Maritime - La situation de la Marine française à la fin de 1966 - Difficultés et tendances des grandes marines occidentales
La situation de la Marine française à la fin de 1966
Le budget de 1967 et l’avenir de la Marine. — La discussion du budget de 1967, qui avait opposé, comme chaque année, l’Assemblée nationale et le Sénat à propos de la force de dissuasion (16 novembre), s’est achevée le 6 décembre par un vote bloqué rétablissant les crédits militaires supprimes. En effet, le Sénat avait rejeté un amendement communiste supprimant les crédits affectés à la force de dissuasion ; il en avait ensuite adopté un autre qui les supprimait aussi, mais à titre indicatif seulement, pour manifester l’hostilité de la seconde Chambre à la politique atlantique et européenne du gouvernement.
La Loi de finances a donc été promulguée le 17 décembre, les décrets de répartition des crédits ouverts par cette loi ont été rendus le 22. Les dépenses autorisées restent celles que le gouvernement avait proposées. Rappelons que, en ce qui concerne la Marine, elles avaient été fixées, chiffres arrondis, à 2 039 millions pour les dépenses de fonctionnement du Titre III, à 1 872 millions pour les crédits de paiement et 2 085 millions pour les autorisations de programme du Titre V, équipement.
On sait que, dans le débat budgétaire, nombre de parlementaires et le ministre des Armées tout le premier avaient manifesté une vive sollicitude pour l’avenir à long terme des forces dites classiques (qui pourraient d’ailleurs, disait M. Messmer, recevoir elles-mêmes un armement atomique tactique), ces forces n’étant que momentanément sacrifiées, faute de crédits, à la dissuasion nucléaire.
Le Chef d’état-major de la Marine (CEMM) est revenu récemment à deux reprises sur ce grave problème. Le 28 octobre, devant les officiers-élèves de la Jeanne d’Arc, il s’est borné avec la discrétion nécessaire à rappeler la multiplicité des missions incombant au tonnage naval et aéronaval classique, depuis l’« environnement » des sous-marins lanceurs d’engins, l’intervention dans les conflits marginaux, la participation à la défense du territoire et la protection des communications en temps de guerre jusqu’aux démonstrations de puissance au service de la diplomatie en temps de paix. Mais, devant le syndicat de la Presse maritime, le 9 décembre, il s’est davantage étendu sur la reconstitution de ce tonnage, dont une grande partie – les escorteurs actuels en particulier – atteindra la limite d’âge entre 1975 et 1980 : étant donné le délai exigé par les études et recherches, l’expérimentation des prototypes (bâtiments et systèmes d’armes), puis la construction en série, c’est dès 1970 que devra être lancé un programme de remplacement étalé sur 10 ou 15 ans ; certes, outre les SNLE, les sous-marins lanceurs de torpilles, bien que vraisemblablement à propulsion nucléaire, joueront un rôle considérable dans cette flotte nouvelle, mais des bâtiments de surface d’une classe intermédiaire entre la frégate du type Suffren et les escorteurs d’aujourd’hui devront y conserver une place très importante ; la flotte logistique devra aussi être accrue, car les bâtiments achetés au commerce ou construits pour les besoins du Centre d’expérimentations du Pacifique (CEP) s’usent vite et ne seront guère adaptables à d’autres services. Seuls, les porte-avions, capables de durer jusqu’en 1980-1985, ne posent pas de problèmes urgents, mais leurs appareils embarqués, spécialement les Étendard et les Crusader hors d’âge entre 1972 et 1974, devront céder la place à des modèles nouveaux : le Jaguar, de construction franco-britannique, pourrait remplacer l’Étendard.
Le bilan de 1966. — L’année 1966 n’a pas été marquée, comme certaines années précédentes, par des modifications sensibles à l’intérieur de nos forces navales : 3 unités seulement ont été admises au service actif, les sous-marins Junon et Vénus et le sous-marin expérimental Gymnote ; la frégate lance-engins Duquesne a été lancée et la première des 5 corvettes inscrites dans la seconde loi-programme mise en chantier. C’est aussi au cours de l’exercice écoulé qu’a été utilisé pour la première fois « en formation », avec un plein succès, le patrouilleur lourd ASM Bréguet Atlantic.
Mais il suffit de rappeler que le tonnage expédié dans le Pacifique a participé dans la proportion de 40 % de nos moyens maritimes à la phase expérimentale de l’activité du (6 essais exécutés du 2 juillet au 4 octobre à Mururoa et à Fangataufa) pour mesurer l’immensité de l’effort demandé à la Marine et l’importance des résultats que sa polyvalence et son entraînement lui ont permis d’obtenir. Un second effort, plus réduit, lui sera imposé en 1967 ; un troisième, de nouveau considérable, en 1968.
Des réformes notables ont été accomplies en 1966 dans le domaine de l’organisation. On citera, parmi les plus marquantes, la décision définitive d’installation à l’île Longue d’une base pour nos futurs SNLE (décret du 5 mai déclarant d’utilité publique l’acquisition des terrains nécessaires, inscription des premiers crédits de travaux dans le budget de 1967), – la fusion du corps des ingénieurs de Marine avec celui des officiers de Marine, – enfin la formation au mois de décembre d’un « Groupe naval d’essais de missiles » destiné à travailler au bénéfice du Centre d’essais des Landes en remplacement du Centre saharien qui doit être évacué en 1967 (trajectographie et télémesures, surveillance des zones maritimes de retombées, récupération des engins, etc.) : ce groupe comprendra à l’origine 1 escorteur d’escadre, 2 escorteurs rapides et 3 dragueurs côtiers, ultérieurement le bâtiment d’expérimentation Henri Poincaré qui ne sera admis au service actif qu’en 1968.
Mentionnons pour mémoire – car il ne s’agit encore que d’une ébauche –, la création, elle aussi toute récente, d’un « Centre national d’exploitation des océans » ou CNEXO, qui devra permettre à notre pays de rattraper le retard pris dans la recherche océanographique sur ses concurrents plus fortunés, Américains, Russes et Britanniques. Successeur du « Comité d’exploitation des océans » de 1961, qui, malgré des travaux appréciables, manquait d’autorité et de moyens, le nouveau centre sera composé essentiellement de représentants des ministères intéressés et de hautes personnalités scientifiques ; il aura pour mission d’organiser à l’échelle nationale l’étude de la surface des eaux, de leur masse et des fonds sous-marins (élaboration des programmes, répartition des crédits, coordination des efforts des laboratoires jusqu’ici trop disséminés et mal liés, lancement de campagnes de recherche systématiques et exhaustives, etc.).
La Marine dispose, certes, de quelques bâtiments océanographiques, mais, outre que leur tonnage est faible et que leur équipement manque de polyvalence, ils ne sauraient se mesurer avec les véritables flottes spécialisées dont disposent les États-Unis et l’URSS. Jusque dans l’ordre stratégique et tactique (par exemple la détection ASM variable avec les conditions météorologiques et la profondeur), nos forces navales auront beaucoup à glaner dans les travaux du CNEXO.
Activités diverses aux mois de novembre et décembre. — Escadres, forces amphibies et forces de région ont déployé une vive activité au cours des deux derniers mois de 1966.
Sans doute les exercices et croisières auxquels elles ont pris part ont été de routine. Mais leur nombre a été relativement élevé, aussi bien dans l’ordre national que dans l’ordre international. La croisière d’hiver de l’escadre de la Méditerranée, baptisée Émaux (15 novembre au 20 décembre) a mené nos bâtiments jusqu’à Beyrouth, Haïfa et Marmaris ; sur leur trajet de retour ils ont séjourné à Tarente ; comme de coutume, ils ont multiplié entre les escales les exercices généraux ou de groupe. En métropole, un exercice interarmées baptisé Amphitrite II s’est déroulé du 21 au 26 novembre dans la baie de Quiberon sous la direction de l’amiral commandant la Force amphibie d’intervention. – Trois exercices bilatéraux ont eu lieu également au large de nos côtes, l’un franco-belge de dragage devant Le Havre (4 au 10 novembre), un autre franco-allemand (5 escorteurs français et 8 de la Bundesmarine) dans le golfe de Gascogne (11 au 22 novembre), le troisième enfin franco-américain de débarquement en Corse avec participation du porte-hélicoptères Arromanches (12 au 18 décembre).
Mais les mouvements de bâtiments les plus remarqués ont consisté dans le retour en France d’une grande partie des forces détachées dans le Pacifique pour la campagne nucléaire de 1966, Il ne saurait être question ici de les citer tous ; on se bornera à mentionner, parmi les principaux, l’arrivée du croiseur de commandement De Grasse à Brest le 19 décembre, celle du bâtiment de soutien logistique Rhin à Toulon le 16 décembre, celle des transports de chalands de débarquement Foudre à Toulon le 13 décembre et Ouragan à Brest le 24, ces quatre unités ayant transité par Panama, – celle surtout du groupe aéronaval du Pacifique (porte-avions Foch, escorteurs d’escadre Forbin, La Bourdonnais et Jauréguiberry, pétrolier La Seine) qui a rallié Toulon le 7 décembre après avoir doublé le cap Horn et sans ravitailler en combustible autrement qu’à la mer.
Difficultés et tendances des grandes marines occidentales
Le tonnage neuf américain n’a pas augmenté depuis l’automne, où avaient été successivement mis à l’eau le ravitailleur de destroyers Puget Sound, les SSN Pargo, Whale et Sunfish et la LPD Shreveport ; ces lancements de navires commandés depuis longtemps (programmes 1961-1962 à 1963-1964) n’ont, cela va de soi, aucun rapport avec les exigences accrues de la guerre du Vietnam. Il en va sans doute autrement de la mise à l’étude, ordonnée récemment, d’un nouveau type de bâtiment, un Landing Helicopter Assault, qui serait supérieur aux LPD par ses dimensions, sa vitesse et sa capacité de transport : les hostilités actuelles ont prouvé combien peut être utile, dans certaines circonstances, le recours à des navires amphibies à la fois rapides et à très grand débit.
Au défaut d’opérations majeures à terre, la guerre du Vietnam s’enlise dans la lutte contre la guérilla et des unités régulières dépassant rarement l’effectif d’un bataillon, sans qu’aucun espoir de négociation apparaisse. Si la physionomie de l’intervention américaine a quelque peu changé dans le Nord depuis le mois de novembre, c’est avec le bombardement aérien devenu systématique des rampes de lancement d’engins de DCA, dont le nombre s’accroît – les 3 porte-avions en croisière dans le golfe du Tonkin prennent une part active à ces bombardements – (nous ne parlerons ni du bombardement d’objectifs non militaires à Hanoï même que les Américains l’expliquent par des erreurs, ni de la destruction, attribuée à la seule Air Force, de 7 Mig-21 nord-vietnamiens le 2 janvier dernier ; c’est aussi avec la recrudescence des engagements de destroyers contre les batteries côtières nord-vietnamiennes : ces batteries, qui seraient armées en majorité de pièces de DCA, fort gênantes, dit-on, pour les bombardiers venus de la mer, ont été prises à partie avec une fréquence inhabituelle par les unités légères de la 7e Flotte.
Généralement parlant, l’effort de guerre des États-Unis devient de jour en jour plus important, sans qu’on puisse dire, bien entendu, qu’il soit insupportable. Les effectifs du corps expéditionnaire atteignaient à la fin de l’année 440 000 hommes, dont 383 000 Américains et 57 000 alliés ; la flotte du Military Sea Transportation Service a passé en un an de 103 à 295 unités, et l’on parle de retirer de la réserve un certain nombre de Liberty-ships, pourtant hors d’âge. En même temps, des symptômes d’une crise au moins passagère du personnel commencent à se manifester : le manque de main-d’œuvre spécialisée pour la manutention du matériel logistique provoque des engorgements dans les ports de destination ; on enregistrerait aussi, d’après la presse spécialisée, un déficit de 4 500 jeunes officiers dans la flotte de surface et de 1 400 pilotes dans l’Aéronavale et le Marine Corps (métropole comprise), à cause de l’augmentation des besoins que l’insuffisance actuelle du recrutement ne suffit plus à satisfaire.
Sans être excessives eu égard à l’âpreté de la résistance vietcong et à l’amélioration de la défense AA au Nord-Vietnam, les pertes américaines en vies humaines et en matériel aéronautique s’accroissent rapidement ; le nombre des tués, qui n’atteignait pas 1 750 hommes le 1er janvier 1966, s’élèverait à près de 6 000 pour la seule année écoulée ; d’après les dernières statistiques publiées par la Marine, la Navy aurait perdu 1 118 tués, blessés et prisonniers entre le début des opérations et le 22 octobre 1966, et le Marine Corps 12 501. Les destructions d’appareils en vol monteraient en fin d’année à 418 avions (contre 897 trois mois auparavant) et 4 hélicoptères au-dessus du Nord-Vietnam, à 141 avions et 242 hélicoptères au Sud, — les pertes au sol (guérilla vietcong, sabotages, etc.) à 120 avions et 30 hélicoptères environ, au total près d’un millier d’appareils.
Très probablement, le prochain message budgétaire du président Johnson au Congrès devra tenir compte des charges croissantes imposées par la guerre pour proposer une augmentation des crédits de défense, des constructions navales et des fabrications d’avions plus importantes, une accélération du recrutement.
Comme les États-Unis, la Grande-Bretagne doit faire face à une aggravation de la situation internationale : sur les crises persistantes de Rhodésie et de Gibraltar se greffe la menace que le durcissement du nationalisme arabe (RAU et Syrie) fait peser à la fois sur la sécurité d’Israël, l’équilibre interne de la Jordanie et les intérêts pétroliers de l’Occident.
Ces événements influent-ils sur la politique navale britannique ? On est tenté de le penser, car il suffit d’un tableau sommaire des efforts déployés par la Royal Navy au seuil de l’année 1967 pour s’apercevoir que, malgré la faiblesse relative des moyens financiers dont elle dispose et l’interdiction qui lui a été signifiée (pour combien de temps ?) de renouveler sa flotte de porte-avions, elle entend rester aussi longtemps qu’elle le pourra la marine d’une puissance mondiale.
Pour ne rien dire des 4 SSBN composant la force sous-marine de dissuasion, dont l’entrée en service s’échelonnera de six mois en six mois à partir de 1968, le tonnage classique s’accroît avec régularité :
– Aux 4 SSN (sous-marins à propulsion nucléaire, mais lanceurs de torpilles) déjà en service ou en construction viennent de s’ajouter deux autres, l’un commandé à l’automne dernier, le second dont la commande en 1967 a été annoncée le 10 novembre à la Chambre des Lords.
– 5 des 8 petits croiseurs lance-engins du type County sont en service ; le sixième, le Glamorgan, achève ses essais à la mer et figurera prochainement dans la flotte active. Les quatre derniers exemplaires de la série sont ou seront équipés d’engins Sea Slug MK.2, plus capables que les MK1 d’atteindre les avions volant bas ; ils disposent ou disposeront aussi d’un système de manipulation automatique des données et d’un système de navigation à inertie. Rappelons (cf. revue de décembre 1966, p. 2083) que les County auront pour successeurs des croiseurs d’un tonnage à peu près équivalent (5 700 tonnes au lieu de 5 200), mais pourvus d’un armement AA et ASM très supérieur : leur prototype, le DDG 82, a été commandé à l’automne.
– 18 des excellentes frégates polyvalentes du type Leander (2 800 tonnes), dont la construction se poursuit à peu près sans désemparer depuis 1959, sont en service, 8 en achèvement et 4 sur cale (les 2 dernières depuis octobre 1966) ; 3 autres ont été commandées et le ministère de la Défense se propose d’en commander 3 chaque année jusqu’en 1970.
– Ce sont évidemment les porte-avions qui, depuis l’abandon du Furious, représentent le point faible de la marine britannique. La Royal Navy supplée du mieux qu’elle peut à cet abandon. L’aviation embarquée se compose aujourd’hui d’appareils d’assaut à haute et basse altitude Buccanecer MK.2, successeurs des MK1 auxquels ils sont très supérieurs du triple point de vue de l’autonomie, du rayon d’action tactique et de l’armement, – d’intercepteurs tous temps Sea Vixen MK.2, – d’hélicoptères ASM Wessex et d’un petit nombre d’avions Gannet AEW (surveillance radar à grande distance et contre-mesures électroniques). Mais le Buccaneer MK2 est un avion récent qui n’arme encore que le Victorious, détaché dans la Far East Fleet, et l’Hermes qui sort de refonte et achève son entraînement à la mer avant d’aller remplacer le Victorious en Extrême-Orient ; l’Eagle, rentré il y a peu de temps de l’océan Indien, ne recevra le MK2 qu’à la fin de son carénage, en avril 1967, et l’Ark Royal après sa modernisation qui doit durer jusqu’en 1970. – Quant à l’intercepteur Sea Vixen, il doit être remplacé à partir de 1968 par l’appareil américain F-4B Phantom II, que la Grande-Bretagne achète peu à peu en changeant son réacteur pour un réacteur de fabrication nationale Rolls Royce Spey, plus puissant ; c’est dire que, dans l’état actuel des choses, l’Ark Royal seul en sera équipé à l’occasion de sa modernisation : le Victorious est sans doute trop vieux pour mériter d’embarquer des Phantom avant sa condamnation ; l’Eagle et l’Hermes ne pourront en être équipés qu’après avoir subi de nouvelles transformations techniques dont la date reste incertaine, la Royal Navy possédant trop peu de porte-avions pour pouvoir se permettre de les immobiliser fréquemment (porte-avions léger, l’Hermes ne pourra d’ailleurs embarquer qu’un nombre réduit de F-4B Phantom II).
Mais au moins dans des conflits marginaux, comme il en a éclaté et peut en éclater encore à l’Est de Suez, des navires spécialisés dans le transport des hélicoptères d’assaut ou ASM et des avions à décollage vertical ou court (VTOL ou STOL), c’est-à-dire moins coûteux que les grands porte-avions de combat, pourraient à la rigueur en tenir la place dans un certain nombre de missions. La Royal Navy a déjà fait du chemin dans cette voie avec les transports de commandos Bulwark et Albion, plus récemment avec les transports d’assaut Fearless et Intrepid ; mais l’équipement aérien de ces unités demeure modeste. Si l’on en croit la presse maritime anglaise, un mouvement d’opinion s’ébaucherait jusque dans les milieux gouvernementaux pour la mise à l’étude dans les prochaines années de bâtiments d’un type nouveau, à la fois économiques et largement dotés d’hélicoptères et d’avions VTOL ou STOL, successeurs, s’il le fallait vraiment, du porte-avions abandonné.
L’abondance des matières nous oblige à remettre à plus tard l’analyse de l’excellente brochure annuelle Marine Marchande 1966, publiée par les soins du Comité central des armateurs de France. Nous y reviendrons en présentant le tableau des flottes de commerce et des chantiers de construction au seuil de l’année 1967. ♦