La flotte logistique
Au Moyen Âge, les souverains, aux époques d’hostilités, se contentent le plus souvent d’armer en guerre des vaisseaux marchands, loués avec leurs équipages habituels, sur lesquels s’entassent des troupes destinées soit à l’abordage, tactique normale du combat naval, soit au débarquement en vue de quelque expédition terrestre. Les campagnes sont généralement courtes et se déroulent sur des mers étroites. Les besoins logistiques des flottes sont donc restreints et limités dans le temps ; aussi n’est-il pas indispensable de disposer d’arsenaux ni d’organes mobiles de soutien.
L’Histoire connaît cependant de notables exceptions à l’occasion desquelles apparaissent les éléments d’une logistique navale organisée. Des opérations amphibies lointaines, comme les croisades, posent le problème du transport et du ravitaillement de toute une armée. Les nefs ou galères « huissières » de Saint Louis, capables de transporter et de débarquer chevaux et cavaliers, sont de véritables navires logistiques qui préfigurent même curieusement nos modernes bâtiments de débarquement. Lorsque la guerre navale sévit de façon endémique le besoin d’une flotte permanente se fait sentir ; ainsi, à l’époque où naquit la rivalité franco-anglaise dont devait découler la guerre de Cent ans, Philippe le Bel dut-il créer le « Clos des Galées », modeste origine des arsenaux maritimes.
Au XVIIe siècle, l’artillerie étant devenue leur arme principale, les navires de guerre se différencient définitivement des bateaux marchands ; il faut des arsenaux capables de les construire et les réparer. Mais ces navires, plus « élaborés », peuvent désormais tenir la mer presque par tous les temps et pour de longues périodes. En effet, l’augmentation du tonnage et la réduction des effectifs des troupes embarquées laissent une place considérable aux approvisionnements de toutes sortes, tandis que voiliers, calfats et charpentiers du bord sont encore capables de réparer la plupart des avaries de mer ou de combat.
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