L’incidence des dépenses des Armées sur l’économie
Parmi les dépenses qui correspondent aux grandes fonctions de l’État, celles des Armées ont un caractère bien particulier. Destinées à permettre à la nation de se défendre, elles doivent, de ce fait, venir au premier rang ; mais il suffit que la menace internationale apparaisse lointaine et que l’instinct de défense s’émousse pour que, aux opinions publiques, elles apparaissent comme un prélèvement difficilement tolérable sur les forces vives. Pour les uns, la prime d’assurance est seulement trop élevée, pour d’autres, des arguments d’ordre moral sont aussi et même plus importants que les préoccupations financières. Il ne faut pas s’étonner que, du fait de ces résonances, l’attitude par rapport aux dépenses militaires puisse caractériser un comportement politique : voter ou ne pas voter le budget militaire peut être l’un des signes de l’appartenance à telle ou telle famille politique, à tel ou tel courant de pensée. Comme il arrive souvent, les positions de principe sur la dépense militaire considérée dans l’abstrait ne déterminent pas forcément les appréciations qui seront portées sur les réalisations qu’elles auront permises : on peut condamner la dépense et être néanmoins fier ou tout au moins satisfait du résultat ; on peut trouver le budget militaire bien lourd, mais s’étonner que l’État réduise les effectifs, ou fasse des économies sur tel programme, ou réduise ses implantations territoriales ; se réjouir, par contre, de tel succès dans le domaine des recherches, ou des constructions et des fabrications… La contradiction apparente trouve, en partie, son explication dans des traits fondamentaux de la psychologie nationale ; elle la trouve aussi dans le tissu serré des fils qui lient dépenses militaires et vie économique sous toutes ses formes.
Ce sont ces fils que l’on va, pour l’étude, essayer de dénouer.
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