Le problème de la guerre dans la pensée de Pie XII
Le problème de la guerre est un sujet d’une actualité immédiate et souvent torturante pour tous ceux qui veulent lier leurs actes à des conceptions philosophiques ou religieuses élevées, et ne pas se contenter de vivre sous l’impulsion des événements dont ils sont les jouets ou les instruments inconscients. Tous ceux qui ont fait la guerre, soit comme exécutants, soit peut-être davantage encore comme chefs responsables des ordres qu’ils donnent et par suite de leurs conséquences, connaissent la crise de conscience à laquelle elle peut conduire.
Dans ce livre, dont il ne faut pas s’étonner de l’importance tant la matière est complexe sous tous ses aspects, ils trouveront une réponse à leurs scrupules, en même temps que des sujets de réflexions plus vastes encore que ceux auxquels leur expérience personnelle leur a donné accès. Il s’agit en effet ici de considérations hautement éclairées, dont les conclusions ne sont pas toujours catégoriques. Il n’y a pas une façon licite de faire la guerre dont on pourrait s’inspirer en s’affranchissant d’une certaine responsabilité personnelle. Certes, des principes généraux peuvent être érigés, des règles d’ensemble édictées ; mais ni les uns, ni les autres ne permettent de faire face, en toute quiétude d’esprit, au cas particulier devant lequel la conscience de l’homme se trouve placée au combat, quel que soit le rang qu’il occupe.
René Coste, en analysant la pensée de Pie XII sur le droit de la guerre, examine l’évolution des idées des théologiens catholiques sur le problème de la guerre, indiquant ainsi à quel moment de cette évolution se placent les enseignements du Pape qui eut à diriger l’Église pendant la Seconde Guerre mondiale et ses séquelles. Des très nombreuses, mais très courtes citations qui peuvent être extraites des encycliques, des discours, des écrits de Pie XII, il déduit un système – encore que ce terme soit bien impropre à qualifier l’attitude du Pape – adapté aux exigences morales de notre temps, mais fidèle à l’esprit de l’enseignement de l’Église depuis ses origines, à cet esprit qu’ont illustré de nombreux théologiens mais que Pie XII a approfondi et en quelque sorte mieux assuré. La règle d’or en est le règlement pacifique des difficultés internationales ; cependant, lorsque la guerre éclate, le respect des valeurs essentielles : « la personne humaine, l’État, l’unité du genre humain, le bien commun, le droit naturel et Dieu », doit être considéré comme le critère premier de toute action. La guerre d’agression est en tout cas condamnée. L’homme ne doit pas une obéissance aveugle à l’autorité étatique, lorsque celle-ci ordonne des actes criminels. L’organisation d’une instance supérieure aux États, capable de régler les différends entre eux, est la seule solution pratique pour écarter la guerre.
Ce court résumé ne peut prétendre donner de la pensée de Pie XII – non plus que de l’ouvrage que René Coste lui a consacré – une idée complète. Il n’a d’autre objet que de signaler l’intérêt de cet ouvrage de fond sur une question capitale. ♦