Faits et dires
* C’est le 18 novembre que le président Reagan a publiquement suggéré « l’option zéro » au sujet des euromissiles. En fait, son discours contenait quatre propositions :
1) Annuler le déploiement des missiles de croisière et des Pershing II de l’Otan en échange du démantèlement des SS-20, SS-4 et SS-5 ;
2) Négocier sur les armements nucléaires intercontinentaux pour arriver à une réduction substantielle (les START, Traité de réduction des armes stratégiques, remplaceront les SALT, Traité de limitation des armes stratégiques) ;
3) Réduire au niveau le plus bas les forces conventionnelles stationnées en Europe ;
4) Convoquer une conférence pour réduire les risques d’une attaque surprise.
* La proposition faite par le président Reagan d’une renonciation simultanée des Américains et des Soviétiques à leurs euromissiles est un geste de propagande pure visant à conduire les négociations de Genève dans l’impasse.
Agence Tass,
le 18 novembre 1981
* Le 20 novembre, l’ambassade d’URSS à Washington révélait le contenu d’une lettre envoyée par Leonid Brejnev à la Maison-Blanche le 25 mai dernier : ce message proposait à Ronald Reagan des négociations en vue de résoudre pratiquement toutes les questions importantes entre les deux pays, que ce soit le ralentissement de course aux armements, l’élimination des sources les plus dangereuses de tension dans les diverses régions de monde, ou de mesures propres à restaurer la confiance et développer une coopération mutuellement profitable.
* À Bonn, le 25 novembre, le président Leonid Brejnev offrait, à titre de contre-proposition, de suspendre le déploiement d’un nombre indéterminé de nouveaux missiles SS-20 à condition que les États-Unis acceptent un moratoire sur l’installation des fusées à moyenne portée sur le théâtre européen.
* À Genève, le 28 novembre, le chef de la délégation soviétique aux pourparlers sur le désarmement en Europe, M. Youli Kvitsinski, déclarait : « Si nos interlocuteurs montrent la volonté de voir les deux parties, l’Est et l’Ouest, renoncer complètement à tous types d’armes nucléaires à moyenne portée en Europe, l’Union soviétique y concourra ».
* Dans le communiqué germano-soviétique publié le 25 novembre à l’issue de la visite à Bonn du président Brejnev, il est indiqué que des divergences existent entre les deux parties qui sont toutefois d’avis que l’établissement d’un équilibre au plus bas niveau possible dans le domaine des armes qui feront l’objet de négociations est d’une grande importance pour consolider la stabilité et la sécurité internationales. Tous les efforts doivent être entrepris pour conclure un accord à ce sujet.
* Les alliés soutiennent la détermination américaine pour aboutir à des résultats négociés.
Le conseil des représentants permanents de l’Otan,
Bruxelles, le 20 novembre 1981
* L’Alliance ne suspendra son programme d’euromissiles que dans le cas d’un accord concret.
M. Eagleburger,
secrétaire d’État adjoint américain,
le 20 novembre 1981
* La France, tout en n’étant pas partie prenante à l’accord de l’Otan de décembre 1979, estime nécessaire que s’engagent des négociations permettant d’aboutir à une réduction équilibrée de ce type d’armes, au niveau le plus bas possible. La reprise du processus SALT au début de 1982 ne peut que faciliter une telle approche.
Paris, ministère des Relations extérieures,
le 20 novembre 1981
* La proposition zéro de M. Ronald Reagan va dans le sens de ce que j’ai moi-même souhaité. Il est bien que soient démantelés les SS-20 pour que ne s’installent pas les Pershing. Ce serait un grand pas vers la paix. Ceux qui sont les plus armés doivent commencer par désarmer.
M. Charles Hernu,
à la base aérienne de Saint-Dizier
le 19 novembre 1981
* Si les SS-20 ne sont pas retirés et détruits, la volonté d’équilibre exigera de leur opposer des armes équivalentes. Le danger est de séparer, fût-ce dans la démonstration, la défense américaine et la défense de l’Europe. Que serait l’Europe de l’Ouest face au gigantesque arsenal conventionnel et nucléaire à moyenne portée de l’Est s’il n’existait pas de forces nucléaires stratégiques ?
M. Claude Cheysson,
devant l’Assemblée nationale,
le 19 novembre 1981
* Dans plusieurs déclarations faites à la presse occidentale, le président Ceausescu, de Roumanie, s’est déclaré favorable, non seulement à la non-implantation des missiles américains à moyenne portée, mais aussi au retrait et même à la destruction des missiles soviétiques déjà en place.
AFP,
le 28 novembre 1981
* Le déploiement complet des missiles américains Cruise et Pershing II en Europe occidentale ne permettra en aucun cas l’égalité avec l’Union soviétique. La supériorité soviétique dans cette catégorie d’armes nucléaires particulièrement menaçantes est de trois contre un.
M. Eugène Rostow, directeur de l’agence
pour le désarmement, Londres, le 30 novembre 1981
* La commission politique de l’Assemblée générale de l’ONU a adopté le 25 novembre une résolution qui demande à tous les États dotés d’armes nucléaires de s’abstenir de nouvelles initiatives concernant l’implantation d’armes nucléaires sur le territoire d’autres États. Parmi les pays opposés à ce document figurent la France, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la RFA (République fédérale d’Allemagne) et l’Italie. ♦