutralité en réduisant tous les conflits possibles en un seul, dans lequel il serait moralement obligatoire pour chacun de prendre parti.
La première de ces tentatives a été la recherche de la sécurité collective par la Société des Nations : celle-ci définissait l’agresseur, lequel était isolé ; les autres, « les bons », lui étaient nécessairement hostiles et non pas neutres. On sait ce qui est advenu de cette entreprise : quand l’agresseur fut suffisamment fort, il y eut, malgré tout, beaucoup de neutres… et même des alliés de l’agresseur.
Il reste 96 % de l'article à lire
Plan de l'article