Armée de terre - La loi de programmation militaire pour les années 1977-1982 et l'Armée de terre - L'amélioration du soutien direct des matériels
La Loi de programmation militaire (LPM) et l’Armée de terre
Le Gouvernement a présenté au Parlement le rapport sur l’exécution et l’actualisation de la LPM pour les années 1977-1982 conformément aux vœux du législateur qui avait souhaité, au moment de son élaboration, pouvoir faire un bilan en cours de route.
Ce rapport, articulé en trois parties, traite successivement des conditions de la défense, du bilan des trois premières années de la loi de programmation et des objectifs de la même loi pour la période 1980-1982. Il n’est retenu ici que ce qui concerne l’Armée de terre.
• Les conditions de la défense :
La recherche de la détente, la place grandissante du Tiers-Monde et les efforts menés dans la perspective de la construction européenne caractérisent aujourd’hui encore le contexte international dans lequel la France inscrit sa politique de défense. Cependant, depuis 1977, des éléments nouveaux sont apparus sur la scène internationale, en particulier la détérioration progressive, au détriment de l’Occident, du rapport des forces entre l’Ouest et l’Est et les menaces pesant sur la sécurité de nos approvisionnements. Ces nouvelles données ont été prises en compte sans pour autant modifier l’analyse initiale de 1976. Pour l’essentiel les objectifs de la politique de sécurité de la France sont demeurés les mêmes. La stratégie militaire de notre pays reste fondée sur la valeur et la crédibilité des forces nucléaires et sur la capacité des forces classiques à intervenir en Europe ou hors d’Europe.
• Le bilan de la période 1977-1979 pour l’Armée de terre :
Au cours de ces trois dernières années, l’Armée de terre a mené à bien la mise en place de ses nouvelles structures dans le cadre de sa réorganisation. Elle a déjà pu mesurer les nouvelles qualités de mobilité et de polyvalence que lui ont conférées la simplification du commandement, la suppression de l’échelon de la brigade et la disparition de la différence entre les catégories de forces.
L’Armée de terre dispose aujourd’hui de trois corps d’armée pouvant engerber huit divisions blindées et sept divisions d’infanterie dont trois divisions spécialisées : la 11e Division parachutiste, la 27e Division alpine et la 9e Division d’Infanterie de Marine.
L’aptitude opérationnelle des unités a été améliorée par l’accroissement des périodes d’entraînement hors casernements notamment avec les matériels à potentiel limité et par la mise en place dune nouvelle pédagogie.
Pour ce qui est des équipements, l’accent a été porté sur la poursuite de la constitution du parc de chars AMX-30 et sur la mobilité des nouvelles unités par la mise en service des Véhicules de l’avant blindé (VAB) et la poursuite du programme AMX-10 dont les premiers engins ont été livrés ces dernières années. L’effort consacré aux feux antichars et antipersonnels a été maintenu par les livraisons de missiles Milan et Hot et mortiers de 120 dans les divisions d’infanterie. L’entrée en service des premiers fusils Famas 5,56 débute actuellement, par contre celle du canon 155 mm AU-F1 est en retard sur les prévisions par suite de difficultés de mise au point de la munition. Cet ensemble d’engins et d’armes trouve sa raison d’être dans son aptitude à répondre aux aspects multiformes du combat moderne. L’Armée de terre tient également une place non négligeable dans la panoplie des systèmes d’armes nucléaires avec ses cinq régiments Pluton opérationnels depuis 1978, mais la priorité donnée aux fabrications principales a contrarié le rythme de la réalisation des programmes d’environnement et de soutien des forces. Dans le même temps un effort important a été consenti en faveur des personnels, notamment par la mise en place des nouveaux statuts, et un redressement incontestable a été entrepris au profit des études et des recherches.
• Les objectifs de la programmation :
Au cours de la période 1980-1982, l’Armée de terre doit répondre à deux obligations : maintenir un effort en faveur de l’armement nucléaire, réaliser la cohérence dans l’équipement des forces classiques conformément aux nécessités de notre stratégie militaire.
Pendant cette période, elle devra notamment :
– poursuivre les programmes d’équipements modernes en marquant l’effort au profit du système de commandement et de renseignement, des moyens d’appui feu classique, du char de bataille valorisé et des moyens d’aide à la mobilité ;
– valoriser les divisions d’infanterie dans les domaines des capacités feu et mobilité ;
– mettre en place les éléments de logistique opérationnelle nécessaires compte tenu des hypothèses d’emploi des forces ;
– renforcer la capacité d’action extérieure des grandes unités ;
– préparer la période post 1982 en initiant ou en poursuivant les études concernant en particulier :
— l’engin principal de combat, l’hélicoptère antichar, les moyens de défense antiaérienne à basse et à très basse altitude etc.,
— un système de surveillance de champ de bataille et d’acquisition des objectifs ;
– développer le taux d’activités des forces qui devrait être porté en 1982 à 100 jours de sortie hors garnison par an dont 55 jours sur matériels à potentiel limité ;
– améliorer le cadre de vie et de travail, notamment en vue de réaliser des conditions d’exécution du service national conformes aux exigences de notre temps ;
– renforcer l’encadrement des unités.
En conclusion, à mi-chemin de la période couverte par la Loi de programmation militaire, une appréciation positive peut être portée à son endroit. La novation qu’a constitué la prise en compte de l’ensemble des ressources affectées à l’Armée de terre – fonctionnement et investissement associés – et leur traduction en crédits de paiement, et non plus seulement en autorisations de programmes, a apporté une assurance que les budgets de ces dernières années ont confirmée. Cette nouvelle Loi a le mérite d’avoir précisé pour l’Armée de terre le type de forces et les programmes d’équipements à réaliser. Les progrès accomplis à ce jour, même s’ils n’atteignent pas le niveau prévu dans certains programmes à cause des aléas de la technique, ne peuvent que nous conforter dans cette voie amorcée en 1976.
L’amélioration du soutien direct des matériels
La réorganisation de l’Armée de terre a donné l’occasion de réviser les concepts et les procédés de soutien des forces. À propos de cette révision, et dans le cadre du schéma directeur 1975-1985 du matériel, l’état-major de l’Armée de terre et la direction centrale du matériel de l’Armée de terre ont recherché l’amélioration du soutien direct des matériels. De 1976 à 1977 une expérimentation sur cette question a été conduite au sein de la 2e Brigade mécanisée et a donné lieu à des enseignements qui ont permis d’arrêter des mesures concernant l’organisation du soutien direct, les réparations et les approvisionnements.
La grande variété des situations tactiques dans lesquelles peuvent se trouver les grandes unités plaide en faveur de l’organisation d’un soutien direct aussi souple que possible. Tout en maintenant les responsabilités respectives des corps et des unités de soutien direct (pour les uns le 2e échelon B, pour les autres le 3e échelon) trois modes d’action complémentaires ont été arrêtés :
– adapter des sections mobiles de réparation aux corps trop éloignés de leur unité de soutien direct ;
– associer les établissements régionaux du matériel au soutien direct des corps, même s’ils sont endivisionnés ;
– employer des détachements de contact pour éviter les déplacements importants de matériels complets.
Une plus grande souplesse est également introduite dans le domaine des réparations. En particulier, les corps de troupe sont autorisés à effectuer à leur initiative certaines opérations de 3e échelon dans la mesure où la surcharge qui en résulte n’est pas préjudiciable à l’exécution des opérations de 2e échelon B qui restent prioritaires. Cette mesure est actuellement limitée aux opérations qui ne nécessitent pas la mise en place d’outillages supplémentaires dans les corps. Elle sera vraisemblablement étendue lorsque la liste des outillages complémentaires, dont les ateliers 2 B pourraient être dotés, sera arrêtée en fonction des possibilités budgétaires.
Les approvisionnements constituent le domaine le plus délicat de la fonction maintien en condition. Pour mieux assurer leur maîtrise, deux mesures ont été décidées :
– autoriser les corps de troupe à s’approvisionner directement auprès des établissements régionaux du matériel lorsque cela raccourcit sensiblement les liaisons d’approvisionnements ;
– former les sous-officiers déjà titulaires de leur CT1 AEB et appelés à percevoir et à gérer les rechanges d’un corps de troupe en créant à leur intention un stage de spécialisation « Approvisionnements ».
Le soutien direct des corps de troupe doit trouver dans cette gamme de mesures les voies et les moyens d’une amélioration sensible qui sera complétée le moment venu par la mise en place du système intégré de gestion du matériel. ♦