Armée de terre - Création d'une division MTA (Méthodes et techniques d'action) à l'état-major de l'Armée de terre (EMAT) - L'informatique au niveau des corps de troupe - Nouvelle pédagogie : bilan de l'expérimentation
Création d’une division MTA à l’Emat
Le principe de la création, au sein de l’État-major de l’Armée de terre (Emat), d’une division « Méthodes et techniques d’action » (MTA) avait été retenu dès le mois de mai 1978. Il s’agissait, en effet, d’améliorer :
– la définition et le contrôle de la mise en œuvre de la politique informatique de l’Armée de terre ;
– la conception et la réalisation des outils d’aide à la décision au niveau de l’Emat.
Après un an de recherches et d’études, cette importante réorganisation est effective depuis le 1er août 1979. Il convient tout d’abord de replacer cet événement dans l’évolution de l’environnement informatique en général, et dans celle de l’Armée de terre en particulier.
Un certain nombre de faits techniques sont à noter : la baisse des coûts et la miniaturisation des matériels, le développement des transmissions de données et de la péri-informatique, la simplicité d’usage croissante des langages. Ils permettent d’envisager une plus grande décentralisation des moyens de saisie et d’accès à l’ordinateur et d’augurer d’une pénétration croissante de l’informatique.
Cela implique cependant :
– que l’ensemble des usagers possède un minimum de culture informatique ;
– qu’en contrepartie, des équipes pluridisciplinaires, hautement qualifiées, puissent être constituées pour concevoir des systèmes d’aide à la décision cohérents et efficaces ;
– que la politique d’automatisation soit conduite au plus haut niveau et s’inscrive dans un schéma global.
L’Armée de terre a vécu à son rythme la révolution télématique mais il faut noter que, jusqu’à ce jour, informatique et recherche opérationnelle se sont développées indépendamment l’une de l’autre. Depuis 5 ans, du fait des possibilités nouvelles des matériels, on assiste à une « répartition » progressive de l’informatique de gestion. Les terminaux légers se multiplient, les systèmes spécialisés se mettent en place, les réseaux se ramifient. La recherche opérationnelle, au contraire, est mise en œuvre pour l’Armée de terre par un organisme unique. Outil de prospective et d’évaluation, elle a été orientée essentiellement vers les études d’armement. Depuis plusieurs années cependant son champ d’action s’élargit à tous les problèmes d’optimisation en matière de gestion. Cet emploi nouveau a pour conséquence une imbrication et une complémentarité croissante de l’informatique traditionnelle et de la recherche opérationnelle.
Ainsi, suivant en cela l’évolution générale, l’Armée de terre est actuellement en pleine mutation. Telle est l’origine de l’actuelle réorganisation.
Elle se traduit par le regroupement, au sein d’une division spécialisée appelée « MTA » et directement subordonnée au général major général de l’Armée de terre – les 3 autres divisions étant : opérations (Ops), Études, planification et finances (EPF), puis enfin Organisation et logistique (OL) –, de l’ensemble des organismes traitant des méthodes modernes d’aides à la décision.
Le chef de la division MTA dispose, pour remplir sa mission, de quatre cellules :
• Le Bureau organisation méthodes et automatisation (Boma), chargé de définir et de conduire la politique générale de l’Armée de terre dans les 3 domaines du traitement automatique de l’information, de la recherche opérationnelle et des méthodes d’organisation.
• La Section de recherche opérationnelle (SRO), organisme spécialisé en la matière, chargé de conseiller l’Emat ainsi que les organismes extérieurs et d’effectuer des études à leur profit en utilisant ses techniques propres.
• La Section d’études et de recherche informatique de l’Armée de terre (Seriat), véritable société de services ayant pour fonction de collaborer à des études et à des réalisations de haute technicité. Elle intervient au profit de l’ensemble de l’Armée de terre.
• La Section de réalisation informatique (SRI), destinée à animer et coordonner le développement de l’informatique au sein de l’Emat.
Le regroupement de tous ces organismes au sein d’une même division permettra d’assurer la coordination nécessaire à la maîtrise de l’évolution informatique en cours.
L’informatique au niveau des corps de troupe
L’allégement des tâches administratives des corps de troupe est un souci permanent du commandement. Le transfert de certaines d’entre elles, assuré jusque-là manuellement par les services administratifs, aux bureaux de comptabilité du service de l’intendance, est une première étape importante.
Il est apparu cependant opportun d’aller plus loin encore dans cette voie en mettant au point un système informatique qui sera destiné aux corps de troupe et aux divisions.
Compte tenu de l’ampleur et de l’impact de ce projet, il vient d’être décidé la mise en place, au mois d’octobre 1979, d’une commission de direction, présidée par le général major général de l’Armée de terre et d’un groupe d’étude chargé de l’exécution des recherches et de l’expérimentation.
La commission de direction a pour rôle de piloter ce projet en fixant le cadre général de l’étude, en prescrivant les objectifs intermédiaires et en se prononçant sur les choix qui se présenteront au fur et à mesure du déroulement des travaux.
Le groupe d’étude devra, pour sa part, après avoir procédé à une analyse administrative détaillée, concevoir l’architecture du système, suivre l’expérimentation et exploiter les enseignements.
Nouvelle pédagogie : bilan de l’expérimentation
En août 1976, le général Chef d’état-major de l’Armée de terre a décidé de mettre la pédagogie militaire à l’heure de notre temps. 3 ans plus tard, au moment où l’expérimentation s’achève, il est possible de dresser un bilan aussi bien quantitatif que qualitatif des résultats obtenus.
Actuellement, 110 régiments sont engagés dans le processus des missions globales (PMG) et toutes les armes et subdivisions d’armes sont concernées, y compris celles pour lesquelles cela semblait le plus délicat (l’artillerie, le matériel, les transmissions et l’Alat, Aviation légère de l’Armée de terre).
Par ailleurs, toutes les écoles utilisent, pour la formation de leurs élèves, cette nouvelle pédagogie, et les jeunes cadres qui, cet été, ont rejoint leurs unités sont donc mieux à même de l’appliquer.
Au plan qualitatif, le constat est plus difficile à établir. Il est cependant déjà certain que cette réforme profonde des méthodes d’instruction améliore de façon considérable l’ambiance des rapports humains au sein des unités. On peut constater corrélativement une baisse très sensible du nombre des sanctions dans les régiments qui sont complètement engagés dans cette voie.
Quelques zones d’ombre, cependant, demeurent. Il faut tout d’abord lutter contre tout esprit de système qui conduirait rapidement à la sclérose. Il convient ensuite de permettre aux unités de travailler en paix, en limitant donc au maximum les contraintes inopinées. Il faut, enfin, parvenir à établir et à entretenir les rapports étroits qui doivent exister entre cette pédagogie et l’emploi des forces, l’entraînement des forces, le style de commandement, ceci à tous les niveaux.
Le bilan, largement positif, permet à l’Armée de terre, après une phase d’expérimentation particulièrement longue et progressive, de s’engager avec confiance dans la généralisation de ce processus. ♦