Maritime - Les crédits de la Marine dans le projet de budget de 1969 - L'activité des forces navales en France et à l'étranger
Les crédits de la Marine dans le projet de budget de 1969
Le projet de budget des Forces armées pour 1969 a été déposé le 10 octobre 1968 sur le bureau de l’Assemblée nationale. Après examen de la Commission des finances et de la Commission de la défense nationale, il a été voté sans modifications dans la nuit du 30 au 31 octobre.
Il s’élève, chiffres arrondis, à 26,363 milliards de francs (24,992 en 1968), dont 13,294 pour les dépenses ordinaires du Titre III (12,009 en 1968) et 13,069 pour les dépenses en capital du Titre V (12,982 en 1968). Les crédits accordés représentent, en valeur absolue, environ 1,371 Md de plus qu’en 1968, mais, en fait, cette augmentation ne suffit à éponger ni les hausses de soldes et salaires, qui affectent surtout le Titre III (près d’un milliard), ni les hausses de prix, qui alourdissent d’un demi-milliard les dépenses d’armements du Titre V. Ces hausses, en général consécutives aux événements de mai et de juin, ont imposé des économies, dont l’effet a été de réduire de 19,44 % en 1968 à 17,8 % en 1969 la part du budget des Forces armées dans le budget global et de 4,34 % à 4,08 % son pourcentage par rapport au produit national brut : c’est une des proportions les plus faibles qu’on enregistre dans les nations industrialisées. En outre, l’équilibre péniblement atteint depuis 1965 entre le Titre V et le Titre III a de nouveau été rompu au détriment des dépenses en capital, pourtant les plus productives (49,6 %, au lieu de 52 % en 1968).
Les crédits dont disposera la Marine en 1969 s’élèvent à 4 576 616 922 F (331 295 860 de plus qu’en 1968) : les dépenses ordinaires progressent d’environ 154,5 millions, avec un total de 2 166 276 922 F, – les dépenses en capital de plus de 176,7 M, avec un total de 2 410 340 000 F : on observera qu’en raison de l’importance du matériel dans le budget naval, les crédits accordés au Titre V continuent heureusement de l’emporter quelque peu sur ceux du Titre III. Comme les crédits de paiement, les autorisations de programme inscrites aux dépenses en capital accusent une augmentation légère de 167,7 M environ par rapport à 1968, avec un total de 2 188 312 000 F.
Mais il ne faut pas que ces chiffres fassent illusion : de même que l’ensemble des Forces armées, la Marine a dû compenser par des compressions sévères, génératrices d’abandons ou d’étalements de travaux, les hausses des soldes ou salaires et des prix.
Bien que les crédits de paiement du Titre III soient majorés, on vient de le voir, de quelque 154,5 M, les dépenses de personnel (rémunérations, entretien, charges sociales), supérieures de 160 M à leur montant en 1968, font plus qu’absorber cette majoration ; cependant, comme l’assure M. d’Aillières, rapporteur du Titre, les besoins en effectifs (le projet de budget fixe ceux-ci à un chiffre moyen de 68 945 officiers, marins et personnel féminin rémunérés par la section Marine) « ne pourront pas être couverts en totalité ». – Il en va de même du fonctionnement des armes et services : si les approvisionnements de la Marine et l’entretien des matériels de série de l’Aéronavale se maintiennent à leur niveau antérieur (ce qui, compte tenu des hausses de prix, équivaut à les réduire), l’entretien des bâtiments de la Flotte est amputé de 1,2 M, les combustibles et carburants de 5,2 M : il en résultera, comme le dit encore M. d’Aillières, un report des grands carénages, l’arrêt de certains achats de rechanges, l’étalement des travaux qui prolongera la durée des indisponibilités ; au total « l’entretien ne pourra être assuré qu’aux deux tiers de l’indispensable ». Quant au déficit des combustibles et carburants, il aura évidemment pour conséquences une réduction de l’entraînement à la mer, des exercices et des croisières.
Le Titre V, malgré une augmentation de 176,7 M pour les crédits de paiement et de 167,7 pour les autorisations de programme, n’est guère plus favorisé, à cause à la fois de la hausse des prix et des retards que les difficultés financières, jointes à des embarras techniques et aux grèves du printemps dernier, ont fait subir aux constructions neuves.
Sans doute, en ce qui concerne les crédits de paiement, les constructions neuves de la Flotte et les munitions bénéficient, comme il le fallait, de majorations importantes (respectivement 212,7 M et 26,5 M) ; mais les autorisations de programme, preuve par excellence de l’exécution régulière des plans à long terme, donnent une moins bonne impression : seules, celles qui regardent le matériel de série de l’Aéronavale et les munitions augmentent dans une proportion assez appréciable (74,4 M pour les premières, 18,9 M pour les secondes, à cause de l’importance relative des commandes nouvelles). Les autres chapitres ne diffèrent guère, pour la plupart, de 1968, et celui des constructions neuves de la Flotte – le 53-71 toujours le plus largement doté – tombe de 1 277 311 000 F à 1 139 612 000 (137 699 000 F de moins que dans le budget précédent).
Pour ne rien dire des provisions concernant les aléas techniques et les réévaluations économiques, ce chapitre fait état essentiellement :
– au titre des constructions neuves de la Flotte, de la corvette Aconit et des 2 corvettes C67, des chasseurs de mines du type Circé, de nouveaux avisos de 1 000 tonnes, du bâtiment d’expérimentation sous-marine Triton et de petits bâtiments de région (350,8 M) ;
– au titre des grosses refontes et des modernisations, de la refonte anti-sous-marine (ASM) des escorteurs d’escadre, de la refonte des sous-marins de la classe Narval, de la modernisation DSM des escorteurs rapides et de l’extension du Senit (Système d’exploitation navale des informations tactiques), d’une prochaine conversion du Colbert en croiseur lance-engins surface-air du type Masurca, enfin d’une modernisation électronique des sous-marins de la classe Daphné (155,6 M),
– au titre de la Force nucléaire stratégique, des 3 sous-marins Redoutable, Terrible, Foudroyant et de leur environnement (556,6 M contre 742,1 en 1968).
Il va de soi que ces brèves indications du fascicule budgétaire doivent être complétées par les déclarations du ministre Pierre Messmer à la presse ou devant l’Assemblée nationale et par les rapports pour avis de la Commission de la défense nationale :
– La corvette Aconit sera présentée en recette en 1970 ; mais, ayant un tonnage trop faible (3 000 t) pour recevoir, au cours d’une refonte ultérieure, de nouveaux systèmes d’armes, elle ne sera pas reproduite et embarquera seulement 2 canons antiaérien (AA) de 100 mm, 1 rampe simple ASM Malafon, 1 mortier de 305 ASM et 2 catapultes pour torpilles.
– Au contraire, les 2 corvettes C67, qui vont être commencées à Lorient pour n’entrer en service qu’en 1973 (avec un retard, semble-t-il, de 18 mois à 2 ans), auront un tonnage de 5 000 tonnes qui permettra de les doter au cours de leur carrière des équipements les plus modernes. Leur armement initial comprendra 3 canons de 100, 1 rampe Malafon, 1 mortier de 305, 2 catapultes pour torpilles, 2 hélicoptères légers ASM WG13 de construction franco-britannique et le système Sénit ; il devait être complété par un engin anti-engins aérodynamiques (programme Mandragore), mais le ministre a rejeté ce programme comme techniquement trop ambitieux, excessivement coûteux et d’une efficacité militaire incertaine contre une cible de très faibles dimensions et volant presque au ras de l’eau en fin de parcours à une vitesse de Mach 2 : il a préféré lui substituer deux programmes « beaucoup moins chers et militairement très supérieurs », l’engin Mer-Mer 38, « capable de couler un navire assez important à 40 km » et dont l’étude a été confiée à Nord-Aviation, un engin antiaérien encore à étudier.
– Les nouveaux avisos de 1 000 t inscrits dans le projet de budget remplaceront les escorteurs côtiers actuels du type Fougueux, dont le tonnage est insuffisant pour accepter un armement et un équipement de détection modernes. Conçus avant tout pour la lutte ASM, ils renforceront en cas de besoin nos stations d’outre-mer.
– Pour des raisons à la fois techniques, économiques et sociales (la crise du printemps), la construction de nos SNLE et la fabrication de leurs engins balistiques enregistrent un retard d’au moins six mois : le Redoutable ne sera présenté en recette qu’au mois de mai prochain et ne deviendra opérationnel qu’en 1971, le Terrible et le Foudroyant le deviendraient à leur tour en 1973 et 1975. Les premières charges des MSBS (Mer-sol balistique stratégique) consisteront en un matériau fissile dopé d’une puissance approximative de 500 kilotonnes ; des charges de l’ordre de la mégatonne, suivront, après militarisation des bombes thermonucléaires expérimentées en Polynésie en 1968 et 1969.
– La construction du sous-marin de chasse à propulsion nucléaire Rubis, inscrit dans le plan de 1965-1970, a été reportée au-delà de 1970 : il s’orientait vers un tonnage de 6 000 à 7 000 t fort coûteux et qui aurait rendu son emploi difficile dans la lutte ASM. Mais le prototype à terre d’un réacteur plus petit que celui des SNLE et très silencieux a été mis à l’étude : sa réussite conditionne évidemment la construction du futur sous-marin de chasse, dont le tonnage, comme celui des Permit américains et des Valiant britanniques, irait de 3 000 à 4 000 t.
– Quant au ravitailleur de munitions Acheron, inscrit dans le plan 1960-1964, mais sur cale en 1967 seulement, sa construction a été abandonnée par économie, au moins jusqu’à nouvel ordre : la faiblesse de nos approvisionnements en munitions et en missiles de toute nature ne justifiait plus son existence.
En bref, le budget de 1969 se présente, à l’instar du précédent, comme un budget d’austérité. Une austérité peut-être plus stricte encore, par la faute des circonstances ; car, s’il n’abandonne aucun de nos choix fondamentaux, il se caractérise aussi par de nouveaux délais dans l’exécution, voire des renonciations temporaires ou définitives.
Certes l’année 1969 verra, comme l’a dit le ministre, un certain nombre de réalisations intéressantes : les premiers essais à la mer du Redoutable, le lancement du Terrible et la mise sur cale du Foudroyant, le lancement d’un Daphné et de l’Aconit, l’achèvement de la refonte de 2 Narval et de 2 escorteurs d’escadre, l’expérimentation du Sénit sur 3 autres escorteurs d’escadre. Il n’en va pas moins – le ministre, parlant pour les trois armées, y a fortement insisté – que le budget de 1969 est « très tendu, parce que fondé sur trois hypothèses ou séries d’hypothèses » :
– l’absence d’erreurs techniques graves, qui coûteraient fort cher (on fait tout pour les éviter),
– l’espoir que de nouvelles hausses de salaires et de prix ne dépasseront pas les limites actuellement fixées à 4 % pour les premières et 5 % pour les secondes,
– enfin le maintien de la paix en Europe ou même dans le monde.
Poussant son analyse jusqu’à la fin de la prochaine décennie, qui devrait être marquée par le rajeunissement de nos « forces d’action extérieures » (corvettes remplaçant les escorteurs vieillis, avisos, sous-marins nucléaires de chasse, 1 nouveau porte-hélicoptères, chasseurs de mines, une dizaine de bâtiments logistiques et océanographes) et par le renouvellement de l’aviation embarquée (le Jaguar succédant au Dassault Étendard IVM et, peut-être, le Dassault Mirage G en version navale au Vought F-8 Crusader, l’hélicoptère franco-britannique WG13), M. de Bennetot, rapporteur pour avis du budget de la Marine, écrit pour sa part : « il est nécessaire que les plans de l’avenir constituent un compromis réaliste entre nos possibilités budgétaires et le coût des moyens jugés utiles pour la défense du pays. Il est particulièrement important qu’ils soient étudiés à partir d’évaluations financières aussi précises que possible – domaine où des progrès considérables doivent être accomplis – faute de quoi ils auraient toutes chances de subir le sort des deux plans antérieurs ».
L’activité des forces navales en France et à l’étranger
Sans mériter autant que le budget de retenir l’attention, l’activité des forces navales des principales puissances n’a nullement été négligeable au mois d’octobre.
En France, la frégate lance-engins Duquesne vient d’achever ses premiers essais à la mer (navigation, machines, installations de ravitaillement à la mer, première vérification des équipements électroniques). Elle appareillera de nouveau à la fin du mois de novembre pour ses essais d’armes (rappelons à cet égard que, si le Duquesne, réplique du Suffren, est doté comme lui d’engins mer-air Masurca, ceux-ci ne sont plus téléguidés, mais autoguidés, et auront une portée et une capacité d’intervention à basse altitude supérieures à celles des engins embarqués sur le Suffren). Le Duquesne entrera vraisemblablement en service à la fin de 1969 ou au début de 1970.
Le Pacifique se vide peu à peu des bâtiments partis de la métropole pour contribuer à la campagne de tirs de 1968 à Mururoa et Fangataufa. Signalons, parmi les retours les plus importants, celui du croiseur de commandement De Grasse, qui a quitté Papeete pour Brest le 4 octobre via Panama, et celui de la force Alfa, qui a également appareillé de Papeete le 16 pour Buenos Aires et la France via le cap Horn : le ministre a déclaré, à l’occasion du débat budgétaire, que le dispositif de sécurité à mettre en place dans la campagne de tirs de 1969, plus réduite que celle de 1968 et pratiquement sans retombées radioactives, serait allégé et ne nécessiterait pas une nouvelle intervention de la force Alfa.
Nous ne mentionnerons que pour mémoire à cause de leur nombre – car ils se répètent avec régularité – les exercices bilatéraux ou interalliés auxquels nos forces navales ont participé au mois d’octobre : les exercices franco-espagnols Finisterex VII (ASM dans le golfe de Gascogne) et Murcie IV (AA et ASM au large des côtes de Provence), l’exercice interallié de dragage Medsweepex 64 en Méditerranée occidentale (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie), enfin un autre exercice franco-espagnol de dragage devant La Pallice.
Dans le domaine de l’Aéronavale, le patrouilleur lourd à grand rayon d’action Breguet Atlantic vient de remporter un nouveau succès : nous avons déjà dit que les Pays-Bas en avaient acheté 9 et que l’Italie, émue par l’expansion navale russe en Méditerranée, songeait à l’imiter. C’est, semble-t-il, chose faite : elle a décidé dans les derniers jours d’octobre de commander 18 Atlantic. La catastrophe survenue au Salon de Farnborough le 20 septembre ne paraît pas avoir porté préjudice à cet excellent appareil.
Aux États-Unis, où les grands bâtiments de combat avaient eu la priorité au mois de septembre avec le « commissionnement » du porte-avions lourd John F. Kennedy, le mois d’octobre n’a pas été marqué par des opérations d’une égale importance. Il convient néanmoins de mentionner la mise en service le 12 octobre du sous-marin de chasse à propulsion nucléaire (SSN) Whale : après avoir longtemps piétiné à cause des défauts qu’on y avait décelés, la construction des SSN dérivés du malheureux Thresher paraît se poursuivre aujourd’hui allègrement ; 5 ont été lancés ou commissionnés en moins de quatre mois. Citons aussi, car il s’agit du rajeunissement de la flotte amphibie américaine par la construction systématique de bâtiments filant au moins 20 nœuds (LHA, LPH, LPD, LSD, LST), la mise à l’eau du LST (navire de débarquement) Fresno, deuxième exemplaire d’une série qui comprendra 20 unités de 8 300 t pleine charge et 20 nœuds (28 septembre).
La Royal Navy, également, n’a procédé qu’à des opérations secondaires : après l’achèvement de la refonte de la frégate Exmouth (juillet), transformée en bâtiment expérimental pour l’étude de la propulsion exclusive par turbines à gaz qui doit être adoptée sur les futurs escorteurs de 2 000 t successeurs des Leander, la modernisation AA et ASM de la frégate Yarmouth (1 affût quadruple d’engins mer-air à courte portée Sea Cat, 1 hélicoptère) vient de se terminer à son tour au mois d’octobre : elle sera étendue progressivement aux 8 autres unités de cette classe, encore assez jeunes (leur entrée en service date de 1960-1961) pour mériter une revalorisation aux moindres frais de leur puissance combative.
Trois exercices récents influenceront peut-être la politique navale de la Grande-Bretagne.
– L’exercice Otan Silver Tower, exécuté dans l’Atlantique-Nord au mois de septembre (défense de la Norvège contre la pression politique et militaire d’une puissance étrangère) a fait ressortir combien les Striking Fleets en opérations dans cette zone manquaient de porte-avions : ils se dispersent entre le Vietnam, la Méditerranée, l’océan Indien, les grands carénages et les refontes. Des experts écoutés se sont demandé s’il n’existait pas un moyen (achat allié, soutien financier ?) d’inciter la Grande-Bretagne à prolonger au-delà de 1972 la durée des services de l’Eagle et de l’Ark Royal.
– Un deuxième exercice, purement national mais interarmées, s’est déroulé en mer d’Irlande au mois d’octobre : il avait pour objet de vérifier, dans des opérations amphibies, la disponibilité de la fameuse réserve stratégique métropolitaine. On sait quels intérêts présentent la mobilité et la rapidité d’intervention de cette force pour la défense du Commonwealth, mais les enseignements de l’exercice ne sont pas encore publiés, s’ils doivent l’être.
– Un dernier exercice enfin, baptisé Coral Sands et groupant des bâtiments britanniques, américains, australiens et néo-zélandais pour la défense supposée du Queensland menacé par un raid amphibie, a peut-être préludé à l’établissement d’une stratégie commune anglo-saxonne dans cette région du monde, après que la Far East Fleet aura évacué Singapour.
D’après les renseignements les plus récents obtenus sur la présence russe en Méditerranée, le Moskva aurait une vocation ASM plutôt que d’assaut : les dimensions réduites de son hangar et de son pont d’envol couvrant l’arrière seulement, l’existence d’un sonar remorqué et les caractéristiques des appareils embarqués (une quinzaine au plus, en dépit des 23 000 t probables du bâtiment, et dérivés d’un hélicoptère de type commercial) paraissent le prouver. Il n’en va pas moins que la puissance apparente de ses engins AA et ASM, comme son tonnage et son mode de propulsion (turbines à vapeur et à gaz combinées ou turbines à gaz seules) font de lui un bâtiment de premier ordre pour la lutte anti-sous-marine en haute mer ; la flotte soviétique n’en avait pas jusqu’à présent de cette classe.
Les forces russes en Méditerranée auraient compris vers la mi-octobre quelque 40 unités dont une vingtaine de combat. Parmi celles-ci le Moskva, 1 croiseur lance-missiles surface-surface aérodynamiques du type Kynda, 4 ou 5 destroyers dont 1 Kroupnyi de même armement et les autres lance-missiles surface-air, un nombre incertain de sous-marins. Les moyens amphibies et le train d’escadre sont fort inférieurs à ceux de la VIe Flotte américaine, qui compte d’ailleurs 35 à 40 bâtiments de combat, parmi lesquels figurent 2 porte-avions lourds totalisant environ 200 appareils, sans équivalents du côté soviétique.
La presse non spécialisée a souvent exagéré l’importance des forces navales russes dans le Levant, faute d’avoir noté avec assez de précision les retours en mer Noire après relève. Mais même réduites aux effectifs indiqués ci-dessus elles restent considérables. L’envoi de détachements dans les eaux de Cagliari et jusqu’à Casablanca, rapproché de la croisière récente d’une petite Task Force dans l’océan Indien, montre que l’URSS entend pratiquer désormais une politique de présence navale mondiale et sans doute aussi de pression sur certains pays faibles ou sous-développés.