Institutions internationales - Europe : tension franco-britannique - Discussions sur les euromissiles - La troisième décennie du développement - La 3e Conférence sur le Droit de la Mer
Des événements intérieurs ont, au cours des dernières semaines [NDLR : 1981], éclipsé l’attention qui méritait de se porter sur l’activité de certaines institutions internationales. De l’attentat contre le président Reagan aux élections présidentielles françaises, les préoccupations se sont concentrées sur des événements qui concernaient d’abord un État, même si chacun d’eux avait des répercussions internationales.
Au lendemain de l’attentat de Washington, mais sans lien avec lui, une tentative de coup d’État à Bangkok remettait en question le fragile équilibre du sud-est asiatique, cependant qu’à Bruxelles la démission de M. Martens éclairait une nouvelle fois la gravité de la crise politique belge. À la mi-avril 1981, l’ETA (Pays basque et liberté) provoquait directement des forces armées au Pays basque espagnol, alors que le succès de la navette spatiale Columbia ouvrait une nouvelle phase dans l’exploitation de l’espace, un mois après que l’URSS ait réussi pour la première fois à faire détruire un engin spatial par un autre. Fin avril 1981, si la tension paraissait se stabiliser en Pologne, elle ne cessait de croître en Irlande du Nord, et le Liban était une nouvelle fois le théâtre d’affrontements qui mettaient en question son existence en tant qu’État, des émeutes montraient que Londres n’était plus la capitale d’un empire multiracial, les incidents de Kosovo posaient concrètement le problème de la Yougoslavie « après Tito », etc. Qu’il s’agisse des questions liées aux enracinements séculaires des hommes ou de celles qui naissent de l’affrontement des idéologies et de l’essor des techniques, on n’observe guère que conflits, et par conséquent dangers. De la volonté des Basques ou des Irlandais catholiques à la possibilité d’affrontements spatiaux, le champ des conflits ne cesse de s’élargir, et la notion de conflit prend de nouvelles dimensions, plus larges que celles que l’on pouvait esquisser en fonction de la conjonction entre le « fait nucléaire » et le « fait idéologique ».
Europe : tension franco-britannique
Le 27 mars 1981, les ministres de l’Industrie des dix pays membres de la CEE (Communauté économique européenne) ont approuvé de nouvelles règles du jeu qui devraient permettre aux intéressés de continuer à lutter ensemble contre la crise qui frappe leurs sidérurgies. Cet accord met surtout l’accent, comme le demandaient les Allemands, sur l’élimination progressive des aides publiques et sur la nécessité d’accélérer la restructuration, c’est-à-dire la réduction globale des capacités de production d’acier dans la Communauté. Mais aucune solution n’a été trouvée au problème de la pêche. Toutefois, dans la nuit du 1er avril au 2 avril 1981, les ministres de l’Agriculture se sont mis d’accord sur le niveau des prix agricoles à appliquer dans la Communauté. C’est la première fois depuis des années que l’échéance du 1er avril a été tenue. Si tous les gouvernements ont mis du leur, la solidarité franco-allemande a particulièrement joué : les engagements pris par Bonn à propos de la réduction des montants compensatoires monétaires (MCM), qui gênent beaucoup les Français, ont été scrupuleusement tenus. Les Britanniques, qui auraient pu embarrasser le ministre français, s’en sont abstenus. Dans cet accord, la nécessité de restaurer le revenu agricole, très touché en 1980 dans les pays de la CEE, l’a emporté sur celle de stabiliser les dépenses que supporte le budget européen. Mais le problème budgétaire reste entier : comment limiter les dépenses agricoles ? Quelles actions entreprendre dans la Communauté, et avec quel argent, pour que l’écart entre ce que la Grande-Bretagne verse au budget européen et ce qu’elle en reçoit diminue durablement ? La Commission, conformément au mandat qui lui a été donné en mai 1980, doit présenter des propositions en juin 1981 : c’est alors que s’engagera entre « les Dix » une négociation longue et probablement confuse, dont rien ne permet de prévoir la conclusion. Mais la perspective de voir les dépenses atteindre, en 1982, le plafond des ressources propres de la CEE (échéance qui sera hâtée ou retardée selon l’évolution des prix agricoles sur le marché mondial) exige que des solutions soient trouvées. En fait, c’est la politique agricole commune qui se trouve mise en question.
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