Maritime - En France : le lancement du Terrible ; L'exercice Méditerranée - La Marine de guerre japonaise : organisation de la défense ; La « Force maritime de défense » ; La flotte ; L'aéronautique navale ; Le personnel
En France :
Le lancement du Terrible
Le Terrible, second sous-marin nucléaire lance-missiles de la Marine française, a été lancé le 12 décembre 1969 dans l’arsenal de Cherbourg. Il avait été mis sur cale en juin 1967. Il effectuera ses essais à la mer dans le courant de l’été 1971 et sera opérationnel en 1972.
Les éléments du troisième SNLE, le Foudroyant, vont être assemblés sur cale au cours des prochains mois et le bâtiment sera lancé dans deux ans.
L’armement du Terrible est identique à celui du Redoutable, c’est-à-dire qu’il se compose de 16 missiles à ogive nucléaire d’une portée largement supérieure à 2 000 km qui sont lancés alors que le sous-marin est en gros à l’immersion de 30 m. Le missile commence sa phase propulsée à quelques décimètres au-dessus de l’eau.
À l’occasion de ce lancement, la Marine nationale a donné quelques indications sur la future base de ces sous-marins.
Partant du principe que cette base devait grouper impérativement des installations d’entretien et celles nécessaires aux missiles, les recherches d’implantation ont porté sur un endroit offrant les conditions suivantes : proximité immédiate de la mer, infrastructure industrielle proche, situation favorable par rapport aux secteurs d’opérations, enfin situation démographique du voisinage compatible avec la présence dans la base de substances explosives et radioactives.
La rade de Brest présentait les conditions requises. Après des études qui ont porté sur différents sites il fut décidé, en 1965, d’implanter à l’île Longue la base des SNLE.
Si des réserves ont pu être faites au moment de ce choix, parce que cette implantation pouvait entraîner un risque d’attaque nucléaire pour la région avoisinante, elles sont maintenant tombées. L’arsenal de Brest constitue déjà, par lui-même, un objectif et, par définition même, les SNLE se trouveraient à la mer en cas de tension ou de conflit. Le plan d’eau de la rade de Brest et les possibilités de défense du débouché sur l’Atlantique constituent, d’autre part, des facteurs très favorables qui ont été pris en considération.
Si le choix de l’île Longue a eu pour objectif principal l’implantation du support logistique des SNLE, la Marine a estimé que l’entraînement et l’instruction de leurs équipages pouvaient être menés dans un endroit différent et a choisi de construire à Brest un Centre d’entraînement. En résumé, il a été décidé d’utiliser au maximum les moyens de l’arsenal de Brest, en particulier pour les grands carénages et le soutien logistique de l’île Longue, et d’implanter dans cette dernière les installations de petit carénage, de préparation et d’embarquement des missiles et de changement de cœur des réacteurs ainsi que les installations des équipages.
Les travaux de construction ont commencé à l’été 1967. Ils doivent être en principe terminés lorsque le Redoutable ralliera Brest vers la fin de 1970.
La côte de l’île ne permettant pas normalement l’accostage des navires de surface ou des sous-marins, une des premières réalisations a porté sur la création d’un port avec des quais pour l’accostage des unités. On a ensuite entrepris la construction de bassins couverts dans lesquels entreront le ou les sous-marins revenant de patrouiller, pour les travaux d’entretien courant et les mouvements de missiles. Ceux-ci auront été préparés et assemblés dans des ateliers voisins et seront embarqués, grâce à des dispositifs automatiques de manutention, dans les tubes verticaux du SNLE. C’est également dans ces bassins que se feront les changements de réacteurs du sous-marin.
À proximité de ces installations portuaires et industrielles il y aura notamment :
– la zone de stockage des divers composants des missiles ; les étages propulseurs seront dans des silos enterrés ;
– la zone réservée au montage des ogives nucléaires ;
– les ateliers destinés à l’assemblage complet des missiles.
Des normes de sécurité extrêmement sévères permettront d’éviter tout risque d’accident et de garantir la sécurité du voisinage.
Avec la propulsion nucléaire, la limite d’endurance des sous-marins n’est autre que celle de leur équipage. La durée d’une patrouille ne saurait dépasser 60 à 70 jours à la suite de quoi le SNLE ralliera l’île Longue pour débarquer l’équipage qui vient d’opérer et embarquer l’équipage de relève. Ce dernier, suivant l’urgence de la mission, appareillera aussitôt, ou après un certain temps mis à profit pour faire des réparations éventuelles. En temps normal, il est prévu que l’équipage rentrant de patrouille, et qui aura servi dans des conditions de vie et de travail relativement austères, sera envoyé au repos. Mais celui-ci ne saurait être une coupure et l’entraînement donné au Centre de Brest devra être repris dès que la fatigue et la tension nerveuse de la patrouille auront disparu.
L’équipage de relève sera hébergé dans l’île et assurera, à son tour, l’entretien courant du sous-marin nucléaire à son retour. Pour les travaux plus importants et les visites périodiques, il sera aidé par des sous-mariniers affectés à l’atelier de l’escadrille.
L’exercice Méditerranée
D’importantes manœuvres aéronavales franco-américaines se sont déroulées entre le 8 et le 19 décembre 1969 en Méditerranée occidentale. Baptisées Méditerranée, ces manœuvres ont été dans leur ensemble assez semblables aux exercices bilatéraux franco-américains des années précédentes. Méditerranée a comporté trois phases. Les deux premières baptisées Fairgame VII ont commencé par un entraînement élémentaire des unités des deux marines, suivi par un grand exercice d’ensemble axé sur la défense aérienne, la lutte contre les sous-marins et les bâtiments de surface équipés de missiles surface-surface à longue portée. Après cet exercice, la Marine américaine a effectué en Corse un débarquement amphibie. La Légion étrangère implantée dans l’île a participé aux combats à terre.
La troisième phase de l’exercice Méditerranée qui avait reçu le nom conventionnel de Constellation comportait l’attaque d’un pays « ennemi », en l’occurrence le Sud de la France, par les forces aéronavales franco-américaines à l’exception des navires amphibies de l’US Navy demeurés en Corse. La partie la plus intéressante et la plus spectaculaire de cette phase a été l’échange de très nombreux raids aériens conduits, d’une part, des porte-avions contre le continent, d’autre part, du continent contre la force navale. Ces derniers ont été effectués par l’Armée de l’air et l’Aéronautique navale françaises.
Les unités suivantes ont participé à l’exercice « Méditerranée » :
– du côté américain : le porte-avions Saratoga et un important groupe aérien, un croiseur, six destroyers, six navires amphibies et un sous-marin ;
– du côté français : le porte-avions Foch, la frégate lance-missiles Suffren, cinq escorteurs d’escadre, trois escorteurs rapides, trois sous-marins, un pétrolier et partiellement deux escorteurs côtiers et le garde-côtes La Combattante, des Atlantic et Alizé basés à Nîmes-Garons, les aéronefs basés sur le Foch et les avions de l’Armée de l’air.
La Marine de guerre japonaise
Inexistante il y a cent ans, la Flotte japonaise se hissait dès 1920 au troisième rang dans la hiérarchie des grandes marines. L’histoire maritime ne montre pas d’exemple de développement plus rapide, ni plus étonnant. Deux guerres victorieuses, celle de 1894 contre la Chine et celle de 1904 contre la Russie ont mis en relief la valeur du commandement et des marins nippons. Fin 1941, comptant sur la puissance de sa flotte et de ses armées, le gouvernement japonais n’hésite pas, bravant les États-Unis, à se lancer dans une action massive de conquête que la guerre, qui battait son plein en Europe, lui semblait devoir faciliter. Mais il avait sous-estimé la volonté de résistance et la puissance industrielle de son rival. Après toute une série de succès initiaux prodigieux, ce fut l’échec de Midway, point de départ de la contre-offensive américaine qui aboutit en 1945 à la bombe de Hiroshima et à la capitulation du Japon. La fière flotte impériale, ou tout au moins le peu qui en restait, fut, comme l’armée et l’aviation, dissoute le 2 septembre 1945.
Moins de trois ans plus tard, en mai 1948, une loi créait l’« Agence de sécurité maritime ». Cet organisme prit en charge l’hydrographie, l’entretien des phares et balises et la police des côtes, tâches dévolues autrefois à la Marine impériale.
En 1950, l’« Agence de sécurité maritime » prit l’appellation de « Force de sécurité maritime ». Cette même année en raison de la guerre de Corée, le gouvernement crée une force de police navale avec quelques vieux bâtiments cédés par les Américains, constituant ainsi le noyau de l’actuelle flotte japonaise.
Le 31 mai 1954, après avoir ratifié le traité de paix de San Francisco, le Japon signe un acte d’assistance mutuelle avec les États-Unis. Le régime d’occupation cesse et les forces armées ont à nouveau droit de cité. En juin suivant, deux lois créant, l’une l’« Agence de Défense » et l’autre des forces d’autodéfense, donnent aux forces armées nippones la structure qui subsiste encore aujourd’hui.
Les navires japonais appartiennent à l’une ou l’autre des deux organisations ci-après :
– la « Force de défense maritime » (« Kaiso Jieitai ») qui constitue la flotte de guerre proprement dite ;
– l’« Agence de sécurité maritime » (« Kaijo Hoancho ») qui n’est autre que l’ex-« Force de sécurité maritime » de 1950. C’est un corps de garde-côtes ressemblant à la Coast Guard américaine. Il relève en temps de paix du ministère des Transports, mais les autorités maritimes ont un droit de regard sur lui, car il serait rattaché à la flotte en temps de guerre. Celle-ci arbore depuis juillet 1954 le pavillon du Soleil Levant.
Organisation de la défense
Le Japon vit actuellement sous un régime de démocratie parlementaire régi par la Constitution du 3 mai 1947.
Le Premier ministre, chef de l’Exécutif, assume le commandement suprême des forces de défense. L’Empereur Hiro Hito s’est lui-même, par rescrit impérial du 1er janvier 1946, dépourvu de son caractère divin, mais il demeure le « Symbole de l’État et de l’Unité du Peuple ».
Le Premier ministre est assisté d’un Conseil de Défense auquel il doit soumettre pour étude et avis les questions relatives à la politique militaire du pays, aux programmes et à la mobilisation.
L’organe d’exécution de la politique ainsi définie est l’« Agence de Défense ». Dépendant du Premier ministre elle est dirigée par un ministre d’État qui porte le titre de « Directeur général de l’Agence » et qui est assisté par deux vice-ministres.
Il a sous ses ordres, d’une part les « Directions intérieures » (civiles) et, d’autre part les Chefs d’État-major des trois armées. Il est assisté du Conseil des Chefs d’État-major. Celui-ci se compose d’un officier général qui en est son président et des trois Chefs d’État-major ; il coordonne et ajuste les besoins des trois armées.
L’article 9 de la Constitution stipule que le Japon renonce pour toujours à la guerre en tant que droit souverain de la Nation. Il renonce à la menace et à l’usage de la force comme moyen de règlement d’un différend international. Les forces armées ont donc un caractère essentiellement défensif. Aussi ne faut-il point s’étonner que ce pays, le troisième du monde par l’importance de son PNB, ne consacre à sa défense qu’environ 1 % de celui-ci. Il convient toutefois de noter que le budget militaire tout en restant en pourcentage un des plus faibles qui soient, augmente depuis quelque temps régulièrement chaque année, mais cette augmentation est sensiblement du même ordre que celle du budget général du pays. Cet état de choses, cependant, ne saurait durer éternellement. Le gouvernement nippon prend de plus en plus conscience de la montée des périls en Extrême-Orient et il n’est plus aussi certain de pouvoir en toutes circonstances compter sur les États-Unis pour sa défense. Il s’efforce donc d’avoir une politique extérieure, et par voie de conséquence une politique militaire, moins dépendante de l’Amérique. Son premier souci est d’éveiller chez les Japonais le sens de la défense nationale mais il doit le faire avec prudence pour éviter que les sentiments nationalistes et xénophobes profondément enracinés dans le pays ne donnent un jour naissance à une poussée de fièvre militariste dont on ne peut prévoir les conséquences.
La « Force maritime de défense »
La « Force maritime de défense » relève du « Directeur général de l’Agence de défense » par l’intermédiaire du Chef d’État-major de la Marine. Celui-ci est aidé dans sa tâche par un sous-chef d’État-major et par l’État-major de la Marine qui est implanté à Tokyo.
Relèvent de son autorité :
– les Districts navals de Yokosuka, Kure, Maizuru, Sasebo et Ominato. Ils sont placés chacun sous l’autorité d’un officier général responsable des forces navales et des unités maritimes qui leurs sont affectées, ainsi que des bases et moyens appartenant au District de leur juridiction ;
– la « Flotte » qui comprend la « Force d’escorte » et l’Aviation navale ;
– l’Escadrille d’instruction ;
– la Division des dragueurs ;
– le Commandement de l’entraînement aérien ;
– les écoles ;
– les hôpitaux maritimes.
La Flotte
La Flotte totalise environ 150 000 tonnes dont 120 000 t de navires de combat. Elle se compose principalement de :
– 1 destroyer lance-missiles Tartar : l’Amatsukae, de 3 050 t mis en service en 1965 ;
– 26 destroyers de 1 600 à 3 000 t construits entre 1954 et 1969 ;
– 11 escorteurs de 1 060 à 1 600 t ;
– 10 sous-marins de 750 à 1 600 t achevés entre 1960 et 1969 ;
– 20 chasseurs de sous-marins de 300 à 380 t ;
– 35 dragueurs côtiers ;
– 10 vedettes lance-torpilles ;
auxquels il faut ajouter plus d’une cinquantaine de petits patrouilleurs et engins de débarquement, plusieurs navires logistiques et auxiliaires divers et le navire-école Katori qui vient de rallier la flotte et qui est actuellement, avec ses 3 372 t, le plus grand navire de guerre nippon.
À l’exception de quelques unités d’origine américaine utilisées pour l’entraînement, et qui sont en voie de disparition, tous ces bâtiments ont été construits dans les chantiers et sur plans japonais. Cependant, la presque totalité des matériels d’armes et des équipements électroniques sont encore américains ou construits sous licence.
Le troisième plan quinquennal de défense qui couvre la période 1967 à 1972 prévoit, en ce qui concerne la Marine, la construction de :
– 2 grands escorteurs de 4 700 t équipés de trois hélicoptères ASM (anti-sous-marins) ;
– 1 destroyer lance-missiles Tartar ;
– 3 escorteurs de 2 000 t ;
– 8 escorteurs de 1 450 t ;
– 5 sous-marins de 1 800 t ;
– 10 dragueurs côtiers ;
– 5 vedettes lance-torpilles ;
ainsi qu’un certain nombre d’unités diverses, mouilleurs de mines, bâtiments-bases, navires de sauvetage, etc., etc.
Ce plan est en cours de réalisation et actuellement sont en construction au titre de l’année fiscale 1969-1970 : 1 escorteur de 2 000 t, 1 autre de 1 450 t, 1 sous-marin, 1 mouilleur de mines de 2 000 t, 1 bâtiment-base de dragueurs et 2 dragueurs côtiers.
L’Aéronautique navale
L’Aéronautique navale fait partie intégrante de la Marine. Les officiers brevetés « Aéro » peuvent être affectés indifféremment soit à des postes spécifiquement aéronautiques ou au service général. L’instruction du personnel de l’aviation navale est entièrement à la charge de la Marine à l’exception toutefois de l’instruction élémentaire au pilotage qui est assuré par l’Armée de l’air.
Le matériel se composait, le 1er janvier 1970, de près de 180 aéronefs de première ligne dont :
– une soixantaine de bimoteurs de patrouille à long rayon d’action du type Lockheed P-2V7 Neptune ;
– un peu plus de 50 bimoteurs légers Grumman S2-F ;
– 7 hydravions ;
– une soixantaine d’hélicoptères de types divers dont 20 spécialisés dans la lutte anti-sous-marine (ASM).
Tous ces appareils sont d’origine américaine. Le troisième plan quinquennal prévoit :
– le remplacement des P-2V7 par 46 bimoteurs P-2J. Cet appareil est une version modernisée du Neptune équipée d’une partie des équipements électroniques installés sur les quadrimoteurs P-3 Orion de l’US Navy ;
– la construction au Japon de 15 hydravions ASM type PS-1 de 40 tonnes de conception et réalisation japonaises (Shin Meiwa). Ces hydravions qui peuvent opérer par 3 m de creux sont dotés d’un sonar à immersion variable ;
– l’achat d’hélicoptères ASM supplémentaires.
Ce programme est d’ores et déjà très avancé.
Les bases de l’Aéronautique navale, au nombre de cinq, sont bien équipées. La plus importante est celle d’Utsunomya qui est également le siège du Commandement de l’entraînement aérien et des écoles de l’Aviation navale.
Il est prévu de réorganiser l’infrastructure de cette aviation. Elle comprendrait sept bases opérationnelles dont quatre réservées à l’aviation lourde ASM et trois autres affectées aux aéronefs chargés de la protection anti-sous-marine des ports, rades et détroits importants. Il faut d’autre part signaler que la Marine, depuis la restitution des îles Bonin par les États-Unis, a implanté des forces aéronavales à Iwo-Jima et Minami-Turishima.
Le personnel
Le personnel de la Marine japonaise se monte à environ 36 000 hommes dont 6 200 officiers ou assimilés. Sur ce total, l’Aéronautique navale absorbe près de 13 000 h. Il faut leur ajouter plus de 5 000 civils qui travaillent pour la Marine.
Les futurs officiers d’active, quelle que soit l’armée à laquelle ils se destinent, sont en majorité formés par l’Académie de défense qui a été créée en 1952.
Elle est installée à Obaradai dans la presqu’île de Miura, au Sud de Yokosuka. Les élèves sont recrutés par concours (500 au maximum dont 100 pour la Marine chaque année) et les cours y durent quatre ans durant lesquels les jeunes élèves reçoivent une formation universitaire.
À la sortie de cette école, les futurs officiers de Marine vont suivre une année d’étude à l’École navale d’Etajima, situés près de Kure, qui est l’ancienne Académie navale de la Marine impériale. Ils y rejoignent une centaine de jeunes gens titulaires de titres universitaires qui ont été admis au concours d’entrée à cette école. Quelques élèves viennent aussi directement des équipages, après concours également.
À l’issue de leur séjour à Etajima et quelle que soit leur origine, les futurs officiers embarquent pour neuf mois dans l’escadrille d’instruction qui se compose de quelques destroyers et du navire-école Katori. Cette escadrille effectue chaque année une croisière à l’étranger.
Si le recrutement du personnel officier ne pose aucun problème car les candidats sont toujours nombreux, celui des corps de maistrance et des équipages est par contre plus difficile. Uniquement basé sur le volontariat – les engagements sont de deux ans renouvelables – il se heurte au plein-emploi consécutif à l’extraordinaire poussée industrielle du pays et à un certain manque de considération pour le métier militaire que les autorités ont entrepris de combattre par une habile propagande. De nombreuses écoles et centres assurent la formation initiale, puis la spécialisation de ces recrues.
La Marine japonaise se compose d’un nombre déjà élevé de bâtiments et d’aéronefs modernes. Comme elle s’entraîne très souvent avec l’US Navy, son niveau opérationnel est certainement très bon. C’est essentiellement une force défensive chargée d’assurer la protection des lignes de communication maritimes vitales et de l’intense trafic côtier. Mais les moyens dont elle dispose sont d’ores et déjà insuffisants pour remplir ces diverses tâches et l’alliance américaine est susceptible un jour de se distendre. Or, la conjoncture politique dans cette partie du monde est lourde de menaces. La Chine et surtout l’URSS y développent leurs forces aéronavales et l’éventualité d’une crise grave entre ces deux Nations n’est pas à exclure. Le Japon, dont toute la prospérité repose sur le commerce extérieur, ne peut demeurer indifférent à cette situation. Aussi sera-t-il tôt ou tard amené à développer sa puissance militaire et, en raison de sa situation géographique qui commande tous les débouchés de la mer du Japon, surtout sa puissance navale. Il faut donc s’attendre, au cours de la décennie, à un accroissement très sensible de la flotte nippone qui pourrait se traduire par la construction de sous-marins et d’escorteurs plus nombreux et sans doute aussi de grands bâtiments de surface et peut-être même de porte-aéronefs (hélicoptères ASM et avions à décollage court) de fort tonnage. Cet accroissement de la flotte restera cependant, croyons-nous, tout au moins pendant un certain temps, limité par des considérations diverses d’ordre politique ainsi que par certains problèmes de personnel. Néanmoins, il ne fait aucun doute que la puissance industrielle du Japon lui permet, si le besoin s’en fait sentir, de développer très rapidement ses forces navales. ♦