Défense en France - Réflexion sur les difficultés d'une réforme du service national - La politique extérieure de la France
La réforme du service national est lancée, une réforme profonde a dit le ministre de la Défense en présentant à l’Assemblée nationale, le 13 et 14 novembre 1981, son budget pour 1982 qui comprend trente mesures en faveur des appelés (cf. notre chronique de décembre 1981), concrétisant ainsi l’amorce de cette réforme. De là à penser et à écrire qu’au terme de ce processus le service militaire serait réduit à six mois, il y a un pas que certains ont franchi un peu rapidement. Le ministre a en effet maintes fois souligné que ce qui importait le plus, à ses yeux, c’était le contenu du service, la façon dont il est vécu, ressenti, bien plus que sa durée.
Il faut d’ailleurs noter la prudence avec laquelle M. Charles Hernu s’est exprimé à l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) le 16 novembre 1981, en disant : « L’équilibre du système de défense actuel repose sur la présence sous les drapeaux du contingent d’appelés que seule permet la durée actuelle du service militaire fixée à un an ». Et, après avoir souligné qu’une réduction du temps de service affecterait principalement l’Armée de terre (1) et avoir affirmé qu’il était bien compréhensible que les jeunes gens souhaitent un allégement de la sujétion qu’il représente, M. Charles Hernu poursuivait : « En tant que ministre de la Défense, je dois dire que la durée du service militaire doit permettre avant tout d’assurer efficacement notre défense. Non pas que rien ne doive changer, mais il s’agit de fixer les priorités entre le souhaitable et le possible. Il faut donc prendre conscience que le problème de la réforme du service militaire est indissociable de celui du format de nos Armées et qu’en bonne logique on doit commencer par imaginer avec un certain détail ces nouveaux formats pour pouvoir aborder la véritable réforme du service ».
Pour autant qu’il faille encore remanier l’organisation de nos forces, c’est là de toute évidence une œuvre de longue haleine. On ne change pas du jour au lendemain les structures d’une Armée, non plus que son système de recrutement. La réorganisation entreprise par le général Lagarde en 1975 vient à peine de se terminer. Encore faut-il remarquer que les unités n’auront reçu la totalité de leurs matériels qu’en 1986-1987. C’est donc sur dix ans que devrait s’étendre une réorganisation qui s’accompagnerait d’une réduction, nécessairement progressive, du service, et c’est au mieux à l’horizon du début de la décennie 1990 qu’il faut voir le terme d’une réforme profonde, dans laquelle les structures des forces et les modalités de base du service sont indissociablement liées. Or, à cet horizon-là précisément, les courbes de la démographie le montrent, les ressources des classes d’âges fléchiront, et il est à craindre que ceux qui se plaignent aujourd’hui que nous entretenions une « Armée d’effectifs », qui leur paraît anachronique à l’ère nucléaire, ne regrettent alors l’abondance du recrutement d’aujourd’hui.
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