Institutions internationales - Les déceptions de Kurt Waldheim - Concertations et difficultés occidentales - L'enlisement des pays en voie de développement
L’intervention de l’Union soviétique en Afghanistan a eu des conséquences qui ont remis en cause l’équilibre établi depuis qu’au lendemain de la crise de Cuba de l’autonome 1962 la coexistence pacifique avait succédé à la guerre froide. Depuis plusieurs mois on s’inquiétait, en Occident, devant la supériorité des forces du Pacte de Varsovie par rapport à celles de l’Otan, comme du fait que le potentiel de l’armée soviétique (offensif à 70 %) dépassait très largement les besoins défensifs de l’URSS. On s’inquiétait aussi devant des opérations qui, soit directement, soit par Cubains interposés (et encadrés par des officiers de l’armée est-allemande) visaient à la déstabilisation de l’Afrique.
En dépit de ces inquiétudes, les négociations russo-américaines sur la limitation des armements stratégiques (SALT) avaient abouti à un nouvel accord, signé le 15 juin dernier à Vienne par MM. Carter et Brejnev, dont on escomptait qu’en dépit de certaines réticences, il serait ratifié par le Sénat américain. Un changement s’était toutefois produit lorsque, durant l’automne, les dirigeants soviétiques s’étaient violemment dressés contre un renforcement de l’Otan par la mise en place de fusées Pershing II et de cruise-missiles destinés à compenser partiellement celle des SS-20 soviétiques. Toutefois, en fin d’année, il semblait que l’équilibre se trouvait menacé surtout par la révolution iranienne et par l’activité de Fidel Castro. Seuls quelques initiés pouvaient penser que l’Afghanistan deviendrait l’élément décisif de la rupture de l’équilibre. Cette opération s’est pourtant inscrite dans une longue histoire, l’Afghanistan ayant été, du début du XIXe siècle à 1921, un des enjeux de la rivalité entre la Russie et la Grande-Bretagne. Mais elle a pris une signification nouvelle. L’URSS est intervenue hors du champ géographique du Pacte de Varsovie et n’a donc pas pu invoquer la thèse de la « souveraineté limitée » par laquelle elle avait justifié son intervention en Tchécoslovaquie en 1968. Elle a aggravé la déstabilisation provoquée d’une part par l’influence qu’elle a acquise au Yemen du Sud et en Éthiopie, de l’autre par la révolution iranienne. Ce sont les champs pétrolifères et le détroit d’Ormuz qui se trouvent menacés. Les Occidentaux ne pouvaient pas ne pas réagir. Ils l’ont fait en tant qu’États. Face à une situation aussi grave, les organisations internationales sont restées impuissantes. Une nouvelle fois, il est apparu que celles-ci ne pouvaient faire œuvre positive que lorsque les Grands étaient d’accord pour leur laisser une certaine liberté d’action, mais qu’elles demeuraient privées de tout moyen effectif d’action lorsque les Grands poursuivaient des politiques antagonistes. On l’avait déjà observé lors de chaque crise grave depuis 1945. La confirmation n’en est pas moins évidente.
Les déceptions de Kurt Waldheim
Dans l’impossibilité d’entreprendre une action militaire pour délivrer les otages détenus à Téhéran, et conscients des limites de sanctions économiques, les États-Unis ne pouvaient que faire appel à l’ONU qui, aux termes de sa charte, peut décider de sanctions auxquelles les États-membres doivent s’associer (encore qu’ils peuvent les adapter à leur propre opinion sur le conflit en cause). Le 23 décembre, M. McHenry, représentant des États-Unis à l’ONU, écrivait que « l’Iran a défié toutes les décisions de la communauté internationale ». Il déclarait que « le mépris affiché par l’Iran pour les lois internationales et les règles universellement acceptées pour la conduite des relations entre les nations » devait « faire l’objet d’une action concrète et efficace du Conseil de Sécurité ».
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