Revue des revues
• Le numéro du premier trimestre 1983 de la revue Stratégique publie, sous la signature de notre ami Jean Klein, un article sur « Les chrétiens, les armes nucléaires et la paix » qui arrive au bon moment, après les différentes manifestations de pacifisme qui ont eu lieu ces derniers mois.
Jean Klein y voit une convergence d’attitudes, voire une action concertée, dont l’impact est loin d’être négligeable sur la politique de sécurité des pays occidentaux. Il en est résulté des réactions pour ou contre ces manifestations ainsi que des prises de position d’autorités religieuses ou d’organismes confessionnels, avec des libertés d’expression évidemment variables de chaque côté du rideau de fer. La position de certains chrétiens est d’autant plus inconfortable que les désillusions sur le désarmement et l’arms control les amènent souvent à préconiser des mesures unilatérales qui sont hasardeuses et difficilement acceptables.
Jean Klein rappelle alors la tradition des Églises chrétiennes qui est de « voir la paix dominer le déroulement de l’histoire à venir », mais pas n’importe quelle paix, « la paix juste et équilibrée dans la reconnaissance sincère des droits de la personne et de l’indépendance de chaque Nation » (Paul VI). Depuis 1968, l’Église catholique a ainsi cherché à créer une coutume de célébration annuelle qui a suscité une adhésion débordant les limites du monde des croyants. La doctrine élaborée à partir du IIIe siècle a d’abord rendu hommage à la fonction sociale du soldat, même si on y trouve certaines oppositions. Avec Saint Augustin sont apparues les conditions de la licéité de la guerre, dont le seul but valable est la paix qui implique un ordre harmonieux dans la vie de la cité et une sécurité indispensable au libre épanouissement des individus et des institutions. Au Moyen-Âge, on est arrivé à la théologie de la guerre juste, mais au XVIe siècle on prend conscience de la dimension internationale du phénomène avec Francisco de Vitoria et Francisco Suarez. Ensuite, la compétence de l’État souverain étant reconnue (jus ad bellum), on se contentera de réglementer le déroulement des opérations. Maintenant, l’affrontement armé englobant la société tout entière, la guerre ne peut plus avoir la fonction régulatrice que les philosophes et les historiens lui reconnaissaient. L’Église affirme donc que « la guerre n’est plus un moyen adapté pour obtenir justice de la violation des droits » (encyclique « Pacem in terris », 11 avril 1963), mais le droit de légitime défense demeure, une fois que l’on a épuisé toutes les possibilités de règlement pacifique (constitution pastorale Gaudium et spes, concile Vatican II, 7 décembre 1965). La dissuasion est admise à condition qu’elle ne soit pas une fin en soi et que les parties négocient la réduction des armements. Enfin plus récemment, le pape a voulu mettre en évidence « l’absence totale d’une alternative à l’hypothèse de la guerre nucléaire en dehors de la réduction puis de l’élimination de toutes les armes nucléaires effectuées simultanément par toutes les parties au moyen d’accords concrets et par l’engagement de se soumettre à des contrôles efficaces » (Osservatore Romano, 29 décembre 1981, édition hebdomadaire en français).
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