Revue des revues
Au lieu d’analyser des articles pris dans différentes revues, nous analyserons ce mois-ci les numéros de deux revues, entièrement consacrés aux problèmes de Défense.
• La première de ces revues, Armed Forces and Society, est publiée aux États-Unis sous la direction de Morris Janowitz. L’intérêt de son numéro d’hiver 1982, vient de ce qu’il a pour thème général les institutions de Défense et militaires de la France contemporaine, sous la direction de Michel Martin, professeur à l’Institut d’études politiques de Toulouse, dont la revue a publié une étude sur Morris Janowitz et l’école américaine. Ce numéro rassemble ainsi des articles de Français : Marc Geneste, Pierre Dabezies, François Cailleteau, Hubert Jean-Pierre Thomas et Christian Rosenzweig, Michel Martin lui-même ; et de deux Américains : Edward A. Kolodziej et David Yost. Le but avoué de ce numéro spécial est de faire connaître à ceux qui s’intéressent aux États-Unis et aux problèmes de Défense, l’état actuel des institutions militaires de la France et de sa politique de défense. En fait une première série d’articles traite des problèmes de stratégie, une deuxième touche à des problèmes de sociologie militaire.
Disons tout de suite qu’il est très dommage que la force nucléaire stratégique française soit présentée par un Américain (Kolodziej) ayant des vues très pessimistes sur la vulnérabilité non seulement des missiles SSBS (Système sol-sol balistique stratégique) et des Mirage IV mais aussi de la Force océanique stratégique, alors que, de son propre aveu, elle pourra garder en permanence à la mer trois SNLE (Sous-marin nucléaire lanceur d’engins), là où les Britanniques n’en auront qu’un seul. L’analyse des problèmes financiers est faite d’une manière très sévère, et pas toujours exacte. On peut en dire autant de l’article de Marc Geneste dont les idées sont bien connues mais sans que l’on puisse dire qu’elles représentent la doctrine française actuelle, et où il expose les avantages de « la dissuasion par la Défense », c’est-à-dire par l’action sur le champ de bataille et l’intérêt de l’arme à neutrons. Il recherche en fait un accord entre la stratégie française et celle des États-Unis par la disparition de ce qu’il appelle le mythe gaulliste du côté français et du mythe de l’escalade automatique du côté américain. Il arrive ainsi à ce qu’il appelle « la dissuasion par la défense nucléaire », qui serait à mi-chemin entre l’holocauste thermonucléaire que proposent les Français et la défaite d’une défense par moyens classiques qu’entraîne la flexible response américaine.
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