Défense à travers la presse
Depuis quelques semaines les questions de sécurité donnent lieu à un foisonnement d’articles. L’affaire afghane a manifestement fait ressurgir dans le sentiment populaire la crainte d’une agression soviétique. Il y a eu aussi la réunion de travail à l’Élysée, le 7 février, sur les grandes options de notre politique militaire avec, en perspective, le débat qui doit être consacré à la défense à l’Assemblée nationale. Certains ont considéré cet examen de notre programme militaire comme une conséquence des événements d’Afghanistan : hypothèse qui ne peut se justifier car en ce domaine « on ne décide pas le nez sur l’événement », ainsi que le fait remarquer Le Matin de Paris (8 février).
Ce qui frappe d’une manière générale à la lecture de tous ces commentaires c’est la tentation qu’éprouvent souvent leurs auteurs à vouloir infléchir la doctrine de la dissuasion en fonction de données secondaires abusivement mises en relief ou en raison d’analyses s’écartant de la réalité. C’est ainsi qu’Yves Laulan, après avoir rappelé les conditions de l’intervention soviétique en Afghanistan, estime que l’heure est venue d’une révision doctrinale. Il écrit en effet dans La Croix du 1er mars :
« Pour ce qui concerne notre pays, tout ceci appelle une profonde remise en cause de la doctrine et des moyens de la défense française. Celle-ci reposait jusqu’à présent sur un certain nombre d’hypothèses qui sont désormais caduques. La première est le caractère automatique de la protection américaine : elle n’est plus évidente. La deuxième était le respect par l’Union soviétique de certaines règles. Il est clair que cela ne sera plus désormais le cas. Chacun sait bien, au fond, qu’en cas de conflit, l’arme de dissuasion nucléaire a de fortes chances de n’être jamais utilisée. En effet à quel moment appuiera-t-on sur le bouton ?… Le but à atteindre n’est nullement de donner à la France ou à l’Europe le moyen de résister seule à l’Union soviétique… Un combat conventionnel de retardement crée les conditions d’une négociation ou celles d’une dissuasion. »
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