Défense à travers la presse
L’an dernier, en 1981, devant les auditeurs de l’IHEDN (Institut des hautes études de défense nationale), M. Charles Hernu (ministre de la Défense), après avoir analysé l’instabilité du monde actuel, avait prôné pour la France une défense multiforme, adaptée aux défis nouveaux et reposant sur la volonté populaire, reprenant alors les grandes lignes de l’intervention du Premier ministre sur l’indispensable cohérence de notre politique militaire. Or, cette année, les propos de M. Pierre Mauroy (voir son discours « Vers un nouveau modèle d’armée », au début de ce numéro) ont semblé infléchir cette conception globale en entrouvrant la porte au service militaire de 6 mois.
C’est du moins le sentiment qu’ont éprouvé les observateurs et ils s’en sont largement expliqués dans leurs commentaires. Le sujet est d’un intérêt majeur et c’est donc par lui que nous aborderons cette revue de la presse, en prenant soin de rappeler que rien ne sera décidé avant la mise au point de la Loi de programmation 1984-1989. C’est seulement alors qu’il sera possible de juger sur pièces. En attendant, le chef du gouvernement a alimenté la chronique et il n’est pas inutile de connaître les réactions qu’il a aussitôt suscitées. Selon Pascal Krop, du Matin (21 septembre 1982), le ministre de la Défense est d’ailleurs en possession d’un projet assez avancé sur les modalités d’une réduction du service militaire :
« Les experts du ministère de la Défense se sont en effet penchés sur les possibilités de réduire le volume global des armées françaises, en supprimant quelques gros bataillons de l’Armée de terre. On assisterait alors à une refonte complète des forces armées qui ne manquerait pas d’avoir des incidences sur le service national et sa durée. C’est précisément le cas de figure qu’a évoqué Pierre Mauroy… Rappelons que l’idée d’un volontariat spécialisé avait été proposée pour la première fois en 1977 par Pierre Messmer, l’ancien Premier ministre de Pompidou, et que cette initiative avait été à l’époque très contestée par les socialistes. Le PS (Parti socialiste) craignait que ce volontariat ne débouche à terme sur une forme d’armée de métier entraînant peu à peu la disparition de la circonscription. Seul à l’intérieur de son parti, Charles Hernu avait plaidé pour le recours à un certain volontariat. Et aujourd’hui encore le ministre de la Défense tente de concilier deux objectifs : tenir la promesse présidentielle d’une réduction du service à 6 mois sans renoncer pour autant au recours à un volontariat spécialisé. Et pour éviter de glisser vers l’armée de métier, condamnée par la gauche, Charles Hernu a deux atouts : la participation des femmes à son système de volontariat et l’obligation pour tous les appelés ayant effectué 6 mois de service de répondre à des périodes de réserve, afin de ne pas couper professionnels et volontaires du reste de la nation. »
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