La France et la Sarre
Neuf mois se sont écoulés depuis que la France est sortie du tombeau où, cinq ans plus tôt, l’Allemagne avait cru l’ensevelir à jamais. Neuf mois que le soleil de la Victoire a dissipé les ténèbres de la défaite et de l’occupation. Cependant, la France attend toujours que justice lui soit rendue, que le danger d’une nouvelle invasion ne plane plus sur sa vie quotidienne, en un mot que sa frontière de l’est soit fixée en tenant compte de l’impérieux enseignement de l’Histoire.
Tandis qu’à Potsdam, la Russie soviétique a obtenu qu’une ligne de démarcation — qui a toutes chances de devenir une frontière — soit tracée entre l’Allemagne et la Pologne, la France, malgré de multiples et pressantes démarches diplomatiques, n’a pu obtenir qu’une solution semblable soit prise à l’ouest. Ainsi demeurent pendantes les questions vitales pour nous de la Ruhr, de la Rhénanie et de la Sarre. Ainsi continue à peser sur notre frontière un danger d’autant plus grand que la masse allemande, refoulée à l’est, éprouve une tendance naturelle à refluer vers l’ouest.
Les trois problèmes de la Ruhr, de la Rhénanie et de la Sarre nous intéressent d’ailleurs à des titres différents, et des solutions particulières à chacun d’eux peuvent intervenir. Si l’on conçoit que la Ruhr soit internationalisée et que la Rhénanie devienne un État indépendant, on voit mal que la Sarre puisse recevoir un statut qui l’écarterait de la France, à laquelle l’attachent des liens nombreux et étroits.
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