Deux Asies : l’Inde et la Chine
L’enchevêtrement des causes et des effets, des données et des réactions qui font que les pays sont plus ou moins développés, plus ou moins aptes au développement, est inextricable. Cependant dans la plupart des États d’antique indépendance ou de récente décolonisation dont le niveau économique s’éloigne tous les jours un peu plus de celui des vieilles nations industrielles réputées nanties, un ou plusieurs facteurs apparaissent, dominant tous les autres. Ainsi, on dit que l’Afrique noire n’est pas assez peuplée pour mettre en valeur son immensité, tandis que l’Inde et la Chine sont submergées par des masses humaines de plus en plus engloutissantes, ce qui contraint ces deux grands pays de haute civilisation à la course souvent perdante entre production et démographie.
S’il va de soi que même en logique politique anticolonialiste il serait absurde de comparer l’émirat pétrolier d’Abou Dabi, par exemple, ou l’une des « républiques bananières » d’Amérique centrale avec le Pakistan ou le Brésil, il va aussi de soi que l’Inde et la Chine ne sont pas commensurables.
Commensurables, voire comparables, dans leurs données fondamentales : quatre millions et six millions, respectivement, de kilomètres carrés ; cinq cents millions d’Indiens et plus de sept cents millions de Chinois ; deux univers situés en Asie, deux pays de très vieille et très haute culture qui, depuis des millénaires ont exercé l’un comme l’autre une puissante influence artistique, religieuse, philosophique, littéraire et politique sur tout le reste de l’Asie moyenne et orientale, insulaire et continentale.
Il reste 94 % de l'article à lire