Actualité de la guerre de 1870
Si la phrase du Maréchal Lebœuf assurant, quelques jours avant que n’éclate la guerre de 1870, qu’il ne « manquait pas un bouton de guêtre » est devenue fâcheusement légendaire, celle d’Émile Ollivier, prononcée devant le Corps Législatif, le 30 juin, a moins de notoriété. Le Chef de Gouvernement déclarait cependant : « À aucune époque, le maintien de la paix n’a paru plus assuré ». Moins de trois semaines plus tard, la France était en guerre, contre la volonté de Napoléon III qui pourtant venait de la déclarer, contre celle du Roi de Prusse, à l’étonnement ou à la stupéfaction des chancelleries européennes, mais à la satisfaction de Bismarck dont l’habileté venait de profiter d’une occasion inattendue.
Les faits sont bien connus ; il est inutile de les rappeler. L’armée prussienne, grossie de tous les contingents allemands, attend l’offensive française ; ne la voyant pas se déclencher, elle entre en France, encercle et capture successivement les armées régulières qui lui font face dans le plus grand désarroi, marche sur Paris, investit la ville plus qu’elle ne l’assiège. En position centrale, elle pare sans difficulté les coups que tentent de lui donner les armées françaises hâtivement levées en province, cependant que les pourparlers de paix commencent secrètement. L’Empire est tombé, la République a été proclamée le 4 septembre ; la Commune de Paris se prépare à prendre un pouvoir qui est faible ; l’armistice est suivi d’une brève, mais atroce guerre civile.
En quelques mois, la France a vécu une sorte d’escalade à l’envers dans l’horreur et le désordre ; elle a expérimenté successivement et misérablement les opérations régulières en rase campagne, les môles de résistance que sont les places fortes, l’improvisation d’une levée en masse restée plus théorique qu’effective, l’action des partisans, les combats de rues. Elle a simulé plutôt qu’exécuté des opérations navales qui auraient dû conduire à un débarquement sur les côtes allemandes et n’ont même pas assuré leur blocus. Comptant sur des alliances, elle a compris que l’échec les disloque avant même qu’elles ne soient formées.
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