Institutions internationales - L'incendie de l'Amérique centrale - Le Moyen-Orient dans l'impasse - L'Europe malade de l'agriculture
Il y a longtemps que l’on n’avait pas observé un tel silence des institutions internationales, alors que les plus importantes d’entre elles sont concernées par la multiplication des tensions et la poursuite de certains conflits. Le 30 mars 1983, le Secrétaire général de l’ONU, M. Perez de Cuellar, était à Paris : le président François Mitterrand lui rappela qu’à ses yeux le combat pour la paix passe par un nouveau type de relations entre le Nord et le Sud, ce qui accroît la responsabilité des organisations économiques spécialisées de l’ONU, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. Encore est-il indispensable que ces organisations reçoivent des impulsions, qui émanent des gouvernements.
Qu’il s’agisse du drame libanais (la guerre y fait rage depuis 1975), de la guerre irano-irakienne (depuis septembre 1980), des heurts qui ensanglantent la péninsule indochinoise, de la guérilla qui met en question l’avenir de l’Amérique centrale, etc., les institutions internationales sont absentes. Les références aux principes sur lesquelles elles sont bâties restent à l’état de vœux pieux, et tout se passe comme si les équilibres qui assuraient sinon la paix, du moins une coexistence sans guerre, étaient oubliés, voire niés. Il serait surprenant que ces conflits s’aggravent jusqu’à mettre en péril la paix du monde : la détérioration des relations américano-soviétiques ne signifie pas que les deux Grands soient prêts à utiliser un conflit régional pour engager un processus d’escalade susceptible d’aboutir à la guerre nucléaire. Mais ces conflits montrent que la solution dépend moins des institutions internationales, qui se contentent de jouer un rôle de spectateur, que des États. L’exemple le plus frappant de cette impuissance d’organisations vouées pourtant au maintien des équilibres régionaux et de la paix est le Liban : l’ONU a pratiquement abdiqué.
L’incendie de l’Amérique centrale
Bien avant l’expansion du « communisme créole » par Fidel Castro, l’Amérique centrale était une zone de perturbations, et le canal de Panama, que les États-Unis considèrent comme indispensable à leur sécurité, était l’objet de convoitises, soit en raison des réactions nationalistes des populations, soit pour ce qu’il représente sur l’échiquier mondial. Avec l’extension de la rivalité Est-Ouest à toutes les parties du monde, ces tensions se sont aggravées, et le « communisme créole » n’étant plus condamné par Moscou pour ses fondements non orthodoxes, tout ce qui se passe en Amérique centrale devient un élément du jeu Est-Ouest. Le ministre soviétique de la Défense, le maréchal Dimitri Oustinov, ayant déclaré que, si les États-Unis réalisaient leur projet d’installation des euromissiles, l’URSS déploierait des engins balistiques à proximité des côtes américaines, M. Vadim Zagladine, du département international du PC (Parti communiste), a déclaré le 7 avril 1983 que l’URSS n’installera pas de missiles à Cuba. En 1962, elle y en avait installé, mais elle n’avait pas alors les moyens de développer son action. Aujourd’hui, la diversification de ses arsenaux lui permet de ne pas avoir à choisir entre une guerre et le renoncement. La déclaration de M. Zagladine a été ainsi considérée, à la fois, comme l’expression d’un souci de modération et comme celle du rappel des possibilités de l’URSS. Au-delà de la guérilla qui affecte plusieurs pays, se pose le problème du Mexique, la « quatrième frontière » des États-Unis selon le président Ronald Reagan.
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