Institutions internationales - Nouvelle étape pour l'Europe monétaire - Crises et espoirs économiques - La session de l'Assemblée générale de l'ONU
On aurait pu penser que le début de l’automne serait, sur les deux plans complémentaires de la politique et de l’histoire, dominé par les résultats de la conférence de Camp David qui, réunie à l’initiative du président Carter, a « relancé » le processus des négociations israélo-égyptiennes. On aurait pu penser que les événements d’Iran devraient être mis au premier plan, dans la mesure où ils risquaient de développer des conséquences considérables pour l’équilibre stratégique et diplomatique d’une région particulièrement importante.
On aurait encore pu penser que l’accord monétaire européen, les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Assemblée générale des Nations unies seraient enregistrés comme des moments particulièrement significatifs de l’histoire du monde qui, plus de trente ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, est en quête de sa stabilité. Tout cela est vrai. Mais il restera surtout, de ces premières semaines de l’automne, la mort de Jean-Paul Ier, qui a concerné l’ensemble des pays, et pas seulement les fidèles de l’Église romaine. Sans doute le Vatican est-il un État, mais plus encore l’Église est une de ces organisations transnationales dont le rôle est parfois déterminant pour les individus et pour les peuples. Aussi bien ne peut-on pas considérer la mort de Jean-Paul Ier comme affectant uniquement ceux qui le considéraient comme le Saint-Père. À la rencontre des traditions et des novations, à l’écoute de ce qui se pense, se dit et se fait dans le monde entier, l’Église joue un rôle considérable, bien plus important que ne le pensait Staline lorsqu’il demandait : « De combien de divisions dispose le Vatican ? ».
Nouvelle étape pour l’Europe monétaire
Le 15 septembre 1978, les gouvernements français et ouest-allemand ont adopté, à Aix-la-Chapelle, « un schéma de principe permettant d’arrêter les dispositions techniques d’un projet de zone de stabilité monétaire en Europe ». Cette périphrase barbare signifiait que Paris et Bonn s’étaient mis d’accord sur les objectifs à atteindre et sur la stratégie à mettre en œuvre au cours de la réunion des ministres des Finances de la Communauté qui, le 18 septembre, devait discuter la création d’une zone monétaire européenne. Une nouvelle fois, au-delà des appréciations différentes de certains événements, l’entente franco-allemande montrait sa solidité. C’est là une constante de l’histoire depuis 1945. Quels tempéraments politiques peuvent être plus contrastés que ceux de Robert Schuman, de Charles de Gaulle et de Valéry Giscard d’Estaing d’un côté et, de l’autre, ceux du vieux chancelier catholique et conservateur rhénan Konrad Adenauer et d’Helmut Schmidt, fils socialiste encore jeune de l’Allemagne hanséatique, que l’on disait uniquement préoccupé de maintenir son pays ouvert sur la mer et orienté vers les Anglo-Saxons ? Tous, pourtant, ont donné la priorité à l’entente franco-allemande, condition nécessaire mais non suffisante de toute construction européenne. Aujourd’hui, cette entente vise à créer la condition préalable à toute « relance » de l’Europe des « Neuf ». Les chances de succès apparaissent appréciables. Il a été souvent souligné que, faute d’une aspiration intérieure spontanée à l’unité suffisamment forte, seul un facteur extérieur peut jouer le rôle fédérateur indispensable. Au cours des années 1950, la guerre froide et la menace soviétique ont puissamment contribué à rassembler les Européens. Aujourd’hui la menace venue de l’extérieur s’est diversifiée. Elle n’est plus seulement militaire, ce qui d’ailleurs contribue à minimiser la gravité de la supériorité du Pacte de Varsovie sur les forces occidentales. Le chancelier Schmidt a attiré l’attention sur un facteur essentiel : une menace de dégénérescence pèse sur l’avenir de la Communauté car un de ses fondements indispensables a disparu : comment développer ou même simplement maintenir une communauté économique quand l’instrument élémentaire des transactions commerciales, une monnaie stable – rôle que le dollar a longtemps joué – n’existe plus, entraînant dans le néant les rapports fixes que les autres monnaies occidentales avaient avec lui et, par son intermédiaire, entre elles ? D’où l’importance de l’accord monétaire franco-allemand, devenu un accord européen à Bruxelles le 18 septembre malgré les réserves britanniques.
Il reste 67 % de l'article à lire
Plan de l'article