The Military balance 1982-1983
Cet ouvrage, comme chaque année, fait une analyse quantitative des forces militaires dans le monde, ainsi que des forces dites « paramilitaires », gendarmeries, garde-frontières, milice, etc. Pour les deux superpuissances et les deux alliances, Otan et Pacte de Varsovie, ainsi que pour chaque grande région du globe, Moyen-Orient et Afrique du Nord. Afrique subsaharienne, Asie et Australasie, Amérique latine, il est donné des prévisions de mise en service, des diagrammes d’organisation, des relevés des principaux accords existant dans la région.
Comme d’habitude, on trouve in fine des tables permettant des comparaisons entre Union soviétique et États-Unis, donnant les principaux accords de livraisons d’armes, et enfin trois analyses, sur l’équilibre des forces classiques en Europe, les forces nucléaires de théâtre en Europe et l’équilibre stratégique entre États-Unis et Union soviétique.
La majeure partie de ce travail constitue donc d’abord un document de référence auquel peuvent se rapporter ceux qui travaillent sur les situations militaires de chaque pays, avec la prudence que l’on doit toujours garder vis-à-vis de sources de ce genre. Les parties rédigées portent des jugements ou donnent des informations plus complètes. On constate ainsi que, pour les États-Unis, le nombre des missiles de sous-marins a diminué, mais que le mégatonnage total n’a pas changé. Pour les ICBM (Missile balistique intercontinental), la modernisation des Minuteman a fait augmenter ce mégatonnage. Pour les forces classiques, l’effort semble se porter sur la flotte de surface avec un 3e porte-avions du type Nimitz, et sur la mise en place de la force de déploiement rapide, sans qu’on ait pu améliorer les transports maritimes et aériens. Pour les Soviétiques, les forces stratégiques paraissent avoir peu changé, mais l’Armée de terre a augmenté le nombre de ses divisions, la Marine celui de ses grands bâtiments (3e Kiev, 2e Kirov). Entre les deux alliances, l’analyse montre une évolution favorable à l’Est, l’occident ayant de plus perdu une grande partie de son avance technologique. Elle conclut cependant que la comparaison reste un exercice difficile, mais que la situation actuelle continue de présenter à l’agresseur éventuel des risques très importants, sans parler des risques d’une escalade nucléaire. Une guerre nucléaire limitée à l’Europe paraît d’ailleurs impossible, mais une comparaison entre les deux systèmes de forces nucléaires de théâtre fait apparaître que les Soviétiques comptent essentiellement sur des missiles. La vulnérabilité des systèmes de l’Otan continuera tant que la décision de décembre 1979 n’aura pas été complètement appliquée, c’est-à-dire à la fin de la décennie.
L’équilibre entre forces stratégiques américaine et soviétique paraît tout aussi difficile à apprécier. Le nombre de missiles n’a qu’une signification limitée. Le meilleur instrument paraît être le « mégatonnage équivalent » (EMT), mais en antiforces, la dispersion probable est un élément majeur. Il en résulte qu’il n’existe pas de méthode satisfaisante de comparaison des forces nucléaires, mais les difficultés rencontrées dans tous les domaines montrent bien que le genre d’exercice auquel se livre le « military balance » est fort difficile, surtout vis-à-vis des pays de l’Est. ♦