Maritime – Dans la péninsule ibérique : situation des marines de guerre et de commerce de l’Espagne et du Portugal – La Marine de la République populaire chinoise – Situation de la flotte pétrolière mondiale
Marines de guerre et de commerce de l’Espagne
Baignée par la Méditerranée et l’Atlantique, la péninsule ibérique occupe à l’extrémité occidentale du continent européen une situation stratégique privilégiée. Face à un perturbateur qui déferlerait sur l’Europe, elle constituerait même, à l’époque des fusées et des troupes aéroportées, grâce aux Pyrénées et au caractère montagneux du pays, une véritable place forte. Aussi cette situation ne pouvait-elle laisser indifférentes les grandes puissances occidentales. Le Portugal appartient à l’Otan ; sa marine est chargée de la défense des côtes. L’Espagne, selon toute vraisemblance, serait du côté du monde libre en cas de conflit avec l’URSS. Bien qu’en plein essor économique, ses ressources ne lui permettent de consacrer à sa défense qu’une modeste partie de ses moyens (15,9 % du budget en 1968). Elle a donc cherché à obtenir l’aide militaire des États-Unis et depuis peu de notre pays. En échange, elle a, en 1953, autorisé les premiers à établir des bases aériennes à Torrejón, Saragosse et Morón et une base aéronavale à Rota, près de Cadix, et à s’y maintenir pour une période de cinq ans renouvelable. Ces bases demeurent cependant sous juridiction nationale. Présentement, ces bases aériennes ne sont plus utilisées par l’US Air Force, mais elles pourraient être réactivées rapidement. À Rota par contre, sont basées une escadrille de sous-marins Polaris, une flottille d’avions ASM (anti-sous-marins) lourds et une flottille de transport de la Navy ainsi que des éléments du MAC (Military Airlift Command, ex-Military Air Transportation Service - MATS). Aucun pays tiers ne peut utiliser ces diverses bases. Les accords de 1953 ont été reconduits en 1958 et 1963. En 1968 cependant, les deux parties contractantes n’ont pu se mettre d’accord sur les modalités de l’aide militaire et financière que l’Espagne souhaitait obtenir en échange du renouvellement du bail. L’accord existant a été récemment prorogé pour une année en attendant la mise sur pied d’un nouvel accord.
La Marine de guerre espagnole, dont le Commandement suprême est exercé par le chef de l’État, est « avant tout gardienne de l’honneur et de l’indépendance de la patrie contre ses ennemis extérieurs et intérieurs, et a pour mission d’atteindre les objectifs maritimes de la Nation en paix et en guerre ».
Son organisation assez complexe peut être résumée comme suit :
La politique navale en tant que partie intégrante de la politique générale du pays relève du ministre de la Marine assisté du Conseil du ministère et de l’amiral, chef d’état-major. Celui-ci est responsable de la stratégie et de la tactique navales, de la mise en condition des forces et de leur logistique. Il est assisté par l’État-Major de la Marine, lui-même sous les ordres du sous-chef d’État-Major chargé de coordonner ses activités. Cet officier général assure l’intérim du chef d’État-Major en cas de besoin. La Direction logistique, dirigée par un officier général, est chargée des constructions navales militaires, des approvisionnements et des transports. Les arsenaux relèvent de son autorité ainsi que la Direction de la recherche et développement.
Au niveau inférieur, c’est-à-dire celui de la préparation et de la conduite des opérations, on trouve :
– le commandant général de la flotte, de qui relèvent les divers éléments endivisionnés qui la composent ;
– le commandement général de l’infanterie de marine, responsable de cette dernière et des forces de débarquement ;
– les capitaines généraux commandant les Départements militaires du Ferrol, de Cadix et de Carthagène ainsi que les forces qui leur sont affectées en propre ;
– un quatrième capitaine général est chargé des provinces péninsulaires n’ayant pas de façades maritimes ;
– le vice-amiral chargé de la défense navale des Canaries et des façades maritimes du Sahara espagnol et du territoire d’Ifni.
Pour clore cet aperçu de l’organisation navale espagnole, disons qu’en cas d’alerte nationale ou de guerre, la Marine marchande passe sous les ordres du ministre de la Marine.
La flotte se compose de quelque 160 navires totalisant environ 100 000 tonnes dont 45 000 pour la flotte logistique. Dans son immense majorité le matériel est ancien bien qu’un effort sensible de modernisation ait été entrepris depuis quelques années. Il comprend :
– le porte-hélicoptères d’assaut Dedalo, qui n’est autre que l’ancien porte-avions léger américain Cabot, entré en service en 1943. Modernisé et transformé en porte-hélicoptères en 1967, ce bâtiment a été loué pour cinq ans à la Marine espagnole ;
– un vieux croiseur, le Canarias, datant de 1936 ;
– 22 destroyers ou escorteurs dont cinq du type Fletcher (2 100 t) cédés par l’US Navy ;
– six corvettes du type Descubierta de 1 000 t ;
– 25 dragueurs dont 13 océaniques ;
– huit sous-marins anciens ;
– six mouilleurs de mines ;
– une trentaine de navires amphibies et d’engins de débarquement de divers types parmi lesquels il faut citer deux transports d’assaut de 10 000 t cédés par les États-Unis.
À ces forces, dont les éléments ayant la plus grande valeur opérationnelle sont le Dedalo, les destroyers ex-américains, une douzaine d’escorteurs et les corvettes type Descubierta, il faut ajouter un certain nombre de petites unités, patrouilleurs, vedettes rapides, ainsi que quelques navires hydrographes et plusieurs bâtiments logistiques.
Si ces éléments sont, comme il a été dit plus haut, dans leur ensemble assez vétustes, un effort substantiel de rénovation de la flotte est en cours. Il porte principalement sur :
– cinq destroyers d’escorte anti-sous-marins et lance-missiles antiaériens dérivés du type Brooke de l’US Navy ;
– deux sous-marins à haute performance du type Daphné.
Ces bâtiments sont en construction dans les chantiers du Ferrol et de Carthagène avec l’aide technique des marines américaine pour les destroyers et française pour les sous-marins. Ils doivent, en principe, rallier la flotte au début des années 1970.
Dans le domaine de l’aviation navale, la Marine ne possède en propre qu’une trentaine d’hélicoptères d’assaut, de lutte anti-sous-marine et de liaison mais l’Armée de l’air met à sa disposition pour emploi sept hydravions Albatros (Grumman) de l’aviation tactique.
L’infanterie de marine, partie intégrante des forces navales, est forte d’environ 5 000 hommes dont 400 officiers. Elle comprend :
– des forces de débarquement ;
– des forces de défense et de sécurité ;
– des unités faisant partie des équipages des bâtiments.
Les premières appelées Tercio de Armada sont spécialement préparées à une intervention immédiate dans des opérations amphibies. Stationnées à San Fernando (Cadix), leurs effectifs se montent à environ 1 800 hommes répartis en quatre compagnies de combat, un groupe d’appui lourd et quelques unités spéciales telles que les nageurs de combat.
Les deuxièmes chargées d’assurer la sécurité des installations navales et de contribuer à leur défense sont réparties en trois tercios et groupements de composition variable en fonction des besoins de chaque juridiction. Il y a :
– le Tercio Sur à San Fernando ;
– le Tercio Norte au Ferrol ;
– le Tercio Levante à Carthagène ;
– le groupement Canaries à Las Palmas ;
– le groupement autonome de Madrid chargé de la protection des organismes de la Marine dans la capitale.
La Marine espagnole dispose de trois grandes bases possédant des moyens de construction et de réparation importants : le Ferrol et Cadix sur l’Atlantique, Carthagène en Méditerranée. Dans chacun de ces ports, l’arsenal est placé sous la juridiction d’une société nationalisée, l’Empresa Nacional Bazan. Cette société a le monopole des constructions et réparations des navires de guerre sous le contrôle de la Direction des constructions navales militaires. Elle travaille aussi pour les marines marchandes espagnole ou étrangères.
Il existe des points d’appui à Palma de Majorque, à Manon et Soller dans les Baléares, et à Las Palmas dans les Canaries. Ce dernier dispose d’un petit arsenal.
Enfin, les Espagnols possèdent dans le complexe aéronaval américain de Rota leur principale base d’hélicoptères.
Les effectifs sont de l’ordre de 50 000 hommes dont 4 000 officiers des divers corps et 8 000 officiers mariniers. L’infanterie de marine est comprise dans ce total.
Le recrutement est d’excellente qualité et il ne semble pas que la Marine éprouve des difficultés à pourvoir les différentes spécialités d’équipages qui disposent maintenant, avec le concours de l’aide américaine, de centres de formation bien équipés. Le niveau du personnel officier est équivalent à celui des marines occidentales, mais comme les promotions ont lieu à l’ancienneté jusqu’au grade de capitaine de vaisseau, la moyenne d’âge dans chaque grade est assez élevée (1). Chacun s’accorde à reconnaître sa grande conscience professionnelle, sa compétence et sa fierté de servir dans un corps au passé prestigieux. Chacun a certes conscience que le matériel qu’il est chargé de mettre en œuvre est encore assez ancien mais les années 1971 et suivantes verront l’entrée en service de bâtiments lance-missiles et de sous-marins qui viendront sensiblement le rénover.
Rappelons, pour terminer cet aperçu, que la flotte espagnole effectue avec la nôtre chaque année des exercices fructueux : Atlantide (amphibie), Finisterex et Faron (lutte ASM et défense aérienne), Toudra et Marinera (dragage).
Nous avons vu plus haut que la Marine marchande passerait en temps de guerre sous l’autorité du ministère de la Marine. Cette Marine est actuellement en pleine expansion et les chantiers navals espagnols travaillent à plein, tant pour les besoins nationaux que pour l’exportation. Selon les statistiques de la Lloyd’s elle occupait le 1er juillet 1968 le 15e rang dans le monde avec un tonnage global de 2 840 000 tonnes de jauge brute [tjb] dont 2 187 000 t de motorships et 1 013 000 t de pétroliers. Le nombre des navires de plus de 10 000 tjb s’élevait à 42 dont six pétroliers de plus de 50 000 t ; 61 % de cette flotte était composée de navires construits au cours des neuf années précédentes mais il y avait encore 14 % de navires âgés de plus de 30 ans. Par ailleurs, le tonnage de la flotte pétrolière comprenait 50 % de navires de moins de quatre ans.
En 1971, la flotte atteindra, selon les prévisions, 3 350 000 tjb, ce qui permettra grâce à la mise en service de navires neufs d’abaisser son âge moyen, de faire face au développement attendu du commerce extérieur et de réduire le déficit de la balance des transports maritimes. Durant l’année 1968, les chantiers navals ont livré 93 navires totalisant 471 730 tjb dont 35 représentent 101 000 pour l’exportation. Cette même année 497 000 t ont été mises sur cale. Le 1er janvier dernier, le carnet de commandes portait sur 246 bâtiments et 1 727 000 tjb dont 145 navires et 1 184 000 t pour l’exportation. Pour la première fois depuis des années, le carnet de commandes porte davantage sur l’exportation que sur le marché intérieur. En un an, l’Espagne est passée du 9e au 6e rang dans la construction navale mondiale. Parmi les navires commandés il faut noter un pétrolier de 150 000 t et trois autres totalisant 324 000 t destinés à un armement américain. On vient d’autre part d’apprendre que les astilleros de Cadix, soit les chantiers Naval et Euskalduna, ont fusionné, créant ainsi la plus grande entreprise de construction navale espagnole. La nouvelle société aura une capacité de production annuelle de près de 500 000 t. Cette fusion va permettre, sans aucun doute, d’accroître la compétitivité espagnole sur le marché mondial.
Marines de guerre et de commerce du Portugal
Le Portugal est en train de fournir un gros effort pour développer ses forces armées et en particulier sa marine. Cette dernière a la charge :
– d’assurer la sécurité des communications maritimes essentielles ;
– de protéger les ports nationaux et les eaux côtières ;
– de collaborer avec les autres forces armées à la défense du territoire national et des provinces d’outre-mer (Açores, Guinée, Angola et Mozambique).
Dans l’Otan, la Marine portugaise participe à la protection du trafic maritime dans la zone du Commandement d’Iberlant (Iberian Atlantic) et à la défense de ses bases d’outre-mer. Sur le plan purement aéronaval, sa contribution pour l’instant est assez théorique puisque la plupart des forces sont engagées outre-mer. Un escorteur moderne participe toutefois à la Standing Naval Force Atlantic. Dans le domaine de l’infrastructure, par contre, elle a mis à la disposition de l’organisation, la base aérienne d’Espinho, la base aéronavale de Montijo, des dépôts d’hydrocarbures et la totalité des installations navales de Lisbonne. Par ailleurs, le Portugal a mis à la disposition des États-Unis la base de Lajes sur l’île de Terceira, aux Açores. Cette base sert de relais pour les forces aériennes se rendant en Europe ; une flottille d’avions anti-sous-marins à grand rayon d’action de la Navy y serait actuellement stationnée. Rappelons, d’autre part, qu’une station de mesures pour nos expériences balistiques a été installée aux Açores (île de Flores) à la suite d’un accord conclu avec notre pays le 7 avril 1964.
Pour remplir sa mission, la Marine portugaise ne dispose que de moyens modestes et encore ceux-ci participent-ils dans leur majorité aux opérations que mène actuellement le pays pour lutter contre la rébellion dans les territoires d’outre-mer.
Avant d’en parler, examinons d’abord l’organisation de la Marine. Son ministre est responsable de la flotte de guerre, de la Marine marchande et de la flotte de pêche. L’activité du ministère embrasse donc deux branches distinctes, une relative à la Marine militaire, l’autre à la Marine marchande. Pour la première, le ministre dispose du Conseil de la Marine et de la Direction d’intendance et des services chargés des questions logistiques. Pour la seconde, il est secondé par la Direction générale de la Marine et la Commission nationale de la Marine marchande.
La flotte de guerre se compose d’une centaine de bâtiments totalisant environ 75 000 t dont 45 000 de navires de combat. Les unités les plus modernes sont quatre avisos-escorteurs du type Commandant Rivière achevés à Nantes entre 1967 et 1969, trois destroyers d’escorte de 1 900 t du type Dealey de l’US Navy construits au Portugal sur crédits offshore, trois sous-marins type Daphné et une douzaine de dragueurs. Les autres bâtiments sont en général très anciens ou de petit tonnage. Pour renouveler ce matériel, outre une quatrième unité type Daphné en achèvement chez Dubigion à Nantes, la Marine portugaise a récemment commandé six corvettes de 1 440 t : trois en Allemagne fédérale et trois en Espagne. Les appareils moteurs ont été commandés en France.
La plus grande partie de la flotte est basée à Lisbonne, siège du Commandement naval du continent. Mais, par roulement, les navires sont envoyés dans les provinces d’outre-mer qui ont chacune un commandement naval.
L’aéronautique navale créée en 1917 a été supprimée en 1952. Ses éléments furent, à cette époque, réunis à ceux des Forces aériennes portugaises. La Marine dispose toutefois d’un groupe d’avions anti-sous-marins Neptune basés à Montijo, à l’embouchure du Tage.
Le personnel se monte à environ 15 600 hommes dont 2 500 fusiliers-marins. Ces derniers, de création récente, ne constituent pas une véritable infanterie de marine, mais plutôt une formation spéciale à qui sont confiées des missions opérationnelles ou de défense des installations à terre. Le marin portugais a conscience d’appartenir à un pays riche de tradition maritime. Ne s’est-il pas récemment montré digne de son glorieux passé en faisant preuve d’une grande abnégation lorsque le stationnaire de Goa fut, le 18 décembre 1961, détruit après un furieux combat en s’opposant à des forces indiennes d’une supériorité écrasante.
La Marine marchande portugaise a beaucoup souffert de la guerre. Malgré un effort de rénovation entrepris dès 1945, elle est menacée de vieillissement. Toujours selon les chiffres de la Lloyd’s, elle se composait le 1er juillet 1968 de 348 navires totalisant 771 600 tjb dont 187 000 de pétroliers. Le nombre de navires de quatre ans était seulement de 42 jaugeant 76 400 t tandis que celui des bâtiments âgés de 15 à 30 ans se montait à 141 représentant 346 000 tjb environ. Au cours des prochaines années, le Portugal devra accélérer le rythme des constructions navales et faire des acquisitions à l’étranger s’il veut à la fois garantir l’appui logistique nécessaire à ses forces armées et satisfaire aux exigences de son commerce maritime dont le tiers seulement s’effectue sous pavillon national.
La marine de la République populaire chinoise
À la suite des incidents qui se sont multipliés ces derniers temps le long de la frontière sino-soviétique, il a souvent été fait allusion à l’Armée chinoise et à ses possibilités. Par contre, peu d’informations ont paru sur la flotte de Mao Tse Toung [Zedong]. Quelles sont son importance et son organisation, c’est ce que nous allons brièvement examiner dans le cadre forcément restreint de cette chronique.
Composée au début de bâtiments divers d’origine américaine, britannique ou nippone capturés en 1947-1949 aux nationalistes, la Marine communiste chinoise s’est développée à partir de 1950 grâce à d’importantes cessions soviétiques. Cette aide a duré jusqu’en 1962. La Marine a connu alors un temps d’arrêt d’environ deux ans dans son évolution comme tous les autres secteurs, puis celle-ci a repris à un rythme lent mais soutenu. Cela s’est traduit par la construction d’un nombre restreint d’escorteurs mais plus élevé de vedettes lance-torpilles ou lance-missiles ainsi que de dragueurs. Un sous-marin Diesel lance-engins du type G soviétique, livré en pièces détachées avant 1962, a été achevé et les Chinois auraient réussi, si l’on en croit les annuaires spécialisés des flottes, à mettre au point des missiles balistiques pour ce bâtiment, mais il convient de dire que c’est là une hypothèse que rien n’est venu étayer jusqu’à présent. Quoi qu’il en soit, la Marine de Mao Zedong se composerait d’un millier de bâtiments totalisant moins de 300 000 t. En fait, il s’agit plus d’une « poussière navale » essentiellement chargée de la défense des côtes que d’une véritable flotte.
Le commandant de la Marine est un commandant d’arme au sein de l’État-Major général de l’Armée populaire de libération. Il commande directement les forces de haute mer et supervise l’administration des régions maritimes.
Le littoral chinois a été partagé en trois régions maritimes :
– la région du Nord, dont le poste de commandement (PC) est à Dalian, s’étend du fleuve Yalou [Yalu] au Nord jusqu’à Lien Yven Kang au Sud ;
– la région de l’Est, de Lien Yven Kang jusqu’à Chao An Wan au Sud (PC à Shanghai) ;
– la région sud, dont la juridiction s’étend de Chao An Wan jusqu’à la frontière du Nord-Vietnam et sur l’île de Hainan (PC à Yulin).
Les commandants de ces régions sont chargés de la défense du littoral ainsi que de l’administration des ports, arsenaux, écoles et autres établissements de la Marine situés dans leur zone de juridiction. Subordonnés au général commandant la région militaire correspondante, leur autorité opérationnelle s’exerce sur les petits bâtiments de guerre, l’aéronautique navale et les troupes de défense des côtes affectés à la région.
La flotte comprendrait :
– une quarantaine de sous-marins, la plupart du type W soviétique (1 150 t, six tubes lance-torpilles, 12 torpilles) ;
– environ 25 escorteurs de 500 à 1 500 t ;
– 150 à 200 patrouilleurs côtiers ;
– une vingtaine de dragueurs ;
– environ 300 vedettes lance-torpilles ou lance-missiles ;
– au moins 300 chalands de débarquement en majorité de très petit tonnage.
L’aéronautique navale serait forte d’environ 500 appareils dont la moitié d’intercepteurs types Mig-15, 17 ou 19. Il existerait aussi une centaine de bombardiers-torpilleurs type Il-28. Les effectifs sont estimés à environ 200 000 hommes ainsi répartis :
– Marine proprement dite : 65 000 h.
– Aviation navale : 15 000 h.
– Infanterie de Marine (2) : 80 000 h.
– Forces terrestres de la Marine (DCA, batteries côtières, etc.) : 40 000 h.
La durée du service est de six ans pour le personnel embarqué et de cinq ans pour celui qui sert à terre. Les grades et insignes de grade ont été, comme dans l’armée et l’aviation, supprimés en 1965. Les appellations en usage se rapportent uniquement à la fonction exercée. La formation des officiers est assurée dans un certain nombre d’écoles ; sa durée est de cinq ans dont trois d’embarquement.
Situation de la flotte pétrolière mondiale
Dans les renseignements donnés plus haut sur la composition des flottes marchandes espagnole et portugaise nous avons utilisé, pour situer leur importance, le tonnage de jauge brute (3). Ce tonnage, appelé parfois tonnage brut, représente le volume total des locaux fermés utilisables commercialement, augmenté du volume des machines, des soutes et des locaux d’habitation situés au-dessous du pont principal des navires de commerce. Ce terme est le plus souvent employé pour chiffrer l’importance d’une flotte ou des constructions navales marchandes.
Les chiffres (4) ci-dessous concernant la situation de la flotte pétrolière mondiale au 1er juillet 1969 sont, cette fois, exprimés en tonnes de port en lourd. Le port en lourd (tonnage deadweight [ou tdw]) s’exprime en unités de poids, c’est-à-dire, soit en tonnes métriques, soit en tonnes anglaises (1 016 kg).
Le 1er juillet 1969, la flotte mondiale de pétroliers de plus de 7 000 tdw s’élevait à 133 millions de t. Les pétroliers antérieurs à 1946 n’entrent maintenant que pour environ 3,4 % dans ce total tandis que ceux de la période 1946-1955 représentait 13,4 %, ceux de la période 1956-1965, 49,9 % et enfin ceux qui sont âgés de trois ans au plus représentent 33,3 %. Le tonnage global des pétroliers en construction ou commandés à cette date s’élevait à près de 67 millions de tdw ; figurent dans ce total 245 bâtiments d’au moins 150 000 tdw et parmi ces derniers 194 pétroliers de plus de 200 000 t. Le Japon reste, avec 37,7 % des navires commandés, le premier constructeur. Notre pays, pour sa part, a obtenu 9 % des commandes. ♦
(1) Une loi de décembre 1968 a amendé les règles en vigueur et introduit un certain pourcentage d’avancement au choix.
(2) L’infanterie de Marine serait répartie en huit divisions de 10 000 hommes chacune.
(3) Le tonneau de jauge équivaut à 2,83 m2, ou 100 pieds cube.
(4) Statistiques publiées par les courtiers Davies et Newmann (Journal de la Marine marchande du 7 août 1969).