Institutions internationales - Les inquiétudes de l'Union de l'Europe occidentale (UEO) - Les dialogues franco-africains - Les échéances de la CEE
Aucune organisation internationale ne s’est encore prononcée sur la signification qu’il convient d’accorder aux manifestations « pacifistes » et « neutralistes » qui se sont déroulées depuis plusieurs semaines en Europe occidentale. En s’en prenant au projet de renforcement du potentiel défensif de l’Occident par l’installation, à partir de 1983, de Pershing II et de Cruise Missiles, et en faisant le silence sur les SS-20 déjà en service, les organisateurs de ces manifestations ne laissent aucun doute sur leurs sentiments. Ils reprennent le combat qu’ils ont livré contre le Plan Marshall, contre le réarmement de la RFA (République fédérale d’Allemagne), contre le projet d’armée européenne, contre les Accords de Paris, contre la participation des États-Unis à la Conférence d’Helsinki, etc.
Le « pacifisme » et le « neutralisme » sont des arguments utilisés pour masquer les intentions politiques d’une opération qui vise à saper le fondement psychologique de la volonté de défense des Européens. Le 16 novembre 1981, le gouvernement de M. van Agt a annoncé qu’il ajournait une fois de plus la décision des Pays-Bas sur l’acceptation des Cruise Missiles prévus par le programme de l’Otan de décembre 1979. Le 25 novembre 1981, par contre, le chancelier Schmidt a réaffirmé de manière catégorique que si une négociation sur les euromissiles n’apporte pas de « résultats mesurables » d’ici au milieu de 1983, les Pershing II et les Cruise Missiles seront mis en place sur le territoire de la RFA. Ces négociations doivent reprendre, sur la base de propositions américaines et soviétiques, qui ont jusqu’ici donné l’impression d’être les éléments d’un dialogue de sourds.
Les inquiétudes de l’UEO
Lors de la session annuelle de l’assemblée de l’UEO (Union de l’Europe occidentale, créée par les Accords de Paris du 23 octobre 1954, et groupant la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la RFA et le Royaume-Uni), dans un rapport sur les « dangers courus sur la paix du monde et la sécurité de l’Occident », M. Jacques Baumel a déclaré : « Les événements survenus au cours de la décennie qui vient de s’achever laissent prévoir qu’au cours de la nouvelle période qui s’ouvre avec 1981, le monde occidental aura affaire à des problèmes et à des menaces qui différeront sensiblement de ceux en face desquels il s’est organisé dans les années qui ont suivi la Seconde Guerre mondiale, et qu’il lui faudra un effort considérable pour adapter, non seulement ses moyens et ses structures, mais aussi la façon dont il envisage les problèmes touchant à sa sécurité, afin de faire face à une situation dont il n’a sans doute pas encore mesuré tous les éléments ». C’est ainsi, par exemple, que M. Miller s’est attaché à étudier un problème dont on parle peu : « La sécurité européenne et l’Atlantique Sud ». Il a voulu « évaluer la vulnérabilité des alliés en ce qui concerne les approvisionnements en minéraux en provenance d’Afrique, ainsi que les routes maritimes à travers l’Atlantique Sud par lesquelles transitent une proportion importante du pétrole destiné à l’Europe et à l’Afrique du Nord, de nombreux minéraux essentiels et d’autres approvisionnements ». Il ne pouvait le faire qu’en examinant aussi la situation dans l’océan Indien. Il s’est penché sur la vulnérabilité des alliés occidentaux aux événements pouvant survenir dans l’Afrique, au sud du Sahara et dans l’Atlantique Sud, dans deux hypothèses : d’une part l’interruption possible à la source de l’acheminement des matières premières en provenance d’Afrique (par un conflit local, par des activités de guérilla ou par l’interdiction des approvisionnements pour des raisons politiques), d’autre part le blocage possible des routes maritimes. Pour faire face à ce danger, il propose une meilleure consultation entre alliés, la recherche de solutions politiques aux problèmes du Moyen-Orient et de l’Afrique australe, la diversification des sources d’approvisionnement. Il suggère aussi une amélioration des forces navales, pour « assurer collectivement un équilibre Est-Ouest approprié » compte tenu de la nécessité « de disposer d’importantes forces anti-sous-marines de tous types et de navires de combat de surface océaniques pour maintenir ouvertes les routes maritimes au cas où celles-ci seraient menacées en dehors de la zone Otan ». Il reprend ainsi le problème de la limitation du champ géographique de l’Otan qui, depuis le mémorandum de septembre 1958 du général de Gaulle, a été l’objet de nombreuses discussions. Ce problème se posait alors dans sa logique ; il s’impose aujourd’hui dans son acuité.
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