Du bon usage de la décolonisation
On aurait aimé que les idées développées par l’auteur l’aient été davantage, car ce livre est bien mince pour épuiser celles qu’il contient et qu’il faudrait répandre. Le lecteur y trouve en effet une rapide mise au point sur la réalité de la colonisation dont on a tant médit et qui a tout autant – sinon plus – de lumières que d’ombres. Mais il lit essentiellement un essai, qui est en même temps un guide, à l’usage des « coopérants » en Afrique francophone, de tous ceux qui, volontairement, vont dans nos anciennes colonies devenues indépendantes, apporter l’aide et la collaboration techniques dont ces pays neufs ont le plus grand besoin. Non pour continuer l’œuvre coloniale, mais pour la transformer, la transcender dans le respect des Africains, de leurs traditions, de leurs coutumes et de leurs aspirations présentes. Et sans doute, sans faire de « grandes œuvres », mais en accomplissant de nombreuses et si possible de très nombreuses installations pratiques, modestes dans leurs dimensions, considérables dans leurs effets, car elles allègent la peine des hommes et leur permettent de se consacrer à leur développement intellectuel et social.
Sur ce thème que nous résumons ici en quelques mots, Robert Delavignette donne une véritable « leçon » de psychologie africaine, que tous ceux qui connaissent et aiment l’Afrique auraient sans doute voulu écrire, tant les idées y sont simples, claires et justes ; elles reposent sur une expérience et une réflexion dont les jeunes ne sauraient se passer et assurent le passage entre ce qu’il y avait de meilleur dans la colonisation et ce qu’il devrait y avoir de meilleur dans la décolonisation.
L’auteur développera-t-il un jour cet essai rapide, brillant malgré sa pondération – ou à cause d’elle – et plein d’un bon sens pénétrant ? On le souhaite, pour les Européens et les Africains, afin qu’ils se comprennent mieux et s’estiment davantage.