Marine - France : le budget de la Marine ; mises à l'eau
Le budget de la Marine pour 1977
Le budget de la marine pour l’exercice 1977 prévoit 9 692,50 MF de crédits de paiement pour l’ensemble du Titre III (Fonctionnement) et V (Dépenses en capital) contre 7 936,90 MF en 1976. Ces crédits de paiement qui représentent les ressources dont pourra bénéficier la marine, représentent 17,5 % environ des dépenses de défense. Pour le titre III, les crédits de paiement s’élèvent à 5 127,70 MF contre 4 125,60 MF en 1976, soit une augmentation de 1 002,10 MF.
Sur l’ensemble de ces crédits, 2 816,50 MF iront aux dépenses de personnel, 2 311,13 MF aux autres dépenses. Les dépenses de personnel s’élèveront ainsi à 55 % du total du titre III. Elles tiennent compte des mesures de revalorisation de la condition militaire et des augmentations du salaire des fonctionnaires de l’État que le gouvernement prévoit d’accorder en 1977 pour compenser le renchérissement de la vie. Le chapitre Personnel permettra d’entretenir un effectif fixé budgétairement à 68 285 militaires dont 50 847 d’active et 17 438 appelés.
Parmi les crédits de paiement alloués aux autres frais de fonctionnement, il faut notamment citer :
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MF |
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1977 |
1976 |
- Frais d’alimentation |
272,1 |
240,7 |
- Entretien et activité des forces marines |
429,8 |
385,3 |
- Carburants et combustibles |
203,7 |
183,6 |
- Entretien de la flotte des munitions et des matériels divers |
1 052 |
744,7 |
- Entretien des matériels aériens |
224 |
182,2 |
En 1977, le potentiel de la flotte sera valorisé par la mise en service de l’Indomptable, notre 4e SNLE, qui sera porteur de missiles M 20 à charge thermonucléaire, de la frégate ASM De Grasse, de 3 avisos type A 69, des sous-marins d’attaque Agosta et Bévéziers et du pétrolier-ravitailleur Durance. Mais pour armer ces bâtiments, il faudra retirer du service un escorteur d’escadre, le Jauréguiberry, 3 escorteurs rapides (Le Gascon, Le Picard, L’Agenais), 4 escorteurs côtiers ainsi que 4 patrouilleurs anciens.
En ce qui concerne le titre V (Investissements), les autorisations de programme se montent seulement à 4 890 MF contre 5 160,60 MF en 1976, soit une diminution de 270,60 MF. Quant aux crédits de paiement, ils s’élèvent à 4 564,80 MF contre 3 811,30 MF l’an dernier.
Durant l’année, la Force océanique stratégique (FOST) absorbera dans le budget Marine 1 102 MF de CP (989,4 en 1976) ; les AP s’élèveront à 1 225 MF, soit une légère diminution sur celles de l’an dernier. La construction de notre 5e SNLE, Le Tonnant, sera poursuivie tandis que seront entrepris le grand carénage et l’adaptation du missile M 20 au Terrible. Les perfectionnements futurs de cette force porteront en 1977 sur la poursuite des études et du développement du missile M 4 (têtes multiples et plus grande portée) et de celles d’un SNLE d’une nouvelle génération (L’Inflexible dont la construction a été reportée après 1982) afin que notre marine puisse, comme l’a déclaré le ministre de la Défense le 8 novembre dernier à la Chambre des Députés : « disposer d’un sous-marin doté d’un réacteur plus économique et plus performant, équipé d’un système de navigation plus perfectionné, capable de se déplacer à plus grandes profondeurs et possédant un système d’armes encore plus fiable ». 1 846,50 MF de CP (1 510,2 en 1976) et 2 210,80 MF d’AP (2 149,4 en 1976) seront consacrés dans la Section commune au bénéfice de la Fost.
Les autres opérations majeures inscrites au budget de la marine concernent :
• Les études, recherches et prototypes 555 MF d’AP dont :
– Direction technique des constructions navales (DTCN) – Recherche flotte 125 MF
– DTCN – Développement flotte 255 MF
– Direction technique des constructions aéronautiques (DTCA) – Développement aéro 166 MF
• Le matériel de série de l’aéronautique navale 1 230 MF d’AP dont :
– Matériel aéro réalisé par DTCA : 860 MF
– Rechanges et équipements réalisés par DTCA : 250 MF
• Les constructions neuves de la flotte (SNLE exceptés) 1 010 MF d’AP.
Les autorisations de programme permettront :
• De poursuivre la construction :
a) des 3 corvettes type C70 ASM classe Georges Leygues à Lorient (l’année 1977 verra d’ailleurs la présentation officielle de ce dernier bâtiment) ;
b) des avisos A 69 Nos 7 à 14 à Lorient ;
c) des sous-marins La Praya et Ouessant à Cherbourg ;
d) du SNA 72 N° 1 à Cherbourg également ;
e) du ravitailleur La Meuse dont la mise en chantier à Brest avait été décidée dans le cadre du plan de soutien à l’économie de septembre 1975 mais non encore entreprise ;
f) du prototype à Lorient du chasseur de mines belgo-franco-néerlandais.
• De lancer la construction :
a) de la 4e corvette C70 ASM, qui pourrait être baptisée Jean De Vienne ;
b) du SNA 72 N° 2 à Cherbourg ;
c) de 2 bâtiments anti-mines type tripartite
d) d’un 3e pétrolier-ravitailleur (80 MF d’AP supplémentaires).
• De poursuivre la mise à jour des systèmes d’armes et la refonte de dragueurs océaniques en chasseurs de mines.
En résumé, un budget très voisin de celui de l’an dernier dont les marins n’ont pas lieu de se réjouir. Conscients que la marine occupe désormais, avec la force océanique stratégique, le premier rang dans la défense de la Patrie, il leur semble, en comparant la manne budgétaire qui lui est si parcimonieusement accordée à celle que reçoivent d’autres marines, pour le moins anormal qu’elle soit si mal lotie dans la répartition des crédits militaires.
Mises à l’eau
Comme l’avaient été ses deux prédécesseurs Bévéziers et La Praya, le sous-marin d’attaque Ouessant a été lancé sans cérémonie le 23 octobre dernier dans l’arsenal de Cherbourg. Quatrième et dernier né des bâtiments de 1 200 tonnes de la classe Agosta, il sera à son achèvement affecté, de même que ses sisterships à la flottille de sous-marins de la Méditerranée.
Le 17 décembre, ce fut le tour de la corvette Georges Leygues à être mise à l’eau – également sans cérémonie – à Brest. Elle l’avait été déjà le 6 septembre 1975 afin de permettre la sortie du pétrolier-ravitailleur Durance qui était en achèvement dans la même forme de construction. Le Georges Leygues est le prototype des corvettes ASM du type C70 du programme de constructions neuves.
Le 3e plan d’équipement militaire couvrant la période 1970-1975 prévoyait la mise en chantier de 3 bâtiments de ce type. En raison des difficultés économiques, leur construction a dû être ralentie. C’est ainsi que l’admission au service actif de cette corvette interviendra en février 1979 avec quelque 6 à 7 mois de retard sur les prévisions initiales.
Le Georges Leygues a été mis à l’eau avec une grande partie de ses superstructures, une partie de ses équipements et son appareil propulsif. Il doit en principe entreprendre ses essais officiels fin 1977. On a dû attendre pour le mettre à l’eau que les coques des deux autres corvettes Dupleix et Montcalm, en montage dans la forme, soient en état de flotter.
Le Georges Leygues présente les caractéristiques suivantes :
– Déplacement : 4 100 tpc.
– Dimensions : 139 (ht) x 129 (pp) x 14 x 5,73 (AV) m.
– Propulsion : Système CODOG comprenant 2 turbines à gaz Rolls-Royce « Olympus » x 21 000 CV pour la marche à grande vitesse ; 2 diesels SEMT-Pielstick x 5 000 CV pour la navigation économique ; 2 hélices à pales orientables et réversibles.
– Performances attendues :
(a) vitesse max. : 29,75 nœuds (sur les TG) ;
(b) vitesse économique : 18 nœuds ;
(c) distance franchissable : 9 000 nautiques à 18 nœuds.
– Puissance électrique : 3 400 kW.
– Armement :
(a) missiles : 4/MM 38 Exocet antisurface, 1 système Crotale de défense aérienne à courte portée.
(b) artillerie : 1/100 CA + 2/20 CA.
(c) ASM : 2 catapultes pour le lancement de torpilles L 5 (10 torpilles), 2 hélicoptères WG13 Lynx (avec sonar et torpilles). Par remplacement de leurs équipements, ces hélicoptères peuvent avoir une capacité antisurface.
– Électronique : Radars de veille air éloignée, de veille air basse altitude et d’artillerie. Sonars d’étrave et remorqué à basse fréquence. Système SENIT d’exploitation des informations tactiques.
– Équipage : 19 officiers, 109 officiers mariniers, 114 hommes. Conditions de vie à bord particulièrement soignées.
Rappelons que la programmation 1977-1982 (Voir notre chronique de juillet 1976) prévoit de construire 3 corvettes supplémentaires de ce type et 3 autres presque identiques mais avec une capacité prioritaire antiaérienne. Au point de vue coque et machines, ces corvettes sont semblables mais leur armement est différent. Il comprendra :
a) missiles : 1 système surface-air à moyenne portée (SM 1 d’abord, SM 2 ensuite) : 4/MM 38 antisurface.
b) artillerie : 1/100 CA à l’AV.
c) ASM : 10 torpilles L 5 (2 catapultes).
Son électronique comprendra :
– 1 radar tridimensionnel de DO et veille DRBJ 11 ;
– 1 radar de veille-air plane ;
– des radars de conduite de tir et de guidage missiles ;
– le SENIT.
Son équipage sera sensiblement celui des C70 ASM. ♦