Le budget des Armées pour 1967
En présentant l’année dernière à la même époque, le budget des Armées pour 1966, je n’avais pas pu cacher une certaine inquiétude devant l’adaptation imparfaite des programmes militaires aux ressources que la Nation pouvait leur consacrer. La presse quotidienne avait même repris cette impression, en l’amplifiant quelque peu et je crois nécessaire avant d’exposer les traits caractéristiques du budget de 1967 de répondre à la question qui vient naturellement à l’esprit, de savoir ce que ce budget apporte dans ce domaine.
Il présente de ce point de vue un réel progrès et de nombreux aspects favorables. D’une part, les ressources financières allouées aux Armées atteindront en 1967 sensiblement le niveau prévu dans le plan de 1965-1970. D’autre part, et cela est peut-être le plus important, un effort considérable a été fait au sein des Armées pour améliorer la qualité des prévisions et les conditions d’exécution du budget. Cet effort entrepris depuis plusieurs années a donné des résultats dès 1966. Pour la première fois depuis longtemps la réalisation des programmes a pu être conduite en 1966 sans à-coups résultant de motifs d’ordre financier et la situation de trésorerie en fin d’année est saine. Il n’y aura pas de retard de paiement faute de crédits et aucun report de charge anormal ne sera fait sur l’exercice suivant. Cela est de bon augure pour l’exécution du budget de 1967. Dans le domaine des prévisions, les études en cours dépassent largement l’année 1970 et sont maintenant étendues jusqu’en 1975 et parfois plus loin. La mise au point de chaque programme fait l’objet systématiquement de discussions approfondies entre les États-Majors, la Délégation Ministérielle pour l’Armement et les Services Financiers ; l’estimation de leur coût est soigneusement établie et révisée périodiquement. Les résultats obtenus paraissent satisfaisants et il est possible d’espérer que les risques de dépassements imprévus seront nettement moins fréquents et d’une ampleur plus limitée. Enfin, la définition des programmes nouveaux a bien avancé en 1966 ; le budget de 1967 en porte la marque dans des domaines aussi importants que l’armement atomique tactique et l’avion Jaguar.
Ces aspects favorables ne doivent cependant pas faire oublier que si dans l’ensemble le budget de 1967 correspond à peu près aux prévisions du plan, il leur est un peu inférieur ; compte tenu de l’obligation faite d’absorber les hausses de prix à l’intérieur des plafonds, il est loin de permettre dans tous les secteurs de rattraper le retard pris au cours des années précédentes et souvent il ne peut que consacrer l’étalement des programmes décidés antérieurement. Tous les problèmes ne sont pas réglés et les difficultés à résoudre ne manqueront point au cours de la prochaine année.
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