Défense à travers la presse
Tout d’abord trois sondages concernant l’attitude des Français face à la menace. Trois sondages suscités par la vague de neutralisme qui a envahi l’Europe occidentale au cours de l’automne 1981 et qui ont été effectués entre le 3 et le 10 novembre. Le premier à être publié l’a été par Le Quotidien de Paris à la veille du 11 novembre 1981. Il révèle une réelle inquiétude de l’opinion puisque 63 % de la population estime qu’une guerre en Europe est envisageable, et dans ce cas, si le territoire national était envahi, 32 % des personnes interrogées seraient prêtes à combattre dans la clandestinité alors que 39 % d’entre elles opteraient pour l’exil.
De son côté Le Figaro a rendu public un sondage, le 23 novembre, sous ce titre significatif : « l’esprit de Munich ». On y apprend que 55 % des Français considèrent qu’existe un risque de Guerre mondiale et qu’ils sont 75 % à souhaiter la négociation au cas où l’Union soviétique menacerait directement la France. Ce qui n’empêche pas 42 % des personnes d’être favorables à un renforcement de la dissuasion nationale, 35 % la jugeant suffisante. Enfin, Le Nouvel Observateur du 21 novembre 1981 a étendu son enquête à l’ensemble de l’Europe occidentale. On y constate que 50 % des Français sont solidaires des manifestations pacifistes, alors que cette proportion est de 59 en RFA (République fédérale d’Allemagne) et de 79 aux Pays-Bas. À la question : pensez-vous que votre pays doit être neutre, la réponse est affirmative dans 58 % des cas en France, mais seulement 44 % en Allemagne de l’Ouest et 55 % aux Pays-Bas, la Grande-Bretagne se situant, dans chacun des cas en position médiane. D’où ce commentaire de notre confrère :
« Ces résultats français doivent être interprétés avec prudence, puisque des quatre pays la France est le seul à ne plus faire partie du pacte militaire de l’Otan, le seul à disposer d’une force de dissuasion indépendante, le seul dans lequel il n’est pas question d’installer des Cruise ou des Pershing. En souhaitant que la France soit neutre entre les deux super-Grands, un certain nombre de personnes optent peut-être pour le maintien du statu quo, ayant dans l’idée que la position adoptée par le général de Gaulle a déjà placé leur pays entre les deux blocs. »
Il reste 85 % de l'article à lire