Défense en France - Les armées et l'utilisation des satellites
Durant les années 1970, deux tendances étaient en compétition au sein du ministère de la Défense à propos de l’utilisation militaire des satellites : les uns – les transmetteurs – estimaient qu’un satellite de télécommunications était indispensable aux Armées pour assurer leurs liaisons avec les bâtiments de la Marine et les forces d’action extérieure ; d’autres, conscients de la nécessité d’assurer à nos forces nucléaires une sûreté et une efficacité accrues dans leur emploi éventuel, souhaitaient que les Armées se dotent d’un satellite de reconnaissance et d’observation.
Dans l’obligation, pour des raisons financières, de faire un choix entre ces deux tendances également bien fondées, le ministre – à l’époque M. Yvon Bourges – semblait donner la priorité au satellite d’observation. C’est ainsi que des crédits étaient inscrits au budget de la Défense pour une participation à un programme civil, le Satellite probatoire d’observation de la Terre (Spot) que le Centre national d’études spatiales (Cnes) doit lancer en 1984 (1). La participation des Armées à Spot constituera un premier pas vers la satisfaction de certains de leurs besoins en même temps qu’elle fournira une expérience utile à la mise au point ultérieure d’un Satellite militaire de reconnaissance et d’observation (Samro), qui n’est encore pour l’instant qu’à l’état de projet (2), dont le coût total sera nettement plus élevé que celui d’un satellite de télécommunications.
Les projets concernant ce dernier n’étaient cependant pas abandonnés. Grâce au Centre d’électronique de l’armement (Celar), une technique de pointe d’ondes hertziennes utile à sa réalisation et connue outre-Atlantique sous le sigle SSMA (Spread spectrum multiple access) était mise au point et une station d’expérimentation baptisée Sextius était développée pour la liaison avec les satellites. Entre temps, les Armées apprenaient, vers 1978, l’existence d’un projet de satellite civil de télécommunications baptisé Telecom. Peu après, l’affaire de Kolwezi (3) venait montrer au gouvernement combien il était utile de posséder, en pareille circonstance, un système de télécommunications militaires permettant de mener une telle action en toute indépendance. Ainsi fut-il décidé dans l’urgence de profiter du satellite Telecom 1, qui doit être lancé au cours de l’été 1983, pour y faire participer les Armées : c’est l’objet du programme Syracuse (système de radiocommunications utilisant un satellite) dont la décision était prise par M. Yvon Bourges le 17 janvier 1980.
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