Faits et dires
* Nous récusons tout choix entre une troisième guerre mondiale et une sorte de Yalta pétrifié, entre le triomphe d’un système sur l’autre et un maintien sourcilleux du statu quo. Nous devons absolument répondre au totalitarisme, mais sans sombrer dans la complaisance ni en nous fondant seulement sur la force, nécessaire pour dissuader, mais impuissante à résoudre.
Président François Mitterrand,
1er mai 1983 à US News and World Report
* Le général Bernard W. Rogers a fait référence aux nouvelles possibilités techniques et on a même parlé d’une doctrine Rogers. Le gouvernement français, quant à lui, n’en tire aucune modification de sa stratégie de défense qui repose sur la dissuasion nucléaire du faible au fort. La défense de la France et de ses intérêts vitaux est un objectif permanent et il y a le plus large consentement pour faire reposer sur cette dissuasion la sécurité de notre Nation.
M. Charles Hernu, 27 avril 1983
au colloque « Science et Défense »
* La recherche de défense est un facteur important de la crédibilité de notre défense parce qu’il est évident que s’il advenait que la France perde pied dans un domaine quelconque sa vulnérabilité s’accroîtrait.
M. Charles Hernu, Ibidem
* La défense reste prioritaire car c’est en période de crise économique que l’effort doit être maintenu… S’il est vrai que la priorité des priorités reste au nucléaire, nous ne sacrifions pas pour autant les forces classiques… La réorganisation de l’Armée de terre doit s’ordonner autour de trois maîtres mots : polyvalence, mobilité, puissance de feu… Je n’ai jamais dit qu’il n’y aurait pas de réduction du service national. Je dis simplement qu’une décision doit se prendre à la lumière d’un certain nombre d’expérimentations et de critères… La part des crédits d’équipement consacrée aux recherches fondamentales, ce que nous appelons les études en amont, atteignait 5,8 % des autorisations de programme en 1983. Cette part croîtra légèrement d’ici à 1988, permettant ainsi à la défense de jouer un rôle moteur dans certaines filières industrielles.
M. Charles Hernu, au Monde,
le 22 avril 1983
* L’Union soviétique attaquera directement le territoire américain si elle est attaquée par des missiles américains stationnés en Europe… En fait, les États-Unis offrent leurs alliés de l’Otan en cible à une réplique nucléaire faisant d’eux les otages de la stratégie nucléaire. Ceci devrait être toujours présent à l’esprit des gouvernants des pays occidentaux.
Maréchal Oustinov, ministre soviétique
de la Défense, le 6 avril 1983
* En Europe, le problème des armes nucléaires doit être réglé de manière à exclure le déploiement de nouveaux missiles américains de portée intermédiaire. Il faut assurer le maintien de l’équilibre militaire et stratégique à des niveaux de plus en plus bas.
Communiqué final du Pacte de Varsovie,
le 7 avril 1983
* L’URSS a besoin d’un système de défense pouvant atteindre les États-Unis en trois ou cinq minutes, puisque de nouveaux missiles américains pourraient toucher la Hongrie en trois minutes et l’URSS en cinq minutes. Cet objectif pourrait être atteint par des moyens techniques et non pas à partir de Cuba qui a signé un engagement avec les États-Unis.
Vadim Zagladine à la TV hongroise,
le 7 avril 1983
* « Le déficit de la paix : la promesse de Dieu et notre réponse ». Ainsi s’intitule la lettre pastorale de l’épiscopat américain diffusée le 3 mai 1983 à Chicago. « À travers les ressources de la raison et de la foi, nous désirons rendre espoir aux hommes et leur indiquer la direction d’un monde affranchi de la menace nucléaire ». Ce document juge « immoral » le recours à l’arme nucléaire : « faire la guerre totale est la mise en cause d’un grand nombre de vies innocentes. La réponse juste à une agression ne peut se faire sans discrimination : elle doit être dirigée contre l’injuste agresseur, non contre des populations innocentes entraînées dans le conflit contre leur gré ». La lettre pastorale, qui a connu trois versions successives, la dernière ayant été fortement amendée, demande la négociation « d’accords immédiats, bilatéraux et vérifiables afin d’arrêter les essais, la production et le déploiement de nouveaux systèmes d’armes nucléaires ».
* L’URSS est disposée à prendre en compte dans ses négociations avec les États-Unis, non pas le nombre des vecteurs à moyenne portée dont chaque camp est doté, mais le nombre des ogives nucléaires pouvant être transportées.
Youri Andropov, le 3 mai 1983
* L’Inde a placé, le 17 avril 1983, un satellite météorologique sur orbite grâce à une fusée SLV-3. Ce succès permet à l’Inde d’envisager la construction de missiles IRBM (Intermediate Range Ballistic Missile) d’une portée de 5 000 km : un aspect que la presse a tenu à souligner.