La détente vue de Moscou
L’équilibre européen, déjà durement ébranlé en 1919, a été complètement mis à mal en 1945 par les décisions de Yalta. À l’origine l’Europe était constituée de trois grands espaces géopolitiques : l’Europe de l’Est, celle du Centre, celle de l’Ouest.
Au cours des siècles, l’Europe centrale joua le rôle d’un bastion, d’un rempart sur lequel vinrent se briser tout d’abord les invasions des Mongols et des Turcs et qui, ensuite, barra la route à la poussée des peuples slaves. Depuis le démembrement de la monarchie austro-hongroise, l’Europe centrale a perdu sa cohésion et n’a jamais retrouvé la paix et la sécurité. Ce démembrement, décidé en 1919, ne répondait nullement aux réalités politiques, économiques et culturelles d’une région qui constitue en fait une entité géopolitique assez nettement définie. Bien que cinquante ans se soient déjà écoulés depuis le traité de Saint-Germain, le temps n’a pas ratifié les décisions prises alors par les puissances alliées.
Avec la fin de la deuxième guerre mondiale, le panslavisme vit enfin se réaliser son vieux rêve : prendre pied dans le bassin danubien. Seule, la Yougoslavie put échapper à son emprise, les ambitions de Moscou s’y étant heurtées jusqu’à présent à la résistance de Tito. La ceinture de satellites soviétiques, qui va de la mer Baltique à la mer Noire, n’est plus désormais entre l’Est et l’Ouest cette Europe intermédiaire que l’on appelait autrefois « Mittel Europa ». Elle est sans aucune ambiguïté une avancée de l’Europe de l’Est. L’Est et l’Ouest européens en sont venus au voisinage immédiat.
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