Le Japon, troisième puissance économique du monde (I) La troisième industrie du monde
La révélation, au début de 1969, que le PNB du Japon avait en 1968 dépassé celui de l’Allemagne Fédérale et que le Japon était ainsi devenu la troisième puissance économique du monde, derrière la Russie soviétique et les États-Unis, a surpris l’opinion mondiale et bien des observateurs, même au Japon. Pourtant, dès 1966, les travaux de la « Commission pour l’an 2000 » créée par l’Académie américaine des Arts et des Sciences, ainsi que ceux du Professeur Herman Kahn et de ses associés du Hudson Institute de New York, laissaient prévoir cette ascension spectaculaire du Japon. Herman Kahn ne retenait-il pas comme une hypothèse plausible que les Japonais puissent avoir au début du XXIe siècle le plus haut niveau de vie du monde, devançant les Scandinaves et mêmes les Américains ?
Ces prédictions, relevées par la presse dans la plupart des pays, avaient laissé bien des gens sceptiques. On peut encore aujourd’hui souligner leur caractère conjectural. Le fait cependant que le Japon ait atteint dès 1968 le niveau de produit national que Herman Kahn, qui travaillait sur des statistiques de 1965, lui attribuait pour 1975 (1), oblige à prendre au sérieux certaines au moins des prévisions optimistes dont ce pays est l’objet. Au Japon même, plusieurs institutions, dont une agence gouvernementale, ont entrepris des études prospectives sur le thème « l’horizon » 80 ou 85, et les premiers résultats paraissent confirmer, pour la décennie à venir tout au moins, l’optimisme des spécialistes américains.
Le gouvernement japonais a reçu avec une certaine réserve ces promesses de prospérité, qui pouvaient évidemment encourager certaines pressions des États-Unis, des partenaires de l’OCDE, et de si nombreux voisins moins heureux ; peu à peu cependant les autorités se sont enhardies à en faire état. Ce fut tout d’abord pour souligner que si le Japon avait atteint le troisième rang pour le PNB, il demeurait au dix-neuvième ou au vingtième pour le revenu par tête d’habitant. Le moment n’était donc pas encore venu de relâcher l’effort national, ni de céder à certaines pressions extérieures visiblement intéressées. Puis la satisfaction de la performance accomplie, un sentiment qui se répand du poids nouveau dont la nation peut peser dans le monde, et peut-être des considérations électorales, ont amené M. Fukuda, le Ministre des Finances lui-même, à annoncer dès février 1969 que les Japonais « seraient les plus riches du monde » vers 1990, avec un revenu individuel supérieur à celui de la Scandinavie, des États-Unis ou de l’Europe occidentale.
Il reste 94 % de l'article à lire
Plan de l'article