Le pari informatique
Comme l’écrit Émile Roche, président du Conseil économique et social, dans la préface de l’étude de Pierre Lhermitte, le lecteur qui serait dès l’abord rebuté par le langage utilisé ferait mieux de ne pas poursuivre. En effet, on ne peut parler d’informatique en langage courant, sauf à se borner à des vues générales. L’ambition de l’auteur était de donner des idées précises sur la situation actuelle et les développements souhaitables de la technique de l’informatique, et d’en indiquer ensuite les conséquences économiques et sociales.
Pour le profane, cet ouvrage fait naître un monde nouveau, dans lequel l’homme interrogera – peut-être oralement – une machine qui lui répondra de même. Il ne s’agit évidemment ni d’anticipation littéraire, ni de conte de fées. Si cet exemple n’est qu’anecdotique, il n’en montre pas moins les surprises qui attendent le lecteur encore non informé.
L’informatique fait entrer l’homme dans une ère de transformations profondes de ses habitudes de pensée, de ses traditions et de son organisation sociale. Elle aide les modifications déjà amorcées et bien connues dans les domaines de la concentration, de la décentralisation industrielle, de la centralisation administrative, de la dispersion géographique des différents éléments d’un même ensemble relié par des moyens de transmission instantanés. L’exemple des États-Unis montre déjà les tendances de cette évolution et permet d’apprécier le rythme actuel et futur. Mais parmi les conditions de réalisation d’une si entière mutation, il en est une : la prise de conscience par les hommes des possibilités et des impératifs de la science informatique, qui semble avoir une valeur particulière.
C’est de celle-ci que le lecteur non scientifique se rendra compte en lisant ce livre, qui lui ouvrira sur l’avenir des perspectives inattendues et cependant quasi inéluctables. ♦