Militaire - Le nouveau statut des Troupes de Marine - États-Unis : réorganisation des réserves - Les problèmes de défense en Allemagne fédérale (RFA) - La dévaluation de la Livre et la défense britannique - L'évacuation d'Aden - Les forces armées belges
Le nouveau statut des troupes de Marine
Depuis le début de 1966, une série de mesures législatives et réglementaires ont pratiquement mis fin à l’autonomie administrative des troupes de Marine, tout en maintenant leur originalité, leur mission spécifique et leurs traditions.
La loi, qui vient d’être adoptée par le Parlement et dont l’entrée en vigueur date du 1er janvier 1968, établit leur situation au sein de l’Armée de terre, en réaffirmant leur vocation particulière. Elle remplace le statut institué par la loi du 7 juillet 1900 portant organisation des troupes coloniales : les troupes de Marine reçoivent le statut d’une arme et elles constituent une arme unique dans laquelle sont intégrés les officiers, sous-officiers et hommes du rang de l’infanterie de Marine, de l’artillerie de Marine et du cadre des télégraphistes.
États-Unis : réorganisation des réserves
Il y a 3 ans, en décembre 1964, M. McNamara avait proposé, pour des raisons d’économie et de rendement, un projet de réorganisation des réserves qui comportait trois réformes essentielles :
– une réduction des effectifs ;
– la fusion des deux formations qui constituent les réserves : la Garde nationale et la Réserve ;
– la dissolution d’un certain nombre d’unités.
Le Congrès avait manifesté une opposition très vive à ce projet. Il tenait à ce que la Garde nationale reste en temps de paix à la disposition des États pour assurer les missions de maintien de l’ordre et de protection civile. Après d’âpres discussions, le Parlement a soumis à la signature du président Johnson un projet de loi, dite Reserve Bill of Rights, qui prévoit que les forces des réserves pourront :
– renforcer les forces armées d’active après un préavis très court, en cas de tension internationale ou de guerre limitée ;
– constituer l’ossature de nouvelles unités de réserve en prévision d’une mobilisation générale ;
– fournir à chaque état les forces nécessaires au maintien de l’ordre et à la protection civile.
L’application de ces mesures est en cours depuis décembre 1967 et doit être terminée le 31 mai 1968. La loi prévoit notamment :
• des modifications dans la structure des forces de réserve de l’Armée de terre (les forces de réserve de la Marine et de l’Air ne semblent pas être concernées) ;
• la réorganisation du commandement aux échelons défense et Armées, notamment la création :
– d’un poste de Deputy Assistant for Reserve Affairs au Secrétariat d’État à la Défense ;
– d’un poste d’Assistant Secretary for Manpower and Reserve Affairs dans chacune des trois armées.
Ces 4 postes seraient confiés à des personnalités civiles. En outre, un général du cadre de réserve serait nommé au commandement des réserves de l’Armée de terre et un autre à celui des réserves de l’Armée de l’air.
Les forces de réserve de l’Armée de terre sont celles qui sont l’objet des modifications les plus importantes. Toutefois, le projet de M. McNamara n’ayant pas été retenu, elles restent divisées en deux grands corps :
– l’Army National Guard,
– l’Army Reserve.
L’Army National Guard comptera 400 000 hommes, 8 divisions et 18 brigades indépendantes constitueront des GU (grandes unités) de réserve immédiate.
2 divisions d’infanterie, 4 brigades indépendantes, 1 brigade de cavalerie blindée, 1 brigade de police militaire, des unités de soutien seront groupées en une Selected Reserve Force (ou force de « Haute priorité ») à 100 % de ses effectifs et de ses dotations en matériels et armements.
L’Army Reserve aura un effectif de 260 000 hommes. Elle comportera :
– 17 commandements des Réserves (en remplacement des PC de Corps d’armée qui seront supprimés en 1968) ;
– 2 commandements territoriaux de manœuvre ;
– 13 divisions d’instruction ;
– 3 brigades indépendantes ;
– des unités diverses et des écoles.
Cette loi doit permettre aux trois armées d’active d’être renforcées efficacement dans de très courts délais.
Les problèmes de défense en Allemagne fédérale (RFA)
Dans notre précédente chronique, nous avons annoncé qu’un débat sur la défense s’était ouvert au Bundestag le 6 décembre 1967. Il a marqué la rentrée politique de M. Schroeder, après une longue convalescence. Le ministre a quelque peu déçu son auditoire ; il est en effet demeuré dans les généralités et s’est abstenu d’indiquer les mesures concrètes qu’il envisageait pour adapter la Bundeswher aux missions qui lui sont confiées dans le cadre de l’Alliance Atlantique, en fonction des crédits qui lui sont affectés.
Trois grandes séries de mesures, qui doivent permettre de réaliser les économies envisagées, ont été ainsi proposées au Parlement :
• réorganisation des administrations centrales et de l’instruction ;
• modification des structures mêmes de la Bundeswher qui compterait désormais :
– des unités « opérationnelles » à effectifs de guerre : 24 brigades probablement ;
– des unités « cadre et matériel » : le complément, c’est-à-dire 10 brigades.
• réduction des dépenses de matériels :
– par l’établissement d’une liste de matériels préférentiels : priorité en particulier aux hélicoptères légers, aux chars Leopard ;
– par le maintien en service des systèmes d’armes aéronautiques existants jusqu’à la limite de leur disponibilité technique ;
– par l’étalement dans le temps des programmes de construction de navires.
Pour faciliter l’exécution des mesures ci-dessus, M. Schroeder a annoncé la mise sur pied d’un plan à long terme de dix ans qui comporterait notamment une prévision d’augmentation annuelle des dépenses de défense de 3 % seulement à partir de 1971. Soulignons qu’on voit mal comment le ministre qui a préconisé la réduction des dépenses de fonctionnement, pourra en même temps maintenir les effectifs à leur niveau actuel.
La dévaluation de la livre et la défense britannique (1)
Dans notre précédente chronique, nous avons exposé les compressions que le gouvernement britannique compte effectuer dans le budget de la Défense, afin de donner à la dévaluation de la livre toute son efficacité. Le montant global des réductions prévues en 1968 s’élèverait à 110 millions de livres qui se décomposeraient ainsi :
– 10 millions par l’étalement de certaines commandes, telles que l’étude d’un avion à géométrie variable britannique ;
– 8 millions prélevés sur les crédits de la recherche ;
– 5 millions sur les chapitres : munitions, carburants, véhicules, équipements de l’armée de terre ;
– 47 millions en ralentissant les programmes de constructions immobilières en Angleterre, en fermant certains dépôts outre-mer et en réduisant l’importance des stocks ;
– 30 millions par l’abandon du projet de base anglo-américain sur l’île d’Aldabra (océan Indien), l’annulation d’une commande de 16 hélicoptères lourds de transport Boeing CH-47 Chinook aux États-Unis, et de 8 chasseurs bombardiers biréacteurs Blackburn Buccaneer anglais.
Mais les économies ainsi envisagées n’atteindraient pas les 110 millions de livres, du fait de frais supplémentaires et d’indemnités diverses à verser. La différence sera sans doute comblée par de nouvelles mesures, telle que la réduction des effectifs de la brigade de Gurkhas qui passera de 8 bataillons (14 000 h) à 4 bataillons (6 000 h) d’ici 1971.
(1) Dans notre prochaine livraison, nous étudierons, en ce qui concerne la Défense, le plan d’austérité présenté aux Communes le 16 janvier 1968 par M. Wilson.
L’évacuation d’Aden
La présence militaire britannique à Aden a pris fin le 29 novembre 1967. L’évacuation des dernières troupes a été effectuée par un pont aérien rassemblant une quarantaine d’appareils. 5 800 hommes ont été ainsi rapatriés par air.
L’opération s’est déroulée en deux temps : 1er temps, Aden-Bahreïn puis 2nd temps, Bahreïn-Angleterre.
Ce pont aérien, le plus important depuis l’affaire de Berlin, était dirigé par le Vice-Marshal A.H. Humphrey, commandant les forces aériennes du Moyen-Orient. Plusieurs navires de guerre croisaient au large, prêts à intervenir, notamment le porte-commando Albion et le porte-avions Eagle avec ses appareils Buccaneer et De Havilland Sea Vixen.
Ainsi a pris fin, dans le plus grand calme et sans incidents, 138 années de présence militaire britannique. Quant à la flotte qui avait été maintenue dans le golfe d’Aden pour protéger la nouvelle République du Sud Yémen, elle vient d’être considérablement réduite.
Les forces armées belges
Selon la presse, le Conseil des ministres de l’Otan a approuvé le plan de réorganisation des forces belges : 2 brigades (12 000 h) sur 6 stationnées en Allemagne Fédérale seront retirées, mais demeureront affectées à l’Alliance sous réserve de pouvoir intervenir dans des délais très courts. D’autre part, les Forces de défense de l’Intérieur seront, à titre de réserves, placées à la disposition de l’Otan. Enfin, le Conseil des ministres a estimé conforme aux obligations fixées par l’Alliance le plan belge concernant une compression des services et une modernisation des armements.
La convention portant sur l’achat de 384 chars Leopard et de leurs rechanges a été signée par les ministres de la Défense belge et allemand, le 14 décembre 1967, pour un montant de 4 540 millions de francs belges. Un char reviendrait ainsi à 11,7 millions de francs belges, non compris les rechanges et les munitions. La livraison sera échelonnée sur 3 ans environ, de 1968 à 1970.
La compensation porterait sur des commandes allemandes de munitions (700 millions de francs belges) et de matériels radio (625 millions de francs belges) ; sur la fabrication en Belgique de certaines pièces du Leopard (230 millions de francs belges) ; sur la révision d’engins blindés allemands dans des usines belges (875 millions de francs belges) ; enfin, sur des achats allemands dans divers secteurs industriels privés belges (2 100 millions de francs belges).