Défense dans le monde - États-Unis : la déflation des effectifs militaires et ses répercussions - Grande-Bretagne : le Livre blanc sur la Défense 1971-1972 - Autriche : le projet de réforme de l'Armée autrichienne - Pacte de Varsovie : la réunion à Budapest des ministres de la Défense
États-Unis : la déflation des effectifs militaires et ses répercussions
La lecture du projet de budget fédéral pour l’exercice 1971-1972 montre que les forces armées américaines vont subir au cours de cette période une nouvelle déflation de leurs effectifs militaires. Cette mesure doit affecter près de 200 000 hommes. Elle entre normalement dans le cadre de la politique américaine de désengagement en Asie, telle qu’elle a été énoncée à Guam en juillet 1969 par le président Nixon.
L’annonce de cette nouvelle déflation des effectifs donne l’occasion d’examiner les conséquences, au moins à court terme, de cette mesure pour les trois Armées, ainsi que pour le déploiement des forces américaines dans le monde, et en particulier en Asie.
Après l’accroissement très important qu’ils avaient connu à partir de 1965 en raison de l’intensification de la guerre du Vietnam, les effectifs des forces armées américaines, avec plus de trois millions et demi d’hommes, avaient atteint un plafond en juin 1968. Depuis l’entrée en fonction du président Nixon en janvier 1969, et par suite du désengagement militaire américain au Vietnam, des réductions substantielles d’effectifs ont été opérées. C’est ainsi que, du 30 juin 1969 au 30 juin 1971, les forces armées américaines auront perdu 760 000 h. Ce mouvement de déflation se poursuivra pendant l’exercice 1971-1972.
En présentant au Congrès, en février dernier, le projet du budget fédéral pour 1971-1972, le président Nixon a en effet annoncé que le volume des personnels militaires d’active subira pendant cette période une nouvelle diminution de 194 000 h. Au total, les forces armées américaines ne comprendront plus que 2 505 000 h au 30 juin 1972, contre 2 699 000 au 30 juin 1971. Ainsi le gouvernement américain pense-t-il pouvoir arriver au niveau de deux millions et demi d’hommes sous les drapeaux, niveau souhaité par le secrétaire à la Défense, M. Melvin Laird, dans son discours du 3 juin 1970 à Colorado Springs.
Cette nouvelle déflation des effectifs affectera essentiellement le volume des forces d’emploi général et en particulier de leur composante terrestre. Mais les réductions à intervenir porteront surtout sur les services, dont une certaine prolifération a pu être enregistrée en raison de la guerre du Vietnam. Aussi l’état des forces, calculé en termes d’unités terrestres, aériennes et navales, ne sera-t-il pas sensiblement modifié et des améliorations seront même apportées aux matériels et à l’état de préparation des personnels.
L’armée de terre, dont les effectifs avaient dépassé un million et demi d’hommes à la mi-1968, perdra au cours du prochain exercice 165 000 h et ne comptera plus dans ses rangs au 30 juin 1972 que 942 000 h. C’est elle en effet qui a été la plus touchée par la politique américaine de désengagement en Asie. Mais, après être passée de 17 1/3 divisions à 13 1/3 au cours de l’exercice actuel, elle restera à ce niveau en 1971-1972.
La marine sera assez peu touchée pendant le prochain exercice (1). Ses effectifs passeront de 623 000 à 604 000 marins, soit une réduction de 19 000 h. Par contre les forces navales subiront quelques modifications. La flotte de porte-avions ne comprendra plus que 16 unités, contre 18 à la mi-1971 et 24 en 1968 (2). Le nombre d’escadres aériennes tactiques passera d’autre part de douze à onze.
Le Marine Corps, de son côté, perdra 6 000 h en 1971-1972 (206 000 h au lieu de 212 000). Mais il conservera ses trois divisions et ses trois escadres aériennes tactiques.
Quant à l’aviation, ses effectifs resteront pratiquement au même niveau : 753 000 h contre 757 000, soit une réduction de 4 000 h. La flotte aérienne américaine comprendra au 30 juin 1972 : 32 080 aéronefs (19 850 avions et 11 230 hélicoptères) contre 34 284 en 1968 (3).
Si le projet de budget pour l’exercice 1971-1972 donne des indications détaillées sur ce que seront les forces armées américaines au 30 juin 1972, par contre il ne précise pas quel sera leur déploiement à cette même date. Cependant, certaines déclarations du Pentagone et indiscrétions de presse permettent de se faire une idée des prochains retraits d’unités et de leurs conséquences sur le déploiement des forces armées américaines outre-mer.
Au Sud-Vietnam, les opérations de rapatriement ont ramené les effectifs de 539 500 h, chiffre maximum atteint en février 1969, à 317 000 h actuellement, soit une diminution de 222 500 h en deux ans. Les États-Unis n’entretiennent plus sur ce territoire que deux divisions d’infanterie (4), deux divisions aéromobiles (5) et quatre brigades indépendantes (6). Toutes les unités de chasseurs Republic F-105 Thunderchief, à l’exception de celles appartenant à la 7e Air Force, et la plupart des unités de North American F-100 Super-Sabre ont été retirées du Sud-Est asiatique et les unités de Cessna A-37 Dragonfly ont été transférées à l’aviation sud-vietnamienne. Il reste cependant sur le territoire un nombre important d’unités américaines équipées de McDonnell Douglas F-4 Phantom II. La marine américaine, pour sa part, a remis à la marine sud-vietnamienne le 30 décembre 1970 les 125 derniers bâtiments fluviaux dont elle avait la charge (7). Son rôle de surveillance des rivières est maintenant terminé, mais elle continuera de conseiller et de soutenir la marine sud-vietnamienne.
Enfin de nouveaux départs sont annoncés officieusement. C’est ainsi qu’une des deux divisions aéromobiles (8) et deux brigades (9) seraient rapatriées sur les États-Unis d’ici le 1er mai 1971. À cette date, d’après une déclaration récente de M. Melvin Laird, il ne devrait plus rester au Vietnam que 284 000 h chargés d’assurer l’appui aérien et le soutien logistique de l’armée sud-vietnamienne qui acquiert progressivement, dans le cadre du programme de « vietnamisation », les qualités nécessaires pour prendre à son compte les charges du conflit. Si tout se passe bien, le programme de retrait se poursuivra au rythme de 12 500 h par mois et il ne devrait plus rester au Vietnam, à la fin de 1972, que 40 000 à 50 000 militaires américains.
En Thaïlande, avec le consentement tacite du gouvernement du maréchal Thanom, un premier retrait d’environ 6 000 soldats et aviateurs américains avait eu lieu pendant le 1er semestre 1970. La deuxième phase du programme de réduction des forces s’est déroulée à la fin de l’année dernière et a porté sur 3 400 h. Il ne reste plus actuellement dans le pays que 38 400 militaires, essentiellement des aviateurs (10). D’après certaines informations, de nouveaux retraits sont en cours qui amèneraient le volume des forces américaines en Thaïlande à 32 000 h en juillet prochain.
Aux Philippines, le Pentagone avait décidé en juillet dernier de rapatrier 6 000 des 26 900 h qui y étaient stationnés. Cette mesure a surtout concerné les forces assurant le soutien logistique des opérations de guerre au Vietnam. De plus, les États-Unis avaient accepté de rendre au gouvernement philippin (11) la base navale de Sangley Point. Cette base, proche de Manille, servait de support logistique aux unités de la flotte et de l’aviation américaines opérant dans le secteur. Les opérations de restitution de Sangley Point devraient prendre fin l’été prochain. Les Américains ne disposeront plus à cette date que de deux bases aux Philippines : la base aérienne de Clark et la base navale de Subic Bay.
En Corée du Sud, 20 000 h sur 64 000 devaient être rapatriés vers le milieu de 1971 en échange d’un accroissement de l’assistance militaire américaine à l’armée sud-coréenne. Le retrait est toujours envisagé actuellement. La 7e Division d’infanterie (DI) va être rapatriée en juin prochain sur les États-Unis, où elle pourrait fusionner avec la 1re Division blindée (DB), en garnison à Fort Hood (Texas). L’autre division américaine stationnée en Corée, la 2e DI, sera retirée de la ligne de cessez-le-feu et placée en réserve, à l’exception d’une brigade qui resterait à proximité de Pan-Mun-Jon pour assurer la protection du siège de la Commission d’armistice. Enfin, le Poste de commandement (PC) du 1er Corps d’armée (CA), qui assurait le commandement opérationnel des deux divisions américaines et de plusieurs divisions sud-coréennes le long de la frontière, sera progressivement pris en compte par des officiers sud-coréens.
Au Japon, en vertu des accords Sato-Nixon du 19 décembre 1969, les États-Unis s’étaient engagés à rétrocéder au gouvernement japonais les installations des îles Riu-Kiu (et en particulier d’Okinawa) et à évacuer les armements NBC (nucléaire, bactériologique et chimique) qui s’y trouvaient entreposés. Plus récemment, lors de la prorogation en juin 1970 du traité de sécurité et de coopération mutuelle américano-japonais (12), les États-Unis ont accepté la restitution des Riu-Kiu en 1972 au plus tard. En prévision de cette opération, les armements NBC ont été évacués d’Okinawa et certaines installations y sont en cours de fermeture. En outre, les effectifs stationnés sur l’île, qui s’élevaient en 1970 à 40 000 h, devraient être allégés de quelque 5 000 h d’ici l’été prochain. Au Japon même, des retraits d’unités et des fermetures de bases sont annoncés. C’est ainsi que six escadrons de Phantom II ont été ou vont être redéployés en Corée du Sud (13) et à Okinawa ou repliés aux États-Unis, et que quatre grandes bases (14) feront retour au Japon. D’autre part, le PC de la 7e Flotte sera transféré de la base navale de Yokosuka (baie de Tokyo) à Sasebo (Nagasaki). Le Pentagone estime à l’heure actuelle que les effectifs militaires américains au Japon passeront d’ici la mi-1971 de 39 000 à 27 000 h, soit une réduction de près d’un tiers. Il ne devrait donc subsister l’été prochain à Okinawa et au Japon que 62 000 militaires américains, effectifs estimés suffisants pour le support des opérations de guerre en Asie et le soutien de la 7e Flotte.
Si en Asie le désengagement américain est général, par contre il n’apparaît pas que les États-Unis soient disposés pour le moment à opérer des retraits d’unités du théâtre européen sur lequel ils entretiennent 300 000 h (15). Jusqu’alors, sous la pression du Sénat et d’une manière générale de l’opposition libérale au Congrès, le gouvernement américain avait admis qu’un retrait partiel des forces américaines pourrait être envisagé à partir du 1er juillet 1971, les alliés européens prenant alors une part plus active à la défense de l’Europe. Mais le président Nixon, déçu par le peu d’empressement des Soviétiques à répondre à ses ouvertures, estime maintenant que les États-Unis ne doivent pas réduire leurs effectifs militaires en Europe sans contrepartie du côté adverse (16). De plus, toujours selon le Président, la présence en nombre suffisant de forces conventionnelles en Europe est conforme à la doctrine de la « riposte graduée » et permet, en cas de conflit Est-Ouest, de ne pas avoir recours immédiatement aux armes nucléaires. Aussi le secrétaire à la Défense, M. Melvin Laird, a-t-il pu confirmer récemment que le niveau des forces américaines stationnées en Europe ne sera pas réduit avant le 1er juillet 1972. Cette déclaration n’exclut pas cependant certaines réductions mineures d’effectifs dans les services, pouvant aller jusqu’à 20 000 h. Mais la « capacité opérationnelle » des forces sera en tout état de cause maintenue.
Le 30 juin 1972, les forces armées américaines ne compteront plus dans leurs rangs que quelque deux millions et demi d’hommes, soit une diminution de plus d’un million par rapport à janvier 1969, date d’entrée en fonctions du président Nixon. Simultanément, et en application de la doctrine de Guam, la présence militaire américaine en Asie se fait moins importante. C’est ainsi que les effectifs militaires stationnés dans cette partie du monde ne devraient pas dépasser à la mi-1971 450 000 h, dès que les opérations de retrait, qui auront porté au total sur environ 300 000 militaires, seront terminées. Par contre, en Europe, deuxième pôle d’intérêt pour les États-Unis, aucun désengagement d’unités de combat n’est prévu actuellement. Deux conclusions peuvent être tirées de ce bilan.
Tout d’abord, sur le plan strictement militaire, le passage de l’armée de conscription à l’armée de métier, prévu pour 1972, sera facilité. Les forces armées américaines, étant moins importantes, auront en effet besoin d’un nombre moins élevé de recrues. Déjà on peut constater que, de 1968 à 1970, le nombre des jeunes appelés annuellement sous les drapeaux est passé de 299 000 à 163 500 et le recours à la conscription devrait en 1971 être encore moins important.
D’autre part, sur le plan politique, il apparaît que la déflation des effectifs militaires américains et les retraits d’unités d’Extrême-Orient ne se sont pas accompagnés d’une aggravation de la situation internationale, en Asie comme ailleurs, et l’administration républicaine peut en tirer des motifs de satisfaction. Cependant, M. Nixon ne se dissimule pas les dangers d’un désengagement excessif qui, à l’approche des élections présidentielles de 1972, serait susceptible de porter atteinte à un bilan jusque-là positif. Aussi peut-on être assuré que l’allégement du dispositif outre-mer restera, à tout moment, proportionné à l’intensité de la menace.
Grande-Bretagne : le Livre blanc sur la Défense 1971-1972
Le Gouvernement britannique a publié le 17 février le Livre blanc sur la Défense pour l’exercice 1971-1972 (17). Le document confirme les fondements de la politique de défense déjà exprimés dans le Supplément publié en octobre 1970 peu après l’arrivée au pouvoir du Gouvernement conservateur. Précisant les grandes lignes du budget, il insiste sur la nécessité de traiter en priorité les problèmes posés par la pénurie des effectifs et fixe le déploiement des forces britanniques dans le monde.
La politique de défense britannique demeure essentiellement basée sur la participation du Royaume-Uni à l’Otan auquel reste affectée la majorité de ses forces. Mais le Livre blanc insiste sur le développement de la menace soviétique qui, débordant de plus en plus du cadre européen, s’affirme dans les mers chaudes, Méditerranée, océan Indien, bien que Moscou mène simultanément en Europe une politique de négociations. Afin de faire face à cette menace, la Grande-Bretagne continuera à respecter ses obligations dans le cadre du CENTO (Central Treaty Organisation) et de l’Otase (Organisation du Traité de l’Asie du Sud-Est), elle participera à la Force des Cinq Nations en coopérant avec l’Australie, la Nouvelle-Zélande, Singapour et la Malaisie pour la défense du Sud-est asiatique et conservera les bases de Gan et de Masirah.
Avec les États-Unis, elle disposera du centre de communications de Diego-Garcia. Enfin, le Royaume-Uni apportera sa collaboration au groupe d’études créé à la dernière conférence du Commonwealth sur les problèmes de sécurité dans l’océan Indien. Aucune précision n’est donnée sur le retrait des forces britanniques du golfe Persique mais des conversations sont en cours avec les représentants des émirats afin d’étudier les moyens de maintenir la paix dans cette région (18).
Le budget de défense 1971-1972 se monte à 2 545 millions de Livres (33 milliards de francs) et représente 5,5 % du Produit national brut (PNB), pourcentage identique à celui du budget 1970-1971. Bien qu’en augmentation en valeur absolue, ces crédits exprimés à prix constants représentent une diminution de 66 M £ par rapport au budget précédent. Mais le gouvernement entend assurer à ce budget la stabilité nécessaire afin que les dépenses militaires ne soient plus sous la menace constante de restrictions de crédits.
En ce qui concerne l’effectif des forces armées britanniques, il est de 369 300 (19) au 1er janvier 1971 (Royal Navy 83 800, British Army 173 600, Royal Air Force 111 900). Pour avril 1972, le Livre blanc prévoit un effectif de 358 600. Sur ce plan, le gouvernement conservateur désireux de rendre aux forces armées la place qui leur revient dans la nation et conscient des tâches importantes qui leur sont confiées, s’attaquera au problème de l’insuffisance du recrutement qu’il considère comme éminemment dangereuse.
Enfin le Livre blanc mentionne les projets de coopération bilatérale dans le domaine de l’armement. La première place est donnée à la poursuite du projet MRCA (Multi-Role Combat Aircraft) en collaboration avec la République fédérale d’Allemagne (RFA) et l’Italie. Il évoque ensuite l’avion Jaguar, les hélicoptères Gazelle et Lynx (20), les missiles Exocet et Martel avec la France, un programme d’engins de reconnaissance et de combat avec la Belgique. D’autre part, des séries d’entretiens bilatéraux ont été mises sur pied avec les alliés européens du Royaume-Uni dans le but d’harmoniser les concepts tactiques, la Grande-Bretagne demeurant ouverte à toute autre possibilité de collaboration dans le domaine de la défense.
Il semble que, depuis leur arrivée au pouvoir, les Conservateurs aient dû limiter les projets ambitieux qu’ils avaient formés en matière de défense. Le présent Livre blanc confirme ce fait qui apparaissait déjà dans le document publié en octobre dernier.
Certes, il restera « à l’Est de Suez » une force britannique un peu plus importante que celle prévue par les Travaillistes et en particulier, ce qui constitue un fait nouveau, un élément subsistera en Malaisie. Le porte-avions Ark Royal demeurera en service et l’armée territoriale va être dotée d’une vingtaine de bataillons et d’un régiment supplémentaire. Mais l’importance conservée à la participation à l’Otan et la modicité des ressources financières n’ont pas permis à M. Heath de modifier très substantiellement les moyens qui peuvent être consacrés à la défense dans les autres régions.
Autriche : le projet de réforme de l’armée autrichienne
Le projet de loi sur la réforme de l’armée autrichienne a été approuvé le 2 mars 1970 en Conseil des ministres. Il ne sera discuté par le Parlement qu’en mai, après les élections présidentielles. Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement socialiste en mars 1970, le chancelier Kreisky s’efforce de réaliser une réforme fondée sur la promesse électorale de son parti de réduire de 9 à 6 mois la durée du service militaire. Réforme qui ne peut être qu’un compromis entre la nécessité de conserver au pays un potentiel de défense minimum et les contraintes financières fixées par le budget. Après le rejet des conclusions de la Commission d’études pour la réforme de l’armée qui exprimaient largement le point de vue du Haut Commandement et après la démission du ministre de la Défense, le général Freihsler, son remplaçant, le général Luetgendorf a élaboré un projet de loi qui constitue une base de départ à partir de laquelle le gouvernement est disposé à faire quelques concessions.
Ce projet s’articule autour de deux réformes essentielles.
D’une part, la durée du service militaire actif est réduite de 9 à 6 mois et des périodes d’instruction obligatoires et régulières sont prévues dans la réserve, tant pour la formation et le perfectionnement des cadres que pour l’instruction de la troupe. La durée de cette instruction complémentaire est fixée à 40 jours, mais reste un élément de négociation dans la limite de 50 jours lors des futures discussions parlementaires. De plus, l’accomplissement de périodes volontaires dans les réserves sera favorisé par de nouvelles dispositions financières. Enfin, à titre transitoire, les recrues incorporées en janvier et avril 1971 effectueront 7 mois et demi de service, les 45 jours supplémentaires étant décomptés sur les futures obligations des intéressés dans les réserves. Jusqu’au 31 décembre 1972, ils auront la possibilité d’effectuer un service de 9 mois, les dispensant alors de toutes périodes obligatoires dans les réserves. Le prêt de ces volontaires sera augmenté dès le septième mois de service.
D’autre part, une force d’intervention permanente, noyau de la future armée sera mise sur pied. Composée uniquement de volontaires, elle devrait avoir un effectif de 12 000 à 15 000 h. Quatre mois après chaque incorporation, dans le cas où le nombre des A.d.L. et des engagés ne suffirait pas à pourvoir aux besoins en effectifs de cette force d’intervention, le Conseil de défense sera convoqué afin d’examiner les mesures à prendre.
Enfin, quelques dispositions nouvelles viennent s’ajouter à ces deux réformes fondamentales : ainsi, le bénéfice d’une formation professionnelle sera garanti à tous les militaires servant à long terme, les « opposants au service armé » effectueront au sein du Bundesheer un service de remplacement d’une durée égale à celle du service normal.
Toutes ces modifications rendent nécessaires un changement profond des structures militaires et une réorganisation complète de la plupart des domaines de l’armée. Leur mise en vigueur exigera plusieurs années et des moyens budgétaires plus élevés que ceux existant actuellement.
C’est en particulier le financement de ces réformes qui risque de constituer la pierre d’achoppement de ce projet. En effet, les dépenses supplémentaires pour la mise sur pied de la force d’intervention atteindraient environ 700 millions de schillings (1 schilling = 0,21 F), alors que les économies résultant de la réduction à six mois de la durée du service s’élèveraient à 200 M de schillings. Il subsisterait donc un excédent de dépenses en personnel d’un demi-milliard de schillings sans compter les dépenses à engager désormais régulièrement pour les périodes d’instruction des réservistes. Un tel excédent, dans un budget maintenu à son niveau actuel, aurait évidemment des répercussions désastreuses dans le domaine des matériels.
Ce problème ainsi que celui des mesures qui devraient être prises si les effectifs de la force d’intervention n’étaient pas atteints ne manqueront pas d’être évoqués par l’opposition populiste, lors de la discussion parlementaire qui aura lieu en mai. Le gouvernement socialiste espère, toutefois, tirer profit des élections présidentielles qui auront lieu en avril pour affermir son pouvoir et faire triompher plus aisément ses vues.
Pacte de Varsovie : la réunion à Budapest des ministres de la Défense
Après la réunion des ministres des Affaires étrangères qui s’était tenue à Bucarest le 25 février 1971, une réunion des ministres de la Défense du Pacte de Varsovie a eu lieu les 2 et 3 mars à Budapest.
Le comité des ministres de la Défense, créé en mars 1969 en application de la réforme des structures du Pacte, a pour mission essentielle de traduire en décisions les options prises par le comité politique consultatif. Ce comité s’était réuni une première fois à Moscou en décembre 1969 et une deuxième fois à Sofia en mai 1970. Tous les ministres de la Défense étaient présents les 2 et 3 mars à Budapest ainsi que le maréchal Iakoubovski, commandant en chef des forces armées unifiées du Pacte, accompagné de son chef d’état-major, le général Chtemenko.
L’Étoile Rouge – Krasnaïa Zvezda en russe –, dans un communiqué publié à l’issue de la conférence a rendu compte des problèmes abordés. « La réunion a examiné la question du perfectionnement de l’infrastructure des armées du Pacte de Varsovie. Les participants à la réunion ont reconnu qu’il était rationnel de prendre les mesures indispensables au développement ultérieur des systèmes de liaison et des moyens de commandement ».
Le comité des ministres de la Défense a entendu également un exposé sur les perspectives de développement des armées et des flottes des États-membres du Pacte de Varsovie. Prenant en considération le « renforcement incessant du bloc agressif de l’Otan », les participants ont estimé qu’il était dès maintenant indispensable de renforcer les armées des États-membres et de les équiper d’armements et de matériels modernes.
En ce qui concerne la modernisation des forces du Pacte, il semble qu’elle consisterait en particulier dans l’amélioration des moyens de défense aérienne ainsi que de la transmission automatique des renseignements. Les moyens conventionnels seraient aussi modernisés mais à longue échéance en raison des disponibilités financières assez limitées des États du Pacte.
Au total, le Pacte, par ses structures et par ses activités, reste l’un des plus sûrs moyens pour maintenir l’unité des pays socialistes. C’est dans cette optique que les manœuvres des forces du Pacte en République démocratique allemande (RDA), les mouvements de troupe en Tchécoslovaquie, les exercices de PC de l’EMG (État-major général) soviétique au cours des mois de janvier et de février ont pu être rapprochés de la situation politique, incertaine, en Pologne. ♦
(1) Voir chronique maritime dans ce même numéro.
(2) Il faut noter que la distinction entre porte-avions d’attaque (CVA) et porte-avions de lutte ASM (CVS) cessera d’exister, les deux types de bâtiments étant utilisés indifféremment pour remplir l’une ou l’autre de ces missions.
(3) Ces chiffres comprennent l’ensemble des aéronefs en service dans les forces armées américaines.
(4) 23e DI ou Americal, et 3e Division du Corps des Marines.
(5) 1re Division de Cavalerie et 101e Division aéroportée (DAP).
(6) 1/5e DM, 2/25e DI, 173e BAP et 11e Brigade de CLB.
(7) La Marine US aura cédé en tout 650 petits bâtiments à la marine sud-vietnamienne.
(8) 1re Division de cavalerie (moins une brigade).
(9) 2/25e DI et 11e Brigade de CLB.
(10) Le retrait a en particulier entraîné la remise aux Thaïlandais de la base de Takhli, à 130 km au nord de Bangkok, qui servait pour des missions au-dessus du Vietnam, du Laos et du Cambodge.
(11) Les Philippines demandaient depuis 1967 la restitution de cette base pour en faire un quartier général pour leur Marine et une base de garde-côtes.
(12) Ce traité avait été conclu pour 10 ans en 1960. Il est désormais reconductible automatiquement pendant une durée indéterminée, tant qu’une des parties n’exprime pas, sous préavis d’un an, le désir d’y mettre fin.
(13) Ce transfert d’unités aériennes en Corée du Sud est destiné en partie à rassurer le gouvernement de Séoul, après la décision américaine de retirer une partie de ses troupes de ce pays.
(14) Misawa (Nord de Honshu), Yokota et Atsugi (près de Tokyo), et Itazuke (Kyushu).
(15) Ces 300 000 h se répartissent essentiellement en deux divisions mécanisées, deux divisions blindées, quatre brigades indépendantes et trois « Air Forces » équipées au total de plus d’un millier d’avions tactiques.
(16) Message du président Nixon au Conseil ministériel de l’Otan (3 décembre 1970).
(17) L’année budgétaire anglaise s’étend du 1er avril au 31 mars.
(18) Le 1er mars 1971, Sir Alec Douglas Home annonçait aux Communes l’expiration fin 1971 des traités liant Bahreïn, Qatar et les sept émirats du golfe Persique à la Grande-Bretagne. Celle-ci continue cependant à préconiser la création rapide d’une Fédération des émirats et le Gouvernement britannique demeure prêt à conclure avec celle-ci, du jour où elle serait créée, un nouveau « traité d’amitié » envisageant de lui laisser les 1 500 Trucial Scouts d’Oman sous commandement anglais, un certain nombre de conseillers militaires et techniciens, et la possibilité d’effectuer des manœuvres en commun.
(19) Auquel il faut ajouter 333 000 civils.
(20) La RAF vient d’être dotée des premiers hélicoptères Puma.