Institutions internationales - Une Europe confédérale - Objectifs nationaux et communauté - L'affaiblissement du Commonwealth
L’ONU aura un nouveau secrétaire général : élu à l’automne 1961, après la mort tragique de M. Dag Hammarskjoeld dans la forêt congolaise, M. U Thant a en effet décidé de ne pas accepter un nouveau mandat. Sa simple réélection aurait posé moins de problèmes que sa succession n’en fait apparaître dès maintenant. S’il est exclu qu’il soit remplacé par le ressortissant d’une grande puissance (ses prédécesseurs furent le Norvégien Trygve Lie, le Suédois Dag Hammarskjoeld, lui-même est Birman), la compétition n’en sera pas moins très vive, entre les partisans d’un Asiatique (qui illustrerait l’importance du continent et du Pacifique), ceux d’un Africain (mais de quelle tendance ?), ceux d’un Latino-Américain et ceux d’un Européen « neutre » (un Finlandais par exemple). Moins important que ne l’avaient prévu les rédacteurs de la charte de San Francisco, le poste l’est plus que ne le prétendent certains adversaires de l’Organisation, et c’est bien ainsi que le jugent les grandes puissances, dont chacune s’oppose à ce qu’il revienne à un partisan de « l’autre ». M. U Thant a dû enregistrer les exécutions de Guinée, en les considérant comme un défi aux principes mêmes de l’ONU, comme il a dû enregistrer les détournements d’avions, le recours aux otages, etc. L’ONU se voulait l’expression morale et le bras séculier d’un monde voué à la paix – le monde est resté celui de la force. Parviendra-t-il, au cours de la dernière phase de son mandat, à obtenir la cessation des combats au Vietnam, et l’élaboration d’une solution au Moyen-Orient ? Bien hasardeuse serait une réponse positive…
Le moment n’est pas encore venu de dresser le bilan de l’action de M. U Thant comme secrétaire général de l’ONU. Tout au plus peut-on remarquer que la guerre du Vietnam s’est déroulée et se prolonge comme si l’ONU n’existait pas, et qu’en dépit des efforts de M. Jarring, la crise du Moyen-Orient reste aussi grave… Ce sont les gouvernements qui demeurent les maîtres du jeu. C’est vrai pour l’ONU. C’est également vrai, dans une autre perspective, à propos de l’Europe, comme en témoigne la définition des objectifs et des moyens par M. Georges Pompidou dans sa conférence de presse du 22 janvier.
Une Europe confédérale
Les propos du président de la République ne laissent place à aucune équivoque, quant aux intentions. « Il ne peut s’agir que de construire à partir de ce qui existe une confédération d’États décidés à harmoniser leur politique et à intégrer leur économie, et, si on le prend ainsi, on s’aperçoit que la querelle de la supranationalité est une fausse querelle. Si un jour la confédération européenne est une réalité, il faudra bien qu’il y ait un gouvernement dont les décisions s’imposent à tous les États qui en seront membres. Le problème est de savoir à partir de quoi, par quelle méthode et sous quelle forme on parviendra à ce gouvernement ».
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