Institutions internationales - Les nouveaux atouts de Pretoria - L'échec de Maastricht - Nouvelles difficultés pour le dialogue Nord-Sud
L’assassinat de deux diplomates turcs à Paris a rappelé l’existence d’une ethnie arménienne qui n’a pas oublié ce qu’elle a subi de la part des Turcs en 1915, et qui n’a pas renoncé à obtenir une réalité étatique. Le Pays basque espagnol n’a pas retrouvé la paix. Au Pakistan puis en Syrie trois terroristes ont, par le détournement d’un avion, obtenu ce qu’ils exigeaient. La guérilla se poursuit au Salvador. Une nouvelle fois, le terrorisme apparaît comme l’un des traits caractéristiques par lesquels s’expriment les tensions actuelles.
Dans le même temps, M. Brejnev a profité du XXVIe Congrès du Parti communiste (PC) de l’URSS pour présenter de nouvelles propositions aux États-Unis, dont la plus importante est celle d’un moratoire sur la mise en place de tout nouvel engin à moyenne portée en Europe. Selon les Soviétiques, leurs missiles SS-20 (dont 150 sont en place) ne sont que des versions modernisées des SS-4 et des SS-5 déployés depuis une vingtaine d’années, alors que les euromissiles américains sont des engins nouveaux, qui modifieraient l’équilibre instauré par les accords SALT (Traité de limitation des armes stratégiques). Entre le terrorisme et ce souci d’un nouvel équilibre des potentiels nucléaires se déroulent des conflits qui, de l’Afrique australe à l’Afghanistan, mettent en œuvre des armes « classiques ». Il n’y a guère que l’Amérique du Nord et l’Europe occidentale qui connaissent la paix (encore que les problèmes de l’Irlande, du pays basque et du terrorisme italien soient loin d’être réglés). Or l’Europe ne profite pas de ce calme relatif pour faire progresser la solution de ses problèmes. C’est là une contradiction que relèveront certainement les historiens.
Les nouveaux atouts de Pretoria
Le 2 mars 1981, l’Afrique du Sud a été expulsée, pour la troisième fois en sept ans, de l’Assemblée générale des Nations unies, réunie pour reprendre le débat sur la Namibie. Après l’échec de la conférence qui s’était tenue à Genève en janvier 1981, au cours de laquelle le secrétaire général de l’ONU, M. Valdheim, avait dû renoncer à faire proclamer un cessez-le-feu, il avait été décidé que la question de la Namibie serait à nouveau portée devant l’Assemblée. Il paraissait certain que celle-ci entérinerait les décisions précédentes concernant le retrait définitif des troupes sud-africaines de Namibie et la tenue d’élections libres sous la surveillance d’observateurs des Nations unies. Le 6 mars 1981, l’Assemblée a voté une motion réclamant des sanctions économiques contre la République sud-africaine, en raison du refus de celle-ci d’accorder l’indépendance à la Namibie. Or les Occidentaux annoncèrent qu’ils s’opposeraient à ces sanctions lorsque le problème serait posé devant le Conseil de sécurité. L’attitude du président Reagan, qui avait exprimé son intention de « négocier avec un pays ami comme l’Afrique du Sud », a sans doute contribué à renforcer cette opposition des Occidentaux et à creuser le fossé qui les oppose, à ce propos, au camp socialiste et aux pays du Tiers-Monde. Les autorités sud-africaines ne s’y sont pas trompées, qui ont aussitôt exprimé leur satisfaction : « Il est bon de savoir que le chef du monde libre reconnaît et apprécie l’importance stratégique de l’Afrique du Sud », déclara le Premier ministre. M. Pieter Botha. En fait, il semble que les Sud-Africains voudraient relancer leur offensive diplomatique, dont l’objet est d’écarter l’ONU de toute négociation namibienne. En lançant un premier raid au Mozambique et en multipliant ses opérations dans le sud de l’Angola, le gouvernement de Pretoria montre qu’il ne mise plus, au moins à court terme, sur des discussions pour résoudre les tensions en Afrique australe. Les Américains accordent la priorité aux facteurs stratégiques en raison de l’aggravation de la menace soviétique, les dirigeants sud-africains mettent en avant la valeur stratégique de leur pays, qui commande une position-clé du système de défense occidental. Cette réaction sud-africaine trouve au surplus des arguments dans la politique que les États-Unis veulent mettre en œuvre au Proche-Orient, politique reposant sur la certitude que les Soviétiques convoitent les richesses pétrolières du Levant, cette analyse étant confortée par le fait que, depuis 1980, chaque ouverture diplomatique du Kremlin est assortie d’une proposition visant à associer l’URSS à des discussions engageant l’avenir de cette région. Dans ces conditions, l’attitude des États-Unis à l’égard de l’Afrique du Sud rejoint leur stratégie dans le golfe Persique, et l’ONU ne peut jouer aucun rôle.
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