Institutions internationales - L'échec de l'ONU aux Malouines (Falkland) - Raidissement européen - Après la crise
À la veille de l’ouverture, le 7 juin 1982, de la session spéciale des Nations unies sur le désarmement, les milieux diplomatiques ne pensaient guère à ce désarmement. Un nouveau dialogue paraissait pouvoir peut-être s’engager entre MM. Reagan et Brejnev sur la limitation, voire sur la réduction des armements nucléaires, mais il ne s’agit pas là de désarmement.
Dans Le monde en danger, M. Édouard Bonnefous, président de la commission des Finances du Sénat, rappelle qu’en 1981 les dépenses mondiales d’armements ont dépassé quatre millions de dollars par minute, soit vingt fois le total de l’aide publique au Tiers-Monde. M. Bonnefous ne se limite pas à ce chiffre : « Plus inquiétante encore, écrit-il, est la part du Tiers-Monde dans cette militarisation : de 3 % en 1955, elle est passée à 9 % en 1971, à 16 % en 1980. Ce taux n’a jamais été atteint par aucun pays riche ; il dépasse d’ailleurs la croissance du PNB (Produit national brut) des États concernés (…). Cette émergence militaire du Tiers-Monde est d’autant plus lourde de menaces que le monde est soumis à des forces de déstabilisation ».
Certaines de ces forces sont apparentes, d’autres se manifestent alors que seuls les spécialistes les observaient : c’est ce qui s’est passé dans l’Atlantique sud. La guerre des Malouines n’a pas opposé des États en voie de développement (comme l’Iran et l’Irak), ou un État et l’une de ses ethnies (comme en Éthiopie). Elle n’a pas été non plus simplement une secousse provoquée par la fin de la décolonisation, puisqu’à la suite d’une décision de l’ONU de 1965, Londres et Buenos Aires discutaient du sort de cet archipel et paraissaient être arrivés à un accord. Une réaction anglaise était inéluctable à partir du moment où l’Argentine (pour des raisons liées aux Malouines elles-mêmes et pour des raisons de politique intérieure) avait recouru à la force, puis refusé de respecter la résolution du Conseil de sécurité demandant le retrait des troupes. Les historiens et les spécialistes militaires étudieront les origines et le développement de ce conflit qui a, dans le même temps, attiré l’attention sur les confins antarctiques. Dans le cadre de cette chronique, l’essentiel est l’impuissance des Nations unies.
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