Armée de terre - La réforme de Saint-Cyr
L’Armée de terre, comme les autres armées, adapte en permanence le recrutement et la formation de ses cadres à ses besoins à court et long termes. S’agissant de la formation des officiers, une nouvelle étape vient d’être franchie avec la récente réforme concernant l’École spéciale militaire de Saint-Cyr.
L’École spéciale militaire assure la première phase, avant l’École d’application, de la formation initiale de la presque totalité des futurs officiers de recrutement direct. Préparant tout à la fois « le lieutenant de demain et le colonel de l’an 2000 », cette école a pour mission de :
– « donner aux élèves des réflexes de comportement militaire (rigueur, discipline) ;
– développer chez eux les qualités morales, intellectuelles, physiques et humaines nécessaires à un officier ;
– leur faire acquérir une compétence professionnelle de base (tactique, technique, pédagogique, sportive) ;
– leur donner les bases d’une culture de défense et développer leur culture générale. »
L’actuelle réforme marque l’effort au profit de la formation générale des élèves-officiers en créant les conditions favorables pour élever le niveau des études à la hauteur de l’accès au troisième cycle de l’université.
Elle comporte deux mesures ayant pris effet, l’une et l’autre, dès septembre 1982. La première concerne la constitution d’un Conseil de perfectionnement de l’École spéciale militaire. La seconde porte la scolarité, dans cette école, de deux à trois ans et définit les nouvelles conditions d’exécution de la première année.
Le Conseil de perfectionnement de l’École spéciale militaire
Par arrêté du ministre de la Défense, un Conseil de perfectionnement de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr est constitué. Sur demande du ministre de la Défense ou du chef d’état-major de l’Armée de terre, ce Conseil donne son avis sur toutes les questions relatives notamment aux conditions d’admission à l’École, à l’organisation générale des études, aux objectifs de formation et aux programmes d’enseignement, à la liaison entre l’enseignement de l’École et la recherche militaire et à l’organisation générale de l’École.
Le Conseil de perfectionnement comprend :
– un président et des membres nommés, désignés par le ministre de la Défense sur proposition du chef d’état-major de l’Armée de terre : le général Lagarde vient d’être choisi pour le poste de président ;
– des membres de droit, à savoir, le général commandant les écoles de l’Armée de terre, le général directeur des personnels militaires de l’Armée de terre et le général directeur de l’enseignement militaire supérieur de l’armée de terre ;
– en outre, deux élèves de l’École spéciale militaire, l’un de troisième année, l’autre de deuxième année, siègent au Conseil. Ils sont désignés par le commandant de l’école.
Le général commandant les écoles de Coëtquidan assiste aux séances du conseil, mais n’a pas de voix délibérative. Ce Conseil se réunit sur convocation de son président ainsi qu’à la demande du ministre de la Défense ou du Chef d’état-major de l’Armée de terre. Le président peut faire entendre toute personne qu’il juge utile.
Mis en place en septembre 1982, le Conseil de perfectionnement dispose d’une année pour préparer le contenu de la formation générale et définir un programme d’études plaçant Saint-Cyr au rang des meilleures grandes écoles.
La prolongation de la scolarité
La scolarité à l’École spéciale militaire est portée de deux à trois ans. Elle comprend dorénavant deux périodes. La première, d’une durée d’un an, est « destinée à l’acquisition des connaissances militaires de base et à corriger les erreurs d’orientation ». La seconde, « étendue sur deux années, permet la mise en œuvre d’un enseignement général approfondi ainsi que l’entretien des connaissances militaires et leur développement dans certains domaines techniques ».
L’année scolaire 1982-1983
Les élèves admis à Saint-Cyr en 1982 suivent un peloton d’élèves-officiers durant cinq mois avant d’être affectés dans des corps de troupe, non professionnalisés, de l’Armée de terre, pour y acquérir une première expérience de commandement.
Le peloton s’effectue à Coëtquidan. Une première partie, d’une durée d’un mois, regroupe toute la promotion pour donner aux Saint-Cyriens une formation leur permettant d’aborder le peloton d’élèves-officiers de l’infanterie motorisée dans les mêmes conditions que les élèves-officiers du contingent titulaires du diplôme de préparation militaire supérieure et que les polytechniciens.
Les élèves sont admis d’office à la deuxième partie du stage dont le but est de leur faire acquérir les connaissances et la compétence nécessaires pour l’exercice du commandement d’une section de combat motorisée ou d’une section d’instruction.
À l’issue de ce peloton, les élèves-officiers sont nommés au grade d’aspirant, sous réserve d’avoir obtenu une moyenne supérieure ou égale à 12/20. Ceux qui ont une moyenne comprise entre 10/20 et 12/20 sont nommés au premier grade de sous-officier, et ceux dont la moyenne est inférieure à 10/20 sont présentés devant le Conseil d’instruction de l’École spéciale militaire en vue de la résiliation de leur contrat d’engagement.
Les Saint-Cyriens nommés aspirants sont ensuite affectés en corps de troupe jusqu’au 31 août 1983 pour y tenir les fonctions de chef de section ou de peloton.
L’emploi des Saint-Cyriens affectés en tant que sous-officiers fera l’objet de directives particulières.
Au terme de cette période en corps de troupe, les aspirants ayant satisfait au stage sont admis en deuxième année de l’École spéciale militaire. Ceux qui ont obtenu des résultats insuffisants, ainsi que les sous-officiers, sont présentés devant le Conseil d’instruction en vue de l’éventuelle résiliation de leur contrat d’engagement.
Cette réforme s’inscrit dans une perspective globale visant à améliorer le recrutement et la formation des officiers de l’an 2000, amélioration du recrutement par l’information sur le métier d’officier et, plus généralement, sur la Défense, amélioration de la formation grâce à un corps professoral de haute valeur et à une conception nouvelle de l’enseignement. ♦