Marine - Flottes de combat 1982 - Campagne 1981-1982 de l'École d'application des enseignes de vaisseau - À propos du débat budgétaire - Les bâtiments écoles (BE) : Léopard, Panthère et Jaguar
Flottes de combat 1982
L’édition 1982 des Flottes de combat, réalisée par M. Jean Labayle Couhat, est parue. Cet ouvrage, que l’on trouve aussi bien sur les bureaux des États-majors que sur les rayons des amateurs de l’actualité maritime, ne faillit pas à sa réputation méritée d’ouvrage de base.
Cette quarante-deuxième édition est particulièrement riche en informations nouvelles, notamment sur les petites Marines, dont le développement actuel est un phénomène lié à l’extension des zones d’intérêts économiques en mer et à la naissance d’un nationalisme maritime qui entraîne des vocations océaniques inattendues.
L’ouvrage est précédé par une synthèse sur la situation et l’évolution des principales marines de guerre. Cette synthèse, dont on ne peut que conseiller la lecture à celui qui recherche une vision d’ensemble sur les caractéristiques des flottes en service, permet en outre d’entrevoir de nombreux domaines de réflexion, tels que ceux qui alimentent régulièrement cette chronique.
Au-delà du plaisir que l’on éprouve à feuilleter ou à analyser Flottes de combat 1982, on peut, sans grand risque d’erreur, apprécier, en observant les origines des matériels, les capacités économiques et technologiques, ainsi que les tendances politiques de la plupart des marines secondaires.
Campagne 1981-1982 de l’École d’application des enseignes de vaisseau
C’est le 30 octobre 1981 que la Jeanne-d’Arc a de nouveau quitté la rade de Brest. Le ciel était maussade. C’est une tradition. Il est souvent complice des midships qui, au poste de bande, affectent la tristesse au moment du départ et observent les frémissements des mouchoirs et foulards du remorqueur des familles qui les accompagne pendant quelques encablures, car au fond de leur cœur, c’est le soleil qui les envahit.
Le dernier pas de la formation initiale des officiers va être franchi sur ce navire, que la Marine maintient pour eux au plus haut niveau opérationnel, de façon qu’ils puissent mettre en application leur instruction toute fraîche et faire l’expérience de la vie à la mer et au mouillage avec réalisme.
Cette nouvelle campagne durera 151 jours et s’achèvera le 31 mars 1982. L’an dernier, en 1981, la campagne avait eu une dominante extrême-orientale. Cette année, les 70 jours d’escale permettront aux officiers-élèves, en dehors de leurs heures de service, de découvrir le continent américain (Québec, Nouvelle-Orléans, Bilbao, Acapulco, les Antilles, Recife). Noël, traditionnellement célébré en mer, leur ouvrira la porte de l’exotisme et de la Polynésie, et avant de retrouver la rade de Brest, un répit leur sera encore accordé à Abidjan et Casablanca.
C’est à eux, officiers de demain, que M. Lemoine, secrétaire d’État à la Défense, a rappelé l’importance stratégique de la mer « source de richesse et de conflits », et celle de la Marine dont ils portent les espoirs et qui, « pour la première fois, apparaît comme la clef de voûte de notre défense ».
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Pour la campagne 1981-1982 de l’École d’application, la Jeanne-d’Arc, commandée par le capitaine de vaisseau Merveilleux du Vignaux, est accompagnée par l’aviso-escorteur Doudart de Lagrée, dont le commandant est le capitaine de frégate Herphelin.
Les officiers-élèves sont au nombre de 164 :
– 69 Enseigne de vaisseau de 2e classe issus de l’École navale,
– 28 Enseigne de vaisseau de 2e classe issus de l’École militaire de la flotte,
– 4 Enseigne de vaisseau de 1re classe recrutés sur titre,
– 12 commissaires de la Marine,
– 6 administrateurs des Affaires maritimes,
– 6 ingénieurs de l’armement, dont une femme,
– 30 médecins de Marine, dont cinq femmes,
– 9 stagiaires étrangers.
À propos du débat budgétaire
Le débat budgétaire à l’Assemblée nationale, qui s’est achevé le samedi 14 novembre 1981, se déroulait quinze jours après un conseil de défense. Le ministre de la Défense en faisait état à la tribune de l’Assemblée, cependant que l’Élysée publiait un communiqué sur les décisions qui y avaient été prises.
Pour ce qui concerne la marine, elles sont les suivantes :
– Un septième sous-marin nucléaire de nouvelle génération sera construit, afin d’être mis en service avant le milieu de la prochaine décennie.
– Le nombre de SNLE (Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins) en patrouille sera prochainement porté à trois. Leur équipement en missiles M4 à têtes multiples sera poursuivi.
Le ministre a par ailleurs précisé que les autorisations de programme de la Fost (Force océanique stratégique) sont en accroissement de 30 %.
Elles correspondent à la poursuite de la construction du 6e SNLE L’Inflexible qui entrera dans le cycle opérationnel en 1985, équipé du missile M4.
La Fost doit également préparer la refonte M4 des autres SNLE à partir de 1987.
Léopard – Panthère – Jaguar
Ce sont les trois premières unités d’une série de huit bâtiments école (BE) commandés par la Marine nationale à deux chantiers civils : les ateliers et chantiers de la Manche et les ateliers et chantiers de la Perrière.
Ils sont à flot, et l’armement pour essais du premier aura lieu en janvier 1982.
La 4e unité, le Lynx, est sur cale à Lorient, et les quatre dernières, dont deux seront construites à Saint-Malo et deux à Lorient, navigueront dès 1983.
Lorsqu’elle sera réalisée, cette flottille de huit bâtiments, identiques et spécialisés, prendra en charge la formation maritime de toutes les écoles implantées dans la région brestoise.
L’effort consenti par la marine pour cette tâche essentielle est important. Il correspond au souci de l’État-major de dispenser une formation de qualité à ses futurs chefs de quart, et cela dès leur premier contact avec la navigation.
Ces huit navires remplaceront les deux divisions de dragueurs côtiers qui assuraient jusqu’à maintenant le rôle de bâtiments d’instruction.
Les nouveaux bâtiments école auront à accueillir simultanément dix-sept élèves pour lesquels une passerelle d’instruction est spécialement aménagée en parallèle avec la passerelle de navigation.
La principale qualité de ces bâtiments simples, robustes mais fonctionnels, est un taux de disponibilité élevé permettant deux cents jours de mer par an.
Les officiers chargés de l’instruction à la mer se réjouissent déjà de disposer d’une flottille conçue pour cette fonction et qui, l’an prochain, aura pris la relève des dragueurs qui, malgré toutes leurs qualités, ne disposaient pas des installations les mieux adaptées à la présence des élèves. ♦