Défense dans le monde - Les Rangers américains - Coopération militaire de la Chine avec les pays industrialisés occidentaux
Les Rangers américains
La tentative de libération des otages de Téhéran a attiré l’attention sur les composantes des forces d’intervention dont disposent les États-Unis :
– les bérets verts des Special forces ;
– les parachutistes de la 82e Airborne Division ;
– les fantassins aéromobiles de la 101e Airborne Division air assault ;
– le Marine Corps.
À cette liste il convient d’ajouter les Rangers, unité de choc dont les traditions remontent à l’époque coloniale. Ils sont les héritiers des coureurs des bois utilisés par les Anglais dès 1756 pour lutter, dans le nord-est américain, contre les Français et leurs alliés indiens. Après avoir rempli des missions de renseignement et de sûreté puis de choc, ils se préparent maintenant aux coups de main d’intérêt stratégique, comportant éventuellement une pénétration profonde en terrain difficile.
Quelles qu’elles soient, leurs tâches sont complexes. Pour les remplir ils gardent l’exemple de leurs anciens : les tireurs d’élite du colonel Morgan (guerre d’Indépendance), les éclaireurs de John Mosby (guerre de sécession), les commandos de la brigade du diable (Sicile-Anzio-Pointe du Hoc), les « Merill Marauders » (Birmanie). Leur devise est exigeante : « Rangers, ouvrez la route ». Leur entraînement est dur et efficace, car il est difficile de devenir sans effort « un soldat d’élite auquel la Nation peut demander davantage qu’aux autres ».
Les personnels qui ont franchi le cap d’une sévère sélection physique et psychologique suivent un entraînement de huit semaines. Leur stage comporte successivement un entraînement physique et sportif (Fort Benning), un séjour en montagne pour étudier les techniques d’escalade et de déplacement tactique en terrain difficile (Appalaches), une période de combat de jungle (Floride) pour étudier et pratiquer divers types d’opérations (patrouille en terrain marécageux – survie – opérations amphibies – sauts opérationnels…). Ceux qui réussissent aux différentes épreuves (moins de la moitié des stagiaires) sont réellement, en fin de stage, des combattants rustiques, endurants, audacieux ; ils peuvent fièrement porter l’insigne de leur qualification : le « Rangers tab ».
Pour l’instant les Rangers sont peu nombreux et ne constituent que deux « bataillons d’infanterie aéroportée Rangers » regroupant, en tout, un millier d’hommes. La mise sur pied d’un troisième bataillon a été envisagée, mais elle n’est pas encore réalisée. Elle ne le sera sans doute pas à court terme, car les Rangers connaissent un problème de recrutement. Leur sélection, en effet, est si stricte, leur entraînement si rigoureux et astreignant que les candidats sont peu nombreux.
Dans le contexte actuel, alors que la stratégie américaine semble s’orienter vers des interventions, sinon massives, du moins menées avec des moyens importants, les Rangers doivent garder toute leur importance. Leur entraînement et leur spécificité les rendent, en effet, capables d’accomplir des coups de main d’intérêt stratégique tout aussi bien que des opérations de diversion menées dans le cadre de la force de déploiement rapide, dont ils constituent d’ailleurs l’un des éléments les plus solides.
La coopération militaire de la Chine avec les pays industrialisés occidentaux : chronique et faits
En dépit d’une conjoncture économique difficile, la modernisation des armées chinoises demeure l’une des « quatre modernisations » ; aussi bien, au cours de ces six derniers mois, le niveau et le nombre des échanges de délégations à caractère militaire entre la République populaire de Chine (RPC) et les pays industrialisés ont été particulièrement importants : on ne compte pas moins de douze visites.
Le tableau suivant en indique les dates et précise par ailleurs les matériels recherchés dans chacun des pays.
Pays |
Dates |
Délégations |
Matériels concernés |
États-Unis |
janvier 1980 |
Visite en Chine de M. Brown, secrétaire d’État à la Défense |
Avions et hélicoptères de transport, radars, équipement électronique, ordinateurs, etc. |
mai 1980 |
Visite de M. Liu Huaqing, chef d’état-major adjoint aux États-Unis |
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mai 1980 |
Visite de M. Geng Biao, secrétaire de la Commission des affaires militaires du parti communiste chinois |
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juillet 1980 |
Visite en Chine de M. Holbrook, secrétaire d’État adjoint |
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Grande-Bretagne |
mars-avril 1980 |
Visite en Chine du secrétaire d’État à la Défense Sir Francis Pym |
Avions (Harrier…) aéronautique, avionique… |
avril 1980 |
Exposition aéronautique britannique à Shanghai |
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Italie |
juillet 1980 |
Le CHEM (Centre des hautes études militaires) italien se rend en Chine |
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juin 1980 |
Une délégation italienne se rend en Chine |
Frégates (type Lupo) matériel naval |
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juin 1980 |
Une délégation chinoise visite l’exposition navale italienne |
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Canada |
mai 1980 |
Une délégation canadienne se rend à Pékin |
Aéronautique. |
Brésil |
février 1980 |
Une délégation chinoise se rend à Brasilia |
Engins blindés |
France |
juin 1980 |
Une délégation française en Chine |
Signature contrat Hélicoptères Dauphin |
mars 1980 |
Une délégation française en Chine |
Transmissions |
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mars 1980 |
Une délégation française en Chine |
Préparation contrat Dauphin |
À la lecture de ce tableau, deux faits concernant la coopération militaire de la Chine avec les pays industrialisés apparaissent clairement :
– la prédominance des États-Unis ;
– la recherche d’une certaine diversité des sources d’approvisionnement.
Arrivés tard sur le « marché chinois », les États-Unis devraient dans l’avenir être le partenaire essentiel de la RPC : leur puissance industrielle est en effet la seule qui puisse répondre aux immenses besoins des forces armées chinoises. Enfin l’identité de vues actuelle entre Pékin et Washington dans le domaine de la politique internationale devrait favoriser une telle entreprise.
La Chine, cependant, ne peut confier à un seul pays – dont les incertitudes de la politique intérieure l’inquiètent –l’exécution d’un objectif mettant en cause son indépendance nationale. Elle est donc amenée, comme l’indique le tableau, à s’intéresser à la production d’autres pays :
– Italie (frégates) ;
– Brésil (engins blindés) ;
– Grande-Bretagne (aéronautique) ;
– France (matériel de transmission, hélicoptères Dauphin).
Cela lui permet enfin d’obtenir les meilleurs contrats en jouant de la concurrence internationale.
Les faits sont clairs, la Chine compte sur les pays industrialisés occidentaux pour moderniser ses forces armées. Il reste à savoir si elle acceptera les sacrifices inhérents à la réalisation d’une telle tâche, et que risque d’alourdir une conjoncture économique difficile. La place que la Chine estime être la sienne, en Asie et dans le monde, est pourtant à ce prix. ♦