Plan et budget soviétiques pour 1967
Le plan économique et le budget pour 1967 ont été présentés les 14 et 15 décembre 1966 au Soviet Suprême de l’U.R.S.S. par MM. Baibakov, président du GOSPLAN et Garbouzoz, ministre des Finances. Les députés ont adopté le budget à l’unanimité. Ils y ont cependant apporté un amendement au profit de la construction des hôpitaux et des écoles dont les crédits d’investissement seront majorés de 120 millions de roubles.
Les grandes masses du budget (en milliards de roubles (1)) :
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1967 |
1966 |
RECETTES |
110,25 |
107 |
DÉPENSES |
110,01 |
106,7 |
Répartition des dépenses : |
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— Administration |
1,4 (1,2 %) |
1,4 |
— Défense |
14,5 (13,2 %) |
13,5 |
— Économie |
46,9 (42,6 %) |
44,9 |
— Mesures socio-culturelles |
42,9 (39 %) |
40,5 |
(1) Au taux officiel, le rouble vaut 5,48 francs.
Les dépenses militaires sont en augmentation de 1 milliard de roubles par rapport à 1966 et atteignent 13,2 % du budget (contre 12,6 en 1966). Cette augmentation est justifiée officiellement par la situation au Vietnam ; politiquement, elle montre que le soutien de l’U.R.S.S. au Nord Vietnam est effectif. Toutefois il n’est pas possible d’évaluer l’effort consenti réellement au profit de la défense, car de nombreuses dépenses à caractère militaire figurent dans d’autres rubriques, notamment dans les budgets de l’industrie et de la recherche scientifique.
Quant aux dépenses à caractère socio-culturel, elles passent de 37 à 39 % du budget global et la différence entre les dépenses et celles consenties à l’industrie continue à diminuer (4 milliards contre 4,4 milliards en 1966).
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Les grands objectifs du plan sont les suivants :
— Réaliser une augmentation du revenu national de 6,6 % en 1967 (contre 6,4 % prévus et 7,4 annoncés en 1966) par un accroissement de la production industrielle de 7,3 % et de la production agricole de 4 %.
— Dans l’industrie, consacrer 42 % des investissements à l’énergie électrique, la construction de machines, la chimie et l’électronique. L’industrie des biens culturels et ménagers bénéficie du plus fort taux de croissance (16 %) suivie par l’énergie électrique (10 %), la chimie et la pétrochimie (10 %) et la construction de machines (9,5 %).
— Dans l’agriculture, porter l’effort sur le niveau de vie des travailleurs (services et construction de bâtiments) et la rentabilité du travail (amélioration du sol, matériels, électrification, engrais).
Lors de la présentation du plan, les dirigeants et planificateurs soviétiques ont mis en relief leurs soucis essentiels :
1/ — Utiliser au maximum les ressources de la science pour élever la productivité de 5 % et, par voie de conséquence, la production de 70 %. Il est intéressant de constater que, pour un taux de croissance de 9,5 % dans la construction de machines, les productions de pièces pour calculatrices, de trains automatiques et de presses automatiques doivent augmenter respectivement de 24 %, 23 % et 23 %.
2/ — Éviter le gaspillage des fonds, des matières et des matériels, aussi bien dans l’industrie où il est prévu de récupérer toute la ferraille (au moins 1 million de tonnes) et d’utiliser toutes les ressources locales, que dans l’agriculture où un effort particulier est prévu pour l’entretien du matériel.
3/ — Mettre davantage de biens à caractère « culturel et ménager » à la disposition de la population et, surtout, en améliorer l’assortiment et la qualité.
Ces soucis n’excluent pas les préoccupations concernant la défense nationale et la lutte pour la suprématie mondiale. En effet, l’augmentation officielle de l’effort de défense, telle qu’elle ressort du budget (14,5 milliards contre 13,4), ne donne certainement pas la mesure de l’effort réel consenti par les Soviétiques. M. Garbouzov a souligné d’ailleurs que les investissements industriels permettraient de renforcer les moyens de défense du pays. Cette déclaration confirme l’éditorial de la Pravda du 1er décembre consacré à l’examen du plan par le Comité Central et qui indiquait que l’effort devait porter en particulier sur le côté scientifique de la défense. 42 % des investissements prévus dans l’industrie vont précisément à des branches intéressant toutes les fabrications d’armement.
Quant aux buts généraux du commerce extérieur de l’U.R.S.S., ils restent officiellement les suivants :
— consolider l’économie de l’Union Soviétique et du camp socialiste,
— renforcer la puissance des pays du bloc,
— affermir les jeunes gouvernements d’Asie et d’Afrique sur la voie de l’indépendance. ♦