Les problèmes de la politique industrielle en France
Paradoxalement, c’est dans les pays les plus industrialisés que l’arrêt du développement économique paraît insupportable. Il déçoit l’aspiration insatiable à l’accroissement des satisfactions matérielles qui caractérise ces sociétés de consommation. Il frappe comme un scandale social. L’enchaînement des innovations et des progrès techniques en est compromis. Vis-à-vis de l’extérieur, le pays touché se trouve affaibli ; tel est actuellement le sort de la Grande-Bretagne. Or le développement économique est en pratique assimilable à la croissance de l’industrie, secteur qui produit les biens d’équipement et l’essentiel du surcroît de biens consommables, et assure le mouvement de l’ensemble.
Pour obliger à la modernisation de nos entreprises et accélérer l’expansion de l’appareil industriel, les gouvernements français de ces douze dernières années — après la période de reconstruction — ont exposé notre économie à la concurrence extérieure. C’est là le fondement économique du marché commun européen, conçu à titre principal comme un processus d’abaissement des droits de douane et de suppression des restrictions aux mouvements de biens, de capitaux et de personnes. Il s’en faut cependant que cette libération constitue l’essentiel de la politique industrielle française. Celle-ci comprend en effet d’autre part un ensemble impressionnant d’interventions qui conduisent le secteur public — dans son acception large — à orienter et équilibrer l’économie, produire, protéger certains secteurs, inciter à l’investissement, influencer les localisations, etc…
Toutefois, cette partie essentielle de notre politique industrielle n’est pas encore toujours en harmonie avec l’ouverture des frontières. Elle ne permet pas non plus une bonne adaptation des structures de production à la formidable pression de l’économie américaine. Un réaménagement est nécessaire. Il s’opère progressivement.
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