Institutions internationales - L'Europe et le drame libanais - L'ONU, simple observateur - Le Sommet de Fès
La session annuelle de l’Assemblée générale des Nations unies s’est ouverte dans l’indifférence : la situation au Moyen-Orient suscitait de telles inquiétudes, devant lesquelles l’organisation internationale était restée impuissante, que les problèmes inscrits à l’ordre du jour de cette session paraissent hors des préoccupations immédiates des gouvernements.
Depuis l’entrée des troupes israéliennes au Liban, et plus encore depuis le démantèlement de l’infrastructure militaire de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) au Liban et le départ de Yasser Arafat, il semblait qu’une solution pourrait être apportée à une crise qui mettait en question le statut territorial de cette partie du monde, et qui était dominée par des considérations raciales et religieuses non réductibles à des projets rationnels. La force des Nations unies était oubliée, alors qu’elle avait répondu à ce que l’on attendait d’elle. Une « force multinationale d’interposition », composée de contingents italiens, américains et français, mise sur pied à la demande du gouvernement libanais, lui avait été adjointe, sinon juridiquement, du moins dans les faits. Sans doute repartit-elle trop vite. La seconde opération israélienne, à Beyrouth-Ouest, n’aurait peut-être pas été possible si cette force avait été présente. Les rivalités, voire les haines entre les divers groupes libanais étaient telles que l’« interposition » d’une force multinationale était indispensable pour éviter des heurts, dont les massacres de Sabra et de Chatila ont mis en lumière la profondeur. Une seconde force italo-américano-française a été envoyée au Liban, toujours à la demande du gouvernement libanais, pour permettre à celui-ci d’affronter, dans la paix, les problèmes de la reconstruction d’une unité libanaise, plus précisément de redonner un contenu humain à un État dont il ne reste que le cadre juridique. On savait ce qu’était le Liban « d’avant », nul ne sait ce que sera le Liban « de demain ».
L’Europe et le drame libanais
Le 28 juin 1982, le Conseil européen avait décidé de ne pas prendre de sanctions contre Israël à la suite de l’intervention de celui-ci au Liban. Mais les chefs d’État et de gouvernement avaient tenu à manifester leur « émotion » devant la crise libanaise et leurs inquiétudes devant le risque de combats dans Beyrouth. À ce moment-là, à la suite d’un message du président égyptien Hosni Moubarak et d’un veto américain au Conseil de sécurité, des divergences de vues étaient apparues entre les « Dix » et les États-Unis, et le Premier ministre belge, M. Wilfried Martens, avait souligné « l’opposition qui existe en la matière entre nos pays et les États-Unis à un moment où les rapports entre Washington et la Communauté se trouvent hypothéqués par d’autres graves questions ». Il faisait allusion à l’affaire du gazoduc euro-sibérien et à la crise de l’acier. L’opération israélienne ayant été déclenchée dans un but très précis – le démantèlement de l’infrastructure de l’OLP au Liban – il paraissait inutile que des positions fussent affirmées avant que ce but fût atteint. Il n’en était plus de même lors de la seconde opération, à Beyrouth-Ouest, au lendemain de l’assassinat de Bachir Gemayel (président de la République libanaise).
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