L’industrie aéronautique américaine connaît actuellement certaines difficultés dans la conception et la production des appareils militaires exportables. La Grande-Bretagne n’est pas, à cet égard, dans une situation meilleure. La crise de Rolls-Royce a révélé ses faiblesses, notamment dans un domaine où on la créditait de quelque avance. Ainsi s’élargit le créneau ouvert, sur le marché mondial, à notre propre industrie aéronautique. L’auteur souhaite qu’une aussi favorable conjoncture soit exploitée. Si, ces dernières années, d’importants investissements ont été consentis au profit des programmes civils, il ne faudrait pas compromettre les chances qui s’offrent maintenant à l’industrie aéronautique française en réduisant d’autant les crédits alloués au secteur militaire en pleine expansion.
On connaît les prises de position très nettes de l’auteur en faveur de notre force de dissuasion. À titre personnel, et tout aussi fermement, il expose ici ses vues sur l’avenir de l’industrie aéronautique militaire. Cette netteté sera appréciée de tous ceux qui s’inquiètent des lendemains d’une de nos plus importantes industries de pointe.
Dans les pays de l’Europe occidentale, certains secteurs de l’industrie aérospatiale commencent à atteindre la maturité en ce sens que les matériels qu’ils recouvrent s’avèrent comparables à ceux qu’on fabrique aux États-Unis dans des catégories voisines.
De toutes les industries américaines, celle de l’aviation et de l’espace mobilisait, récemment encore, les effectifs les plus nombreux. Ses exportations augmentaient à la fois le plus régulièrement et le plus fortement. Sur les quelque 20 millions de travailleurs du secteur industriel des États-Unis, les études, les recherches et les fabrications aéronautiques en mobilisaient près de deux millions. Chaque année plus élevé, le chiffre d’affaires avait atteint 30 milliards de dollars, soit 3,5 % du P.N.B. américain et 5 % du chiffre d’affaires des industries de transformation. En vingt ans, et mesurée par la valeur des commandes reçues, l’activité d’étude et de construction aéronautique américaine avait été multipliée par trente. Quant aux exportations aéronautiques, elles représentent, à elles seules, 44 % de l’excédent des exportations sur les importations des États-Unis.
Ce bilan est celui de l’année 1968. Depuis, l’expansion a fait place à la récession. Le chiffre d’affaires a diminué de près de 10 %, les ventes militaires ont été réduites, le marché des matériels civils s’est amenuisé de 10 % sinon plus. Les effectifs ont suivi et les licenciements ont atteint plusieurs dizaines de milliers d’employés. L’industrie aéronautique des États-Unis n’est pas seulement atteinte matériellement mais aussi moralement. En désarroi, elle s’interroge sur le bien-fondé d’une excessive rationalisation et sur le recours à des méthodes de formation du personnel et de gestion technique de moins en moins faciles à maîtriser.
Situation présente de l’industrie aéronautique américaine
Une politique du possible